Page 63 - Recueil Pro Patria 1 à 150
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certes  pas  que  quelques  années  plus  tard,  il  sera  de  ceux  pour  qui  une  stèle  sera
            érigée.

            Septembre  1955,  Marseille,  c'est  l'embarquement  sur  le  « Pasteur »,  le  lendemain
            matin, c'est Alger « la blanche » qui s'étale devant ses yeux. Après une courte période
            d'adaptation dans la région de Rovigo, c'est le départ pour la Grande Kabylie. La vie
            exaltante  commence,  la  guerre  certes,  avec  ses  patrouilles,  ses  embuscades,  la
            construction du poste, mais aussi le contact avec la population sur le petit marché de
            Timezerit.
            Les  atrocités  des  rebelles  commencent,  ce  sont  les  morts,  les  incendies,  etc.  Le  6
            décembre 1955, c'est l'Ingénieur des Eaux et Forêts blessé par les rebelles qu'il faut
            évacuer.  Le  Sergent  Laborde  en  est  chargé  avec  ses  hommes.  Au  retour  c'est
            l'embuscade.  Bien  que  blessé  dès  les  premières  rafales,  il  entraîne  son  groupe  à
            l'assaut, les rebelles s'enfuient.
            « A  limité  les  pertes  de  son  groupe  au  maximum,  grâce  à  des  réflexes  sûrs  et  des
            dispositions judicieuses. N'a pas hésité à récupérer sous le feu de l'ennemi, l'arme de
            l'un de ses hommes blessé », dira sa première citation.
            Deux de ses hommes ont été tués et quatre blessés.

            Pour Laborde, malgré sa blessure, il reste à son poste, continuant avec plus de hargne
            et  d'ardeur,  à  rechercher  un  ennemi  insaisissable.  Mais  il  faut  vivre  aussi.  Le  30
            décembre  1955  dans  la  matinée,  profitant  d'une  opération  dans  la  région  du  sous-
            secteur  6,  un  convoi  de  ravitaillement  escorté  par  une  section,  est  organisé  sur  les
            Issers, à 15 km du poste. Au début de l'après-midi, c'est le retour. Le Sergent Laborde
            avec son groupe de combat dans un Dodge 6 x 6 ,  prend le commandement de l'élément
            de tête. Pour mieux dominer le paysage et être prêt à riposter rapidement, il s'installe
            à la mitrailleuse de 30 montée sur un affût tourelle. Au moment de franchir le ravin
            de l'Oued Boujalou, c'est l'embuscade.

            Dès  les  premières  rafales,  Laborde  est  touché  mortellement,  ainsi  que  deux  de  ses
            hommes.
            Avec  ce  sang  qui  coule  lentement  sur  cette  piste  de  Grande  Kabylie,  une  carrière
            militaire s'achève, trop brève certes, mais combien riche de sacrifices, de dévouement.

            Un jeune Sous-Officier d'Active vient encore de prouver que la devise de notre vieille
            maison « Le travail pour loi, l'honneur comme guide » est toujours présente.




            Récit établi par un ancien du 159° B.I.A.
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