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36° PROMOTION
                                         3 SEPTEMBRE 1969 - 23 FEVRIER 1970

                                         -  Adjudant Raymond SODOYER  -

                    7  Décembre  1957.  Quelque  part  dans  les  monts  de  Kabylie,  en  Algérie.  La  Première
            Compagnie recherche les rebelles depuis quelques jours.
                    Aujourd'hui,  un  renseignement  apprend  que  les  hors,  la  loi  sont  retranchés  dans.une
            maison  de  berger  isolée.  L'Adjudant  SODOYER  chef  de  la  4 ème   Section,  reçoit  la  mission  de  les
            capturer  vivants.  C'est  une  mission  délicate  et  particulièrement  dangereuse.  Il  faut  un  homme
            seul, un combattant d'élite.
                    Sodoyer place ses groupes sur les itinéraires de fuite, autour de la maison, et s'en approche
            seul. Il escalade un mur, parvient sur le toit, enlève quelques tuiles, surprend et met en joue les
            deux hommes qui se trouvent en bas. Ils font mine de se rendre et se dirigent vers la  porte, quand
            l'un d'eux fait volte face et tire. L'Adjudant tombe, foudroyé. Le Premier Régiment de Chasseurs
            Parachutistes  vient  de  perdre  le  meilleur  de  ses  Sous-Officiers,  combattant  d'élite,  chef
            incomparable. Jugez-en:
                    Engagé à 16 ans, en 1945, il demande à .servir -au Premier Bataillon de Parachutistes de
            Choc et rejoint le Tonkin en 1947. Voltigeur puis -tireur au F.M, il se distingue dès les premiers
            combats. .A deux reprises, son convoi tombe en embuscade. Il charge les rebelles à la grenade et
            permet chaque fois de dégager le convoi. Ailleurs, sa section est accrochée. Avec son F.M., il tourne
            l’ennemi, surgit derrière lui, met six rebelles hors de combat. Ailleurs encore, lors d'un assaut avec
            toute sa -section, il parvient le premier sur l'objectif, lui le tireur F.M, et son tir fait des ravages.
            Courageux,  manœuvrier,  entraîneur  d'homme  il  est  Caporal  et  commande  déjà  un  groupe.  Une
            Section rebelle cloue son unité au sol; il franchit un canal à la nage, porte son groupe sur le flanc
            de l’nnemi et l'oblige à un repli désordonné.
                    Avec  sa  cinquième  citation,  il  reçoit  la  Médaille  Militaire.  Deux  fois  blessé,  il  refuse  les
            convalescences, et obtient de participer à toutes les opérations. Chaque combat lui est une occasion
            de montrer son sens de la manœuvre et ses qualités de chef, qui ont fait du groupe Sodoyer un
            modèle d'efficacité. Par exemple, le jour où il décèle un groupe Viet-Minh retranché; combinant le
            feu du F.M et des grenades à fusil, le débordement et l'assaut, il anéantit ce groupe ennemi et en
            récupère tout l'armement.

                    Après la bataille de Dien Bien Phu, où il est blessé pour la troisième fois, il rejoint l'Algérie
            avec 9 citations , et surtout la réputation d'un guerrier hors de pair et d'un jeune Sergent dont la
            conduite et l'esprit militaire sont un modèle pour les Sous-Officiers de son unité. Car c'est bien cet
            ensemble de qualités qui font décerner à  Sodoyer la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur
            pour "Services Exceptionnels"
                    Tant d'honneurs ne lui tournent pas la tête. Il reste simple, sérieux, travailleur. Il passe
            son Brevet de Chef de Section et ne s'en contente pas. Lors des pauses, en opération comme en
            Base arrière, Sodoyer sort de sa poche un livre et il s'instruit. Nommé Sergent-Chef, il commande
            une Section. Ses hommes le suivraient n'importe où. Il sait leur parler, les préparer moralement
            avant  une  opération.  Jamais  il  ne  risquera  leur  vie  inconsidérément.  Sa  Section  ne  se  laissera
            jamais  surprendre.  Et  c'est  en  cherchant  à  épargner  la  vie  de  ses  hommes  et  pour  assurer
            l’accomplissement de la mission reçue, qu'il est parti seul vers  cette maison de berger. Il ne s'est
            pas fait repérer, les deux hommes ont été pris. De loin la Section admire, mais ne s'étonne pas. A
            Sodoyer, rien d'impossible. On va désarmer les prisonniers. Soudain, un coup de feu. Touché en
            plein cœur l'Adjudant Sodoyer tombe du toit.

                    Tout le Régiment  porte son deuil.
                    Vous avez de la chance, vous, les Elèves Sous-Officiers de la 36° promotion. Vous cherchiez
            un idéal : voici un homme, un soldat, un chef, l'Adjudant Raymond Sodoyer. Suivez-le.
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