Page 65 - Recueil Pro Patria 1 à 150

40° PROMOTION
5 MAI 1970 - 25 OCTOBRE 1970
- Adjudant-Chef Yves GUELLEC -

A évoquer la carrière de l'Adjudant-Chef Yves Guellec, c'est toute l'épopée de la France
Libre et en particulier du 1 Régiment de Marche des Spahis Marocains que l'on revit de 1940
er
jusqu'à la Libération. Attiré par la carrière militaire, Yves Guellec s'engage à 19 ans. En 1957,
er
il est affecté au 1 Régiment de Spahis Marocains qui fait partie des troupes spéciales du
Levant, en Syrie.
Juin 1940, la France a cessé le combat. Mais l'appel de Londres a été entendu jusqu'en
er
Syrie. Le 30 Juin, le 1 Escadron, où sert le Maréchal des Logis Guellec choisit de continuer le
combat et de rejoindre l'Afrique du Nord. Autour de ces 120 hommes à cheval, se formera le 1
er
Régiment de Spahis Marocains, qui deviendra le Régiment de Reconnaissance de la 2
ème
Division Blindée.
A travers l'Erythrée et la Libye, la colonne du 1 Spahis gagne la Tunisie, participant
er
aux combats menés par les troupes britanniques. Lors d'une charge à cheval de l'Escadron,
l'une des dernières de la cavalerie française, Guellec est blessé pour la première fois. En Mars
1943, l'Escadron fait jonction avec la colonne Leclerc venue du Tchad. Lors des premiers
combats pour la libération de la Tunisie, Guellec qui vient d'être nommé Adjudant, est blessé
pour la deuxième fois. "Exemple de courage et de modestie " dit sa citation. Puis, c'est le Maroc
où le Régiment se reforme, assure sa cohésion, reçoit son matériel, s'instruit.
En Juin 1944, la Division rejoint l'Angleterre. Elle se prépare au débarquement. Et le 8
Août, la Division est lâchée, plein large, sur les routes de France. Guellec prend le
commandement du peloton porté de son Escadron. A la tête de ses spahis marocains, si
sensibles aux qualité militaires, il .va se révéler un prestigieux chef de peloton. Il est parmi les
premiers à entrer dans Paris.
Au fur et à mesure de sa progression vers l’Est, la Division se heurte à une résistance
acharnée de l'ennemi. Le peloton Guellec est de toutes les missions de reconnaissance, avec
l'Escadron de tête. Dans les villages lorrains, il débarque, se déploie, et appuyé par les chars, il
tourne et détruit les points de résistance. Ces combats sont très meurtriers. Guellec reste le
seul chef de peloton du 6 ème Escadron.
Le 19 Novembre, au pied des Vosges, l'entrée du petit village de La Frimbolle est barrée
par une barricade. Elle est enlevée. La progression reprend. Peu après la sortie du village, une
autre barricade, battue par des feux d'Infanterie venant d'une crête boisée qui la surplombe à
droite. Le peloton Guellec est immédiatement envoyé avec mission d'atteindre la crête et de
faire tomber la barricade, en débordant les défenseurs. Le couvert est très dense, la liaison
entre les groupes est difficile. La fusillade éclate. Guellec place ses mitrailleuses en surplomb
sur la droite, et déploie ses groupes pour aborder de front les défenses. Dès le début de
l'assaut, l'Adjudant-Chef Guellec est tué, puis successivement tous les gradés sont mis hors de
combat. Le peloton s'est heurté à une position tenue par 140 soldats d'élite allemands. Restés
sans chefs, les spahis du peloton ne trahissent pas la mémoire de Guellec : ils stoppent leur
progression, se postent et contiennent l'ennemi. Deux compagnies et des chars venus en
renfort mettront plusieurs heures à annihiler la résistance. Pour ce combat, l'Escadron sera
cité à l'ordre de l'Armée.
x
En ralliant la 2 ème Division Blindée, l'Adjudant-Chef Guellec avait fait sien le serment
de faire flotter le drapeau de Koufra sur Strasbourg.
Il s'est battu plus de trois ans avec cet idéal au cœur, et il n'a pu voir son rêve réalisé.
Mais il a tenu parole. Trois jours plus tard en effet, la 2° D.B entrait à Strasbourg.
Elèves Sous-Officiers de la 40°promotion, soyez dignes d'avoir été choisis pour garder
la mémoire de l'Adjudant-Chef Guellec.