Page 39 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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C onstant Chêne est né le 29 septembre 1914 à Argentine en Savoie. Il est te sixième
d'une famille de huit enfants confrontés très jeunes aux difficultés de la vie, lorsque
leurs parents décèdent en 1918.
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En novembre 1934, parvenu à l'âge adulte, il s'engage au 13 Bataillon de Chasseurs
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Alpins. Nommé caporal puis caporal-chef il accède au corps des sous-officiers le 1 octobre 1937,
Ses qualités physiques et morales lui valent d'être affecté à la section d'éclaireurs skieurs du
Bataillon.
En septembre 1939, la guerre éclate.
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Après une courte période passée en position sur les crêtes enneigées des Alpes, le 13
B.C.A. est désigné pour faire partie du corps expéditionnaire franco-britannique en Norvège. Le 19
avril 1940, le sergent-chef Chêne participe avec son Bataillon au débarquement de Namsos. Mais
l'expédition tourne bientôt court et les Britanniques décident de rembarquer.
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Après avoir fait escale en Écosse, le 13 B.C.A. débarque le 29 mai au Havre pour être
aussitôt engagé sur la Somme et dans le pays de Caux. Face à un ennemi mécanisé supérieur en
nombre, le " 13 " écrit une page glorieuse de son histoire. Réduit au tiers de ses effectifs, puis
encerclé à Houdetot, le Bataillon continue de se battre, gagnant sa huitième citation. Le 8 juin, le
sergent-chef Chêne, alors sous-officier adjoint se distingue aux endroits les plus exposés. Sa
bravoure et son calme lui valent d'être cité à l'ordre du Régiment.
Fait prisonnier le 12 juin, il est interné en Allemagne au STALAG X-A.
Une longue période de captivité ponctuée de quatre tentatives d'évasion va le conduire
ensuite au camp de représailles de Rawa-Ruska en Pologne. Il y reste interné durant huit mois,
jusqu'au 25 décembre 1942. Malgré des conditions de détention difficiles, il trouve assez d'énergie
pour venir en aide à ses camarades de captivité. Il fait preuve d'un comportement exemplaire,
allant jusqu'à risquer sa vie en portant secours, sous le tir des sentinelles, à l'un des prisonniers
blessé dans les barbelés.
Transféré au camp de Gassen à la frontière polonaise, il s'évade une cinquième fois le 13
août 1943 en compagnie de deux de ses camarades. Au terme d'un périple extraordinaire, il
parvient à rejoindre la Savoie le 13 septembre. Il est aussitôt contacté par la Résistance pour
rejoindre Londres, mais choisit de s'engager au côté des F.F.I. du Bataillon Savoie.
Le 15 août 1944, les Alliés débarquent en Provence.
Le 13° B.C.A. recréé peu après est bientôt engagé sur le front des Alpes contre les unités
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d'élite allemandes et italiennes, aguerries par cinq années de campagne. Chef de section à la 2
compagnie, Constant Chêne participe aux combats de la libération en Haute-Tarentaise.
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A partir du 22 mars 1945, le 13 Bataillon est engagé à 2 000 m d'altitude dans les combats
du Roc-Noir.
Le 31, alors qu'il vient d'être promu au grade supérieur, l'adjudant Chêne, reçoit la mission
de s'emparer des retranchements allemands de la cote 2342. Dans deux mètres de neige, à peine
la préparation d'artillerie terminée, sa section s'élance à l'assaut. Elle réussit à prendre pied dans
la position ennemie mais les Gebirgsjäger contre-attaquent aussitôt. On se bat au corps à corps.
La position n'est bientôt plus tenable : Constant Chêne tombe mortellement blessé en couvrant le
repli de ses hommes,
La Médaille militaire et une citation à l’ordre de l'Armée sont venues rendre un dernier
hommage à ce sous-officier, modèle de bravoure et de dévouement, qui plaçait l'honneur et le
service de la France au-dessus de tout.
Il est mort pour la France à l'âge de 30 ans.
Il était marié et père de trois enfants.