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L a mise sur pied
du BF/ONU
L’envoi du La Grandière ne satisfait cependant pas le secrétaire général des Nations unies qui souhaite que la France, membre permanent du Conseil de sécurité, s’investisse davantage aux côtés de la coalition
en envoyant des troupes au sol. Face à son insistance et pour honorer son statut de grande puissance retrouvée, le gouvernement français ne semble avoir d’autre choix que d’accéder à cette requête. Toutefois,
afin de ne pas ponctionner l’armée française en cadres d’active, dont la présence est indispensable en Indochine et sur le théâtre européen, l’état-major décide la constitution d’une unité composée presque
exclusivement de volontaires, dont de nombreux réservistes, vétérans des campagnes de la Seconde Guerre mondiale ou d’Indochine. Le 25 août 1950, deux mois après le déclenchement de la guerre, le
« 1 Bataillon français de l’ONU » voit officiellement le jour. Les volontaires se présentent, à partir du 1 septembre 1950, au Centre régional d’instruction et d’organisation du train (CRIOT) n° 3, situé à une
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douzaine de kilomètres à l’Est du Mans.
Pendant plus deux mois, le camp d’Auvours accueille plusieurs milliers de candidats. Après une sévère sélection, mille volontaires sont retenus qui viennent de tous les horizons de la société française. Comme
l’écrit quelques années plus tard le chef de bataillon Le Mire dans son ouvrage L’assaut de Crèvecœur : « on trouve des grands, des gros, des petits, des maigres nerveux ; mais ce que nous recherchons ce n’est ni
la taille ni le poids ; puisque le docteur les trouve bons, c’est qu’ils le sont. Non, c’est l’allure et le regard qui nous intéressent d’abord. Nous voulons des hommes qui tiendront moralement. Puisque ce bataillon à la
chance d’être formé de volontaires, profitons-en pour jauger aussi les caractères. Un combattant c’est d’abord un caractère […]. Naturellement ajoute-t-il, il se présente, comme toujours, quelques hommes ayant subi
une ou plusieurs condamnations. Les dossiers sont soigneusement épluchés. […] Après éliminations quelques-uns se révèlent être des cas intéressants, nous les gardons ». Si les motivations sont diverses, l’attrait de
l’aventure et la volonté de lutter contre le communisme au sein de la première formation française à combattre sous le drapeau onusien semblent deux raisons partagées par tous les combattants français. À la
fin du mois d’octobre 1950 après quelques semaines d’instruction et d’organisation des compagnies, le bataillon est enfin réunit au complet : anciens parachutistes, légionnaires, fantassins, chasseurs à pied,
cavaliers ou sapeurs, tous sont prêts pour rejoindre la Corée.
Le général Monclar et des officiers de son état-major. Au centre, l’assistante sociale, Claire Montboisses, alias « Pepita »
Couverture du « Piton », l’organe de presse interne du bataillon français
© SHD - Textes : Capitaine Ivan Cadeau - Maquette PAO : Brigadier Teddy RAMÉ, Thibauld MAZIRE - Photographies : SHD.
Le Président du Conseil de l’époque a voulu pour des raisons politiques placer à la tête du contingent français un
personnage au passé militaire glorieux afin de donner, dès le départ, un caractère prestigieux et unique au bataillon
français. Alors que le commandement du BF/ONU est confié au chef de bataillon Le Mire, le général Monclar, alors
inspecteur de la Légion étrangère, est désigné pour prendre la tête de l’état-major des Forces terrestres françaises
de l’ONU (FTF/ONU), créé le 18 septembre 1950. Il accepte pour cela de céder ses quatre étoiles de général de
corps d’armée pour les « cinq ficelles » de lieutenant-colonel. La mission qu’il reçoit est claire, il bénéficie ainsi
des « attributions d’un commandant supérieur sur un théâtre d’opérations en ce qui concerne : l’engagement au
combat du bataillon, la discipline générale, l’avancement, les décorations des officiers et de la troupe. […]. Il ne
s’immisce pas dans le commandement intérieur du bataillon. Il a vis-à-vis du commandement du bataillon, les
attributions d’un colonel dans son régiment. [Par ailleurs], la mission du lieutenant-colonel Monclar comportera
également l’étude d’un certain nombre de points énumérés ci-dessous : procédés de combat de l’infanterie, emploi
de l’artillerie et liaison infanterie-artillerie, emploi des unités blindées et combat du groupement infanterie-blindés,
emploi du génie, principes de son utilisation au profit de l’infanterie et des blindés, destructions, mines et pièges, les
transmissions, en particulier dans les liaisons blindés-infanterie, les moyens de débarquement, lutte antiguérillas
et sécurité des arrières, appui aérien, lutte contre le froid ».
Afin de mener à bien cette mission de recueil d’informations sur les caractéristiques propres aux opérations et à
l’emploi des armes en Corée, l’état-major des FTF est composé de spécialistes de chaque arme. Le 18 septembre 1951,
un an jour pour jour après sa création, l’état-major des FTF est dissous, d’une part parce qu’il a rempli sa mission et
procédé a un véritable « retour d’expérience », de l’autre parce que sa présence a été à l’origine d’un certain nombre de
dysfonctionnement dans la chaîne de commandement entre le bataillon et son régiment d’appartenance, le 23 e RI.