Page 299 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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Major Joseph COMPAGNON

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                         oseph COMPAGNON est né le 13 octobre 1927 à La Charme dans le Jura. Élevé par sa
                         mère chez ses grands-parents, il effectue une courte scolarité et commence dès l’âge
                         de 13 ans le travail dans les fermes. Pendant ce temps, la Seconde Guerre mondiale
          embrase  toute  l’Europe,  l’armée  allemande  envahit  la  France,  c’est  la  défaite,  la  capitulation,
          l’occupation  et  les  privations  de  tous  ordres.  Au  lendemain  de  cette  guerre  mondiale,  il  décide  de
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          s’engager au titre du 8  régiment de cuirassiers (8  RC) stationné à Bizerte en Tunisie. Puis, il choisit de
          continuer son engagement au service de la France en se portant volontaire pour le corps expéditionnaire
          français  d’Extrême-Orient.  Il  embarque  le  19  mars  1949  à  destination  d’une  terre  mystérieuse,
          l’Indochine.
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               Affecté au 1  régiment de chasseurs (1  RCh), il est tout de suite engagé dans la région d’Hanoï
          au Tonkin. Jeune brigadier-chef, pilote de tout premier ordre et puis chef d’engin blindé, il s’illustre par
          son  courage  et  son  allant  dans  toutes  les  missions  périlleuses  d’escortes  de  convois  sur  la  route
          coloniale N°4 et la route provinciale N°13. Il sait aussi être un excellent chef de groupe à pied dans les
          accrochages très violents des embuscades tendues par les rebelles. Nommé maréchal des logis le 1er
          octobre 1950, il termine son premier séjour de deux ans et rentre en métropole en septembre 1951 avec
          trois  citations  à  l’ordre  de  la  division.  Sans  attendre,  il  se  réengage  pour  trois  ans  en  se  portant
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          volontaire pour un deuxième séjour en Indochine. Il débarque à Haiphong le 1  juin 1952. Il est affecté à
          la  mission  militaire  française  auprès  du  gouvernement  du  Vietnam  à  l’encadrement  du  56e  bataillon
          vietnamien (56e BV). Sous-officier adjoint d’un peloton de voltigeurs, il sera engagé dans tout le Nord-
          Vietnam dans des missions délicates de commando. Il sera blessé à plusieurs reprises, notamment le
          16 novembre 1952 à Ban Chong Ban au cours de violents combats où il est blessé d’une balle à la tête.
          Il obtiendra la croix de la vaillance vietnamienne au nom de Sa Majesté Bao Dại. Il rejoint ensuite son
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          ancien régiment du Tonkin, le 1  régiment de chasseurs à cheval (1  RCh) au sein duquel il est nommé
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          maréchal  des  logis-chef,  le  1   octobre  1953.  Affecté  au  commando  de  supplétifs  vietnamiens,  il  est
          engagé dans de violents combats au Nord Vietnam. Le 16 août 1954, après deux séjours en Indochine
          très éprouvants, il est rapatrié en métropole par avion.
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               Il rejoint le 6e régiment de dragons (6  RD) à Besançon en décembre 1954 pendant que l’Algérie
          s’enfonce dans une guerre d’indépendance. Désigné pour servir en Afrique du Nord, son escadron est
          stationné à la frontière algéro-marocaine à Oujda où il reçoit la croix des braves le 14 août 1956 à 26
          ans pour faits exceptionnels de guerre en Extrême-Orient.
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               Il  quitte  le  Maroc  en  février  1958  et  retourne  au  6   dragon  (6   RD)  à  Besançon  où  il  profitera
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          pendant quelques temps de la proximité familiale. En novembre 1959, il est affecté au 12  dragon (12
          RD)  en  Afrique  du  Nord.  Son  unité  est  stationnée  en  Algérie  dans  la  région  d’Ain-Sefra  et  de
          Mostaganem. Il participe au maintien de l’ordre, assure la protection de la population et lutte contre les
          exactions des bandes armées du FLN (Front de Libération Nationale). Il est cité à l’ordre de la division le
          11  avril  1961,  près  de  Pélissier  dans  un  accrochage  violent  avec  des  rebelles.  Promu  au  grade
          d’adjudant en octobre 1961, il reste en Algérie jusqu’en août 1962 et rentre en France avec son régiment
          dans la garnison d’Orléans.
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               Sa carrière se poursuit au gré de différentes affectations. De 1963 à 1971, il sert au 1  régiment
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          de dragons (1  RD) de Lure. Promu au grade d’adjudant-chef le 31 décembre 1965, il décide de fonder
          une famille en épousant la veuve d’un camarade décédé d’une maladie contractée en Indochine.
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               Puis, il rejoint en 1971 le 4  régiment de hussards (4  RH) à Besançon. Très apprécié et proche de
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          15 septembre 1978, il reçoit la croix d’officier de l’ordre de la Légion d’honneur. Affecté au 5  régiment
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          de dragons (5  RD) à Valdahon pour sa dernière mutation, il est promu major choix le 1  avril  1981
          compte  tenu  de  ses  exceptionnels  états  de  service  en  étant  le sous-officier  le  plus  décoré  de l’arme
          blindée  cavalerie.  Le  14  octobre  1982,  après  une  riche  et  exceptionnelle  carrière  de  35  années  au
          service de sa patrie, il fait valoir ses droits à la retraite. Il se retire dans le petit village de Saint-Vit, près
          de Besançon pour profiter de sa famille. Il s’éteint brutalement parmi les siens en avril 2007 à l’âge de
          80 ans des suites d’une maladie qu’il a combattue avec dignité.
               Officier de la Légion d’honneur, médaillé militaire, officier de l’ordre nationale du mérite, onze fois
          cité, six blessures de guerre, le major Joseph COMPAGNON restera une image légendaire parmi ses
          pairs  de  l’Indochine  et  de  toute  l’arme  blindée  cavalerie.  Combattant  au  courage  hors  pair,  chef  de
          guerre d’une exceptionnelle efficacité et homme de cœur qui véhiculait les plus nobles vertus militaires,
          il  mérite  tout  particulièrement  d’être  cité  en  exemple  auprès  des  jeunes  élèves  sous-officiers  de  la
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          298  promotion.
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