Page 49 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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amille Daudé est né le 4 juin 1923 à Mas-d'Orcières en Lozère dans une famille
d'agriculteurs. Quelques années plus tard, ses parents s'installent dans le Tarn-et-
Garonne et Camille fréquente alors le collège Saint-Théodar de Montauban. A la fin de
ses études, il décide de travailler à la ferme familiale.
Après la défaite de 1940, il se met au service de son pays : il s'engage au 3° Régiment de
Hussards où il est nommé brigadier. Il n'a que vingt ans quand il rejoint la Résistance mais son énergie et
son courage le désignent bien vite pour prendre la tête d'un groupe de maquisards. En juin 1944, son
groupe traverse la Garonne pour se joindre aux Forces Françaises de l'Intérieur. Sous l'autorité de son chef,
il forme le premier noyau du Bataillon Néracais où se regroupent des jeunes gens animés d'une résolution
commune : celle de participer à la libération de la Patrie. Il faut donc organiser, armer et instruire le bataillon.
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Promu aspirant, Camille Daudé prend la fonction d'adjoint dans une section de la 2 compagnie. Avec un
souci du détail et un sens pédagogique développés, il initie ses compagnons aux techniques de destruction
de voies ferrées et d'ouvrages d'art. Et les expéditions se succèdent. Au cours de l'une d'elles, l'aspirant
Daudé paralyse la voie ferrée Bordeaux-Sète en détruisant le pont de Fourtic.
Décidé à anéantir les maquis en frappant à leur tète, l'occupant reprend l'offensive. C'est le P.C.
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de la 2 compagnie qui, dans la nuit du 14 au 15 juillet 1944, subit la première attaque. L'ardeur des
résistants et la pugnacité de Camille Daudé forcent l'ennemi à se replier. Mais il faut immédiatement prêter
main forte à un groupe du bataillon durement accroché dans un village voisin. Après une course effrénée à
travers la campagne, la 2° compagnie aborde le village en flammes. L'aspirant Daudé et quatre hommes
s'approchent des décombres pour découvrir les corps mutilés de leurs camarades.
Incendies, attaques, arrestations, exécutions sommaires... la désolation s'abat sur la région.
C'est au prix de déplacements permanents et harassants à travers les landes que les résistants échappent à
l'étau de l'ennemi. Épuisé par les assauts répétés, le bataillon doit se réorganiser avant de reprendre le
contrôle de la vallée de la Garonne.
L'ennemi s'est solidement installé à Port-Sainte-Marie, en aval d'Agen. Le 19 août 1944,
l'aspirant Daudé et quatre de ses hommes montent à l'assaut du poste de Saint-Laurent qui commande
l'entrée du village. Un feu roulant d'armes automatiques répond à leur audace. Le groupe se replie. Il se
réorganise et se lance dans une nouvelle attaque ; l'ennemi doit évacuer le poste. Le lendemain, l'aspirant
Daudé entre le premier dans Port-Sainte-Marie libérée. Quelques jours plus tard, quand le bataillon se
présente aux portes de Langon, au sud de Bordeaux, Camille Daudé, une fois encore, est en première
ligne : il s'empare du pont qui ouvre l'accès à la ville. Deux citations récompensent son sang-froid et son
esprit d'initiative devenus légendaires.
A la fin de la guerre, il est intégré dans l'armée avec le grade de maréchal des logis-chef puis il
est démobilisé en 1946. Les années qui passent révèlent à Camille Daudé sa véritable vocation.
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La France se bat sur la terre d'Indochine. Le 9 mai 1953, Camille Daudé rejoint le 1 Régiment
de chasseurs à cheval pour participer à la pacification du Tonkin. Par son calme et son sens des relations
humaines, il s'impose naturellement à la tète de la compagnie de supplétifs qui lui a été confiée. Aussitôt,
celle-ci est engagée dans des opérations de déminage, d'ouverture d'itinéraires et de reconnaissances de
villages. Elle harcèle sans relâche, use l'adversaire et multiplie les faits d'armes. Elle subit de sévères pertes
mais rien n'altère l'ardeur des combattants et la détermination de leur chef.
Le 2 septembre, le maréchal des logis-chef Daudé et ses supplétifs se lancent à la poursuite de
rebelles, capturent deux commandants de compagnie viêt-minh et détruisent leur base logistique. Quelques
semaines plus tard, ils montent à l'assaut d'un village fortifié mais ils se heurtent à une forte résistance. Au
cours d'un violent échange de coups de feu, Camille Daudé est grièvement blessé à l'épaule. Il ne se résout
pas à abandonner la lutte. Jusqu'à la limite de ses forces, il commande, stimule, encourage ses hommes et
continue à communiquer par radio avec l'état-major du régiment. Une nouvelle citation vient récompenser
son allant et saluer son sens du commandement.
Cependant, le 11 juillet 1954 à Thua-Lenh, la compagnie tombe dans une embuscade. Sous un
feu violent, un ordre retentit: il faut se replier. Méprisant le danger, le maréchal des logis-chef Daudé
s'élance pour regrouper ses hommes. Une rafale brise son élan. Camille Daudé meurt à quelques jours du
cessez-le-feu.
La Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthume et une citation à l'Ordre de
l'Armée viennent couronner la carrière prestigieuse du maréchal des logis-chef Camille Daudé qui, modèle
de bravoure et de dévouement, est mort à 31 ans au service de la France.