Page 43 - Recueil Pro Patria 1 à 150
P. 43
26° PROMOTION
5 JANVIER 1968 - 26 JUIN 1968
- VILLERS- COTTERETS -
Il y a juste cinquante ans, la Grande Guerre entrait dans sa phase décisive. Juin 1918 la guerre
de mouvement commence, les combattants sortent des tranchées.
Les Allemands pressés d'en finir, préparent une offensive en Champagne et une autre dans les
Flandres. Les Français le savent, ils l'ont appris de prisonniers allemands exténués. Une attaque aura
lieu près de Reims et de Château-Thierry le 12 ou le 13 Juillet. Des reconnaissances d'aviation le
confirment. Les tirs de harcèlement de notre artillerie font sauter des dépôts de munitions, indice
certain que l'adversaire se prépare. Puisque le Général Ludendorff a choisi d'attaquer en Champagne,
en face, le Général Foch y amène ses réserves. Les Armées Gouraud et Berthelot s'opposeront à
l'attaque, les Armées Fayolle passeront le moment venu, à la contre-offensive.
Les Généraux Foch et Pétain viennent de mettre au point un nouveau système défensif sur
grande profondeur. La première ligne sera presque complètement évacuée pour tromper l'adversaire,
afin de lui faire dépenser son effort sur des tranchées à peine gardées. La véritable défense se situera à
6 km en moyenne en arrière des premières lignes. Le combat ne sera accepté que devant cette ligne
fortifiée, lorsque les formations d'attaque allemandes seront désorganisées et que leur artillerie sera en
train de changer de position.
L'attaque allemande se précise. Le 14 Juillet, sur un coup de main audacieux le Lieutenant
Balestier, le Sergent Lejeune, les Caporaux Hoquet et Gourmelon capturent des prisonniers. Ceux-ci
indiquent que l'attaque aura lieu de part et d'autre de Reims et devant Château-Thierry, le 15 Juillet à
4 h 30. Le renseignement étant confirmé, le Général Foch fait effectuer des tirs de contre-batterie à
23 h 30. Les Allemands commencent leurs tirs de préparation une demi-heure plus tard.
Les lueurs et le bruit de cet extraordinaire " ouragan de feu " sont perçus de Paris. Mais les obus
allemands tombent sur des tranchées vides. A 4 h 40, les Allemands s'élancent sur tout le front où ils
étaient attendus. Ils ne rencontrent pas de résistance sérieuse. C'est le coup d'épée dans le vide. Quand
ils veulent continuer à progresser, sans préparation et sans efforts coordonnés, ils rencontrent la
résistance résolue des fantassins, chasseurs et coloniaux des Armées Gouraud et Berthelot. Plus à
l'Ouest, ils franchissent aisément la Marne, mais en terrain difficile ils se heurtent à la résistance âpre
des Français et des Américains.
Dès le 16 Juillet, le Haut Commandement allemand s'aperçoit que son offensive a échoué. Pour
passer à l'attaque dans les Flandres Ludendorff prélève sur la Marne une partie de l'artillerie et toute
l’aviation allemande et les dirige sur Lille. Confiant, il rejoint le P.C du Kronprinz pour préparer
l'attaque dans les Flandres. C'est là qu'il va apprendre la contre-offensive de Villers-Cotterêts,
précisément sur le front qu'il vient de dégarnir.
L'initiative revient aux alliés. Le plan Foch a été gardé secret à l'Etat-Major.
Dans la nuit du 17 au 18 Juillet, le Haut Commandement français a massé entre l'Aisne et la
Marne, dans les 13.000 hectares de la forêt de Villers-Cotterêts sur le flanc de l'adversaire, 24 Divisions
et 800 Batteries. La discrétion est totale.
Des tirs de harcèlement ont couvert les bruits de la mise en place et un violent orage a éclaté au
milieu de la nuit.
Pour la première fois, un nombre impressionnant de chars va participer à la bataille aux côtés
de l'Infanterie.
Les premiers chars légers étudiés par Louis Renault en 1916 et construits à Boulogne-
Billancourt, au Creusot, chez Berliet et Chez Delaunay-Belle ville, sont venus rejoindre les chars lourds
Schneider et Saint-Chamond. En forêt de Villers-Cotterêts, ils sont sur la ligne d'attaque à des
centaines d'exemplaires.
Le 18 Juillet à l'aube, subitement une immense armée sort de la brume et de la végétation.
Nulle préparation d'artillerie n'a averti les Allemands. Nos pièces ne tirent que lorsque chars et troupes
à pied arrivent à hauteur des lignes ennemies très proches des lisières de la forêt. Avec leur canon de
37, les chars légers de 6 tonnes et demie détruisent les réseaux et les mitrailleuses allemandes. La
bataille fait rage, l'adversaire se défend farouchement; 50% des chars français sont détruits, mais rien