Page 51 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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                              imitri  Voronine  est  né  le  26  mars  1946  à  Paris.  Son  père,  ancien  officier  de  l'armée
                              impériale russe, a participé à la Grande Guerre avant de se réfugier en Estonie lors de la
                              Révolution d'Octobre 1917. Il a rejoint la France en 1929 après avoir connu, confie-t-il, "
            la pire épreuve dans la vie d'un homme : la guerre civile ".
                        Dimitri est élevé dans la culture et la langue russes mais éprouve un profond attachement à sa
            Patrie  d'adoption.  A  l'adolescence,  il  découvre  le  parachutisme  pour  lequel  il  voue  une  véritable  passion.
            Après d'excellentes études au lycée Buffon, à Paris, il décide d'embrasser la carrière des armes.
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                        Dès les premiers instants de sa vie militaire au 1  Régiment Parachutiste d'Infanterie de Marine,
            en octobre 1965, Dimitri Voronine est remarqué pour sa vivacité d'esprit et sa générosité. Son dynamisme et
            son  goût  pour  l'aventure  trouvent  au  sein  des  troupes  parachutistes  l'occasion  de  s'exprimer  pleinement.
            Comme il aime le rappeler : " jamais, il ne regrette son choix et il est heureux de se trouver là où il est ". Son
            sens des relations allié à une énergie peu commune le désignent naturellement pour commander un groupe.
            Les examens qui marquent l'accès au grade de sergent s'enchaînent alors bien vite mais le caporal Voronine
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            les passe avec une facilité jugée déconcertante. Le 1  septembre 1966, il est nommé sergent.
                        Au  rythme  soutenu  que  l'entraînement  à  la  conduite  des  opérations  exige  des  hommes,  les
            séances de saut succèdent aux exercices de combat et aux épreuves sportives. Passionné par son métier, le
            sergent Voronine se révèle comme un excellent chef de groupe qui rayonne par son autorité naturelle et son
            esprit d'initiative.
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                        En  juillet  1969,  il  débarque  à  Fort-Lamy,  au  Tchad.  Il  rejoint  la  6   Compagnie  Parachutiste
            d'Infanterie de Marine du 6° Régiment Interarmes d'Outre-Mer. Depuis quelques années, cette unité soutient
            la jeune armée tchadienne face aux menaces de sécession des populations toubous, au nord du pays.
                        A la section de livraison par air où il est affecté, le sergent Voronine découvre la fonction de chef
            de groupe d'arrimage-largage. Il s'adapte à ses nouvelles responsabilités avec le naturel et le sérieux qui le
            caractérisent.  Néanmoins,  il  a  choisi  son  métier  pour  le  commandement  des  hommes  et  il  ne  s'épanouit
            pleinement que dans l'action collective et c'est avec enthousiasme qu'il prend bientôt les fonctions de sous-
            officier adjoint dans une section de parachutistes. A l'entraînement et dans les exercices quotidiens, il étonne
            par  son  endurance  et  il  fait  partager  sa  passion  pour  le  métier  militaire  et  le  parachutisme.  En  quelques
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            semaines, grâce à son activité débordante et à son éducation, il reçoit l'adhésion de tous et, le 1  janvier
            1970, il est promu au grade de sergent-chef.
                        Cependant, au nord du Tchad, dans le département du Borkou-Ennedi-Tibesti, la situation se
            dégrade.  Après une courte période  d'apaisement, les rebelles toubous ont repris les armes. Parfaitement
            adaptés  au  terrain,  ils  descendent  des  contreforts  du  Tibesti  pour  investir  les  palmeraies  et  lancer  des
            actions  de  harcèlement  sur  les  postes  et  les  garnisons  de  l'armée  tchadienne.  Le  sergent-chef  Voronine
            participe aux missions de contrôle de la région.
                        Le  9  octobre,  la  CPIMA  patrouille  au  nord  de  Faya-Largeau.  Après  une  journée  chaude  et
            poussiéreuse,  elle  s'installe  aux  abords  d'un  puits.  Au  cours  de  la  nuit,  des  coups  de  feu  claquent  :  une
            bande  rebelle  tente  de  s'infiltrer  dans  le  dispositif  puis  s'évanouit  dans  l'obscurité.  Le  lendemain,  la
            compagnie  reprend  sa  progression.  Elle  atteint  la  palmeraie  de  Bedo,  la  fouille  et  l'occupe.  Les  heures
            passent  sans  autres  mouvements  que  ceux  du  petit  matin  :  en  ce  dimanche  11  octobre,  la  CPIMA  doit
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            regagner Faya-Largeau. En tête de la colonne de véhicules, les parachutistes du 1  commando, aguerris et
            rompus aux embûches du désert, ont pris place aux côtés du sergent-chef Voronine.
                        A 16 h 30, la compagnie s'engage dans une zone où s'élèvent des monticules de cailloux et des
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            buttes de sable. Soudain, c'est l'embuscade : un déluge de feu s'abat sur les véhicules du 1  commando.
            Les parachutistes sautent des Dodges, se plaquent au sol et répliquent en tirant au jugé. La compagnie est
            immobilisée.  Le  sergent-chef  Voronine  tente  de  se  dégager  et  lance  un  assaut  désespéré  à  la  tête  d'un
            groupe. Son élan est brisé par une balle qui l'atteint en plein cœur.
                        Les pertes au sein du commando sont sévères : les premières rafales tirées des rochers qui
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            bordent  la  piste  ont  foudroyé  onze  parachutistes.  A  l'arrière,  les  2   et  3   commandos  ont  immédiatement
            amorcé  le  débordement  du  dispositif  adverse.  Soutenus  par  la  rage  farouche  de  porter  secours  à  leurs
            camarades, ils s'emparent, l'un après l'autre, de chaque emplacement rebelle. En tête de colonne, seuls le
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            chef  du  1   commando  et  deux  parachutistes  sont indemnes.  Réfugiés  derrière  leur véhicule, ils  ripostent
            pendant trois heures aux tirs des rebelles. Le combat de Bedo a été l'engagement le plus meurtrier de la
            CPIMA pendant la campagne du Tchad. Il a été livré et mené seul par cette unité.
                        En  s'engageant  dans  les  troupes  de  marine,  le  sergent-chef  Dimitri  Voronine  avait  choisi  de
            servir sa Patrie. Mort en soldat à 24 ans, il a rejoint ses aînés sur le chemin de l'Honneur en accomplissant
            sa vocation jusqu'au sacrifice suprême. La Médaille Militaire et la Croix de la Valeur militaire avec citation à
            l'ordre  de  l'armée  sont  venues  rendre  un  dernier  hommage  à  ce  sous-officier,  modèle  de  passion  et  de
            dévouement, qui plaçait le service de la France au-dessus de tout.
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