Page 53 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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                              aymond Aublanc est né le 6 juin 1951 au Châtelet, dans le Cher, au sein d'une famille
                              d'agriculteurs. Il est le troisième de huit enfants. Ses études primaires achevées, il entre
                              au collège d'enseignement technique de Saint-Amand-Montrond. Après sa scolarité, il
            travaille quelque temps dans un garage en tant que mécanicien. Cependant, sa vitalité ne peut trouver sa
            pleine  expression  que  dans  le  métier  des  armes  et  c'est  avec  résolution  qu'il  s'engage  dans  les  troupes
            aéroportées. En juillet 1969, il rejoint le 1er Régiment parachutiste d'infanterie de marine à Bayonne.
                                                                                                 e
                        Au  terme  de  sa  formation  initiale,  il  intègre  la  promotion  sergent  Laborde  au  3   bataillon  de
            l'Ecole nationale des sous-officiers d'activé à Saint-Maixent-l'Ecole. Les bons résultats qu'il obtient laissent
            présager de ses capacités à devenir un excellent sous-officier. Après sa nomination au grade de sergent, il
            est affecté à l'Ecole d'application du génie à Angers pour suivre un stage de spécialisation technique avant
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            de rejoindre le 17  Régiment du génie parachutiste. Il en ressent un profond sentiment de fierté.
                        Dès son arrivée à Castelsarrasin, en décembre 1970, il s'impose à la tête de son groupe avec
            une aisance remarquable. Quelques mois plus tard, son sérieux et son dynamisme lui valent d'être désigné
                                                                      er
            pour  renforcer  l'encadrement  de  la  compagnie  du  génie  du  1   Régiment  de  hussards  parachutistes  de
            Tarbes.
                        A l'été 1974, son ardent désir de servir dans une équipe de recherche aéroportée est exaucé : il
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            est muté au 13  Régiment de dragons parachutistes. Il s'engage alors résolument dans la préparation des
            qualifications qui doivent lui permettre d'accéder à la fonction de chef d'équipe. Une fois encore, ses qualités
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            et sa conscience professionnelle sont remarquées. Le 1  avril 1976, il est promu au grade de sergent-chef
            et, quelques mois plus tard, il rejoint l'Ecole d'application du génie.
                        Il profite de cette opportunité pour se spécialiser dans les techniques de combat du génie et
            passe brillamment les examens de la formation du second degré. Puis, sous-officier adjoint dans une section
            d'élèves  sous-officiers  d'active,  il  mobilise  ses  stagiaires  par  son  sens  des  relations  et  sa  capacité  à
            transmettre sa passion pour le métier militaire.
                                                                                     e
                        En  septembre  1979,  il  reçoit  une  nouvelle  affectation  au  13   Régiment  de  dragons
            parachutistes.  Raymond  Aublanc  réalise  alors  son  rêve  :  il  est  chef  d'équipe  de  recherche  aéroportée.
            Passionné par un métier qu'il vit comme une aventure quotidienne, il apprécie cette fonction qui lui donne
            l'occasion de travailler en équipe autonome, d'agir en souplesse, loin du monde, loin des villes, loin du bruit,
            pour renseigner de manière permanente et en temps opportun. Parfaitement adapté aux exigences de ses
                                                                             e
            responsabilités,  il  devient  rapidement  un  des  éléments  moteurs  du  13   RDP.  Son  endurance,  son  esprit
            d'initiative et l'intelligence avec laquelle il remplit ses missions sont donnés en référence. Ses qualités lui
            valent d'être promu adjudant en octobre 1980.
                        Deux ans plus tard, il est désigné pour effectuer une mission en République centrafricaine. En
            1983, il participe à l'opération " Manta " destinée à s'opposer aux incursions libyennes en territoire tchadien.
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            Le 1  octobre 1987, il est promu au grade d'adjudant-chef.
                        Une  seconde  affectation  à  l'Ecole  d'application  du  génie,  en  août  1991,  vient  confirmer  une
            maturité acquise dans les réalités du commandement et des responsabilités. A la cellule mines-explosifs, il
            donne libre cours à ses talents de pédagogue et gagne l'adhésion de ses stagiaires par son humeur toujours
            égale et son rayonnement personnel. Cependant, le 13 avril 1995, il fait, une fois de plus, le choix de  la
            difficulté en partant à Sarajevo.
                        C'est un sous-officier, possédant une grande compétence technique et militaire et fort d'une très
            bonne  expérience  des  opérations  extérieures,  qui,  dans  le  cadre  de  la  FORPRONU,  rejoint  la  Bosnie-
            Herzégovine.  Dans  ce  pays  récemment  indépendant,  la  situation  paraît  inextricable.  Les  casques  bleus
            s'interposent entre les factions rivales et la guerre fratricide qui fait rage depuis quatre ans a fait des dizaines
            de milliers de morts.
                        Neuf jours après son arrivée, l'adjudant-chef Aublanc est chargé d'effectuer, sur l'aéroport de
            Sarajevo, une neutralisation de munitions. Il est mortellement blessé par l'explosion d'un obus de 90 qu'il
            tentait de désamorcer.
                        Animé de profondes convictions et d'une grande rigueur morale, l'adjudant-chef Aublanc a vécu
            jusqu'au bout la passion qui le portait avec un engagement et un désintéressement absolus. Il a donné un
            éclatant exemple des vertus du soldat : abnégation, générosité, courage du cœur et du corps, volonté de
            réussir et de servir les armes et la paix. La Médaille Militaire et la Croix de la Valeur militaire avec palme sont
            venues rendre un dernier hommage à ce sous-officier exceptionnel qui a donné la preuve de son esprit de
            sacrifice et de son courage au service de la France.
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