Page 47 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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André Mugnier est né le 24 septembre 1922 à Chalencey (Haute-Marne), Il est le huitième d'une
            famille  de  douze  enfants.  Après  la  défaite  de  juin  1940,  il  gagne  l'Afrique  du  Nord  et  s'engage  au  32"
            escadron du train à Casablanca où son énergie et son dynamisme sont bien vite remarqués. Il est promu au
            grade de brigadier-chef.
                        En juillet 1943, il rejoint le 1   bataillon de choc Après avoir suivi un entraînement intensif pour
                                                 er
            acquérir  les  techniques  de  commando,  il  participe  au  débarquement  en  Corse  et  se  lance  dans  la  lutte
            contre l'occupant. Au pont de Fantea, le 20 septembre, le groupe Mugnier neutralise un convoi de véhicules.
            Il disparaît aussitôt dans le maquis puis rejoint le village de Conca dont sa compagnie assure la protection.
            Sous le feu des Allemands qui tentent de pénétrer dans le village, le caporal-chef Mugnier se précipite pour
            porter secours à son chef de section, fauché par une rafale. Les crépitements d'une fusillade arrêtent son
            élan. Avec un sang-froid exemplaire, il reprend le tir et oppose une résistance farouche à l'assaut ennemi.
                        Puis,  jusqu'à  ce  que  les  couleurs  françaises  flottent  sur  Bastia,  les  commandos,  véritables
            démons de la nuit, s'infiltrent entre les points d'appui ennemis, harcèlent, désorganisent et sèment la panique.
                        Pour son engagement en Corse, André Mugnier reçoit la Croix de Guerre avec étoile d'argent et,
            le 1  janvier 1944, il est nommé sergent.
                er
                        A partir de la Corse libérée, le bataillon s'empare de l'Ile d'Elbe le 17 juin 1944 puis, en août, il
            débarque en Provence. A Toulon, la 3  compagnie reçoit la mission de s'emparer du Mont-Faron, véritable
                                               e
            forteresse  surplombant  la  ville.  Sur  les  pentes  abruptes  de  la  face  nord,  le  groupe  Mugnier  entame  une
            difficile progression ; il s'empare de la tour Beaumont sous les rafales de mitrailleuses puis du Fort Faron,
            immédiatement mis en état de défense. Le sergent Mugnier est cité à l'ordre de la brigade.

                        En  septembre,  le  bataillon  franchit  le  Rhône,  rejoint  Lyon  où  il  contribue  à  la  réduction  dés
            dernières résistances et se présente aux portes de Dijon.
                        Barrant  l'avancée  vers  Belfort  et  l'Alsace,  Dijon  doit  tomber.  Après  avoir  pris  le  contrôle  des
            accès de la ville, la compagnie s'engage dans des combats meurtriers autour de la butte de Talant où le
            sergent Mugnier se distingue, une fois de plus, par son allant et son courage. A la tête de son groupe, il
            s'empare,  l'une  après  l'autre,  de  chaque  maison  et  de  chaque  rue.  Les  commandos  donnent  une  telle
            impression de force que, dans la nuit, l'occupant décide d'évacuer la ville.
                        Plus au nord, entre Vesoul et Belfort se dresse la chapelle de Ronchamp qui constitue, du haut
            de son piton rocheux, un magnifique observatoire. La position a été prise par un bataillon de Zouaves que la
            compagnie de Mugnier vient renforcer. A l'aube, l'ennemi déclenche une violente contre-attaque et, après un
            intense  pilonnage  d'artillerie,  investit  la  position.  Au  cœur  du  combat,  le  sergent  Mugnier  entraîne  ses
            commandos et les stimule par son sang-froid et son audace. Le clocher de la chapelle s'écroule mais le piton
            de Ronchamp ne retombe pas aux mains de l'ennemi.
                        De coups de force en actions d'éclat, le prestigieux bataillon poursuit son avancée. En octobre, il
            reçoit  la  mission  de  s'emparer  de  Château-Lambert  où,  depuis  des  semaines,  l'ennemi  s'accroche
            furieusement. Exténués de fatigue et souffrant de gelures aux pieds, les commandos viennent à bout de la
            résistance  ennemie.  Mugnier  et  ses  hommes  participent  à  l'assaut  final  et  s'élancent  sur  les  dernières
            défenses adverses.
                        De Ronchamp à Château-Lambert, dans toutes les actions du bataillon, le sergent Mugnier se
            distingue par son courage et son endurance. Il est, à nouveau, cité à l'ordre du bataillon.
                        Le 24 novembre, à Etueffont, il participe à une mission de neutralisation de batteries d'artillerie
            et doit ensuite couvrir le repli de l'équipe de destruction. Il tient la position jusqu'à l'arrivée du bataillon chargé
            de s'emparer du village. Quelques jours plus tard, au col du Hundsück, le groupe Mugnier détruit un canon
            antichar  lui  barrant  la  route.  L'ennemi  riposte  par  un  violent  tir  de  mortiers.  Le  groupe  est  mis  hors  de
            combat. André Mugnier, seul, est épargné.
                        Après la libération de l'Alsace, le bataillon franchit le Rhin.

                        Le sergent Mugnier ne participera pas à la victoire finale : le 22 avril 1945 à Reutlingen, il tombe
            sous les balles d'un tireur isolé.

                        La Médaille Militaire vient rendre un dernier hommage à ce sous-officier, modèle de bravoure et
            de dévouement, qui plaçait l'honneur et le service de la France au-dessus de tout. Dans l'un de ses derniers
            courriers, il écrivait : " si je rentre, je suis fermement décidé à continuer à mettre autour de moi du solide, du
            gai, de l'utile ".
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