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Major Joseph COMPAGNON
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oseph COMPAGNON est né le 13 octobre 1927 à La Charme dans le Jura. Élevé par sa
mère chez ses grands-parents, il effectue une courte scolarité et commence dès l’âge
de 13 ans le travail dans les fermes. Pendant ce temps, la Seconde Guerre mondiale
embrase toute l’Europe, l’armée allemande envahit la France, c’est la défaite, la capitulation,
l’occupation et les privations de tous ordres. Au lendemain de cette guerre mondiale, il décide de
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s’engager au titre du 8 régiment de cuirassiers (8 RC) stationné à Bizerte en Tunisie. Puis, il choisit de
continuer son engagement au service de la France en se portant volontaire pour le corps expéditionnaire
français d’Extrême-Orient. Il embarque le 19 mars 1949 à destination d’une terre mystérieuse,
l’Indochine.
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Affecté au 1 régiment de chasseurs (1 RCh), il est tout de suite engagé dans la région d’Hanoï
au Tonkin. Jeune brigadier-chef, pilote de tout premier ordre et puis chef d’engin blindé, il s’illustre par
son courage et son allant dans toutes les missions périlleuses d’escortes de convois sur la route
coloniale N°4 et la route provinciale N°13. Il sait aussi être un excellent chef de groupe à pied dans les
accrochages très violents des embuscades tendues par les rebelles. Nommé maréchal des logis le 1er
octobre 1950, il termine son premier séjour de deux ans et rentre en métropole en septembre 1951 avec
trois citations à l’ordre de la division. Sans attendre, il se réengage pour trois ans en se portant
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volontaire pour un deuxième séjour en Indochine. Il débarque à Haiphong le 1 juin 1952. Il est affecté à
la mission militaire française auprès du gouvernement du Vietnam à l’encadrement du 56e bataillon
vietnamien (56e BV). Sous-officier adjoint d’un peloton de voltigeurs, il sera engagé dans tout le Nord-
Vietnam dans des missions délicates de commando. Il sera blessé à plusieurs reprises, notamment le
16 novembre 1952 à Ban Chong Ban au cours de violents combats où il est blessé d’une balle à la tête.
Il obtiendra la croix de la vaillance vietnamienne au nom de Sa Majesté Bao Dại. Il rejoint ensuite son
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ancien régiment du Tonkin, le 1 régiment de chasseurs à cheval (1 RCh) au sein duquel il est nommé
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maréchal des logis-chef, le 1 octobre 1953. Affecté au commando de supplétifs vietnamiens, il est
engagé dans de violents combats au Nord Vietnam. Le 16 août 1954, après deux séjours en Indochine
très éprouvants, il est rapatrié en métropole par avion.
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Il rejoint le 6e régiment de dragons (6 RD) à Besançon en décembre 1954 pendant que l’Algérie
s’enfonce dans une guerre d’indépendance. Désigné pour servir en Afrique du Nord, son escadron est
stationné à la frontière algéro-marocaine à Oujda où il reçoit la croix des braves le 14 août 1956 à 26
ans pour faits exceptionnels de guerre en Extrême-Orient.
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Il quitte le Maroc en février 1958 et retourne au 6 dragon (6 RD) à Besançon où il profitera
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pendant quelques temps de la proximité familiale. En novembre 1959, il est affecté au 12 dragon (12
RD) en Afrique du Nord. Son unité est stationnée en Algérie dans la région d’Ain-Sefra et de
Mostaganem. Il participe au maintien de l’ordre, assure la protection de la population et lutte contre les
exactions des bandes armées du FLN (Front de Libération Nationale). Il est cité à l’ordre de la division le
11 avril 1961, près de Pélissier dans un accrochage violent avec des rebelles. Promu au grade
d’adjudant en octobre 1961, il reste en Algérie jusqu’en août 1962 et rentre en France avec son régiment
dans la garnison d’Orléans.
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Sa carrière se poursuit au gré de différentes affectations. De 1963 à 1971, il sert au 1 régiment
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de dragons (1 RD) de Lure. Promu au grade d’adjudant-chef le 31 décembre 1965, il décide de fonder
une famille en épousant la veuve d’un camarade décédé d’une maladie contractée en Indochine.
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Puis, il rejoint en 1971 le 4 régiment de hussards (4 RH) à Besançon. Très apprécié et proche de
tout le personnel, il occupe avec honneur et dévouement la fonction de président des sous-officiers. Le
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15 septembre 1978, il reçoit la croix d’officier de l’ordre de la Légion d’honneur. Affecté au 5 régiment
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de dragons (5 RD) à Valdahon pour sa dernière mutation, il est promu major choix le 1 avril 1981
compte tenu de ses exceptionnels états de service en étant le sous-officier le plus décoré de l’arme
blindée cavalerie. Le 14 octobre 1982, après une riche et exceptionnelle carrière de 35 années au
service de sa patrie, il fait valoir ses droits à la retraite. Il se retire dans le petit village de Saint-Vit, près
de Besançon pour profiter de sa famille. Il s’éteint brutalement parmi les siens en avril 2007 à l’âge de
80 ans des suites d’une maladie qu’il a combattue avec dignité.
Officier de la Légion d’honneur, médaillé militaire, officier de l’ordre nationale du mérite, onze fois
cité, six blessures de guerre, le major Joseph COMPAGNON restera une image légendaire parmi ses
pairs de l’Indochine et de toute l’arme blindée cavalerie. Combattant au courage hors pair, chef de
guerre d’une exceptionnelle efficacité et homme de cœur qui véhiculait les plus nobles vertus militaires,
il mérite tout particulièrement d’être cité en exemple auprès des jeunes élèves sous-officiers de la
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