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Adjudant-chef Émile LEROY

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                           mile LEROY est né le 5 juillet 1923 à Le Cateau, dans le département du Nord. Dès 1940, alors
                           que l’Allemagne nazie envahit la France, le jeune Émile entre dans la Résistance. Ainsi, à l’âge
                           de 16 ans, il cache des armes et en dérobe aux Allemands. Arrêté pour ces faits, il est condamné
                           à mort puis gracié au regard de son âge.
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             Déterminé à poursuivre le combat, il s’engage le 23 décembre 1941 au 1  régiment d’infanterie (1  RI), lequel,
        au complet, passe dans la clandestinité. Caporal, il devient membre actif de l'organisation de résistance de l'armée
        (ORA), et sert ainsi les forces françaises de l’intérieur (FFI) pendant trois ans. Il participe aux combats de la Libération
        et fait preuve d’un remarquable courage.
             Le 2 mai 1944,  à la tête  d’une trentaine  hommes, il participe  à la capture de  cent dix-huit  prisonniers et tue
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        plusieurs Allemands. Le 18 septembre 1944, il rejoint le 1  RI reconstitué. Le 20 août, il dérobe de l’armement dans un
        cantonnement allemand puis s’illustre à nouveau six jours plus tard, lorsqu’il met le feu à un camion d’essence ennemi
        tombé en panne dans son village natal.
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             Au cours de ces quatre années, Émile LEROY, nommé sergent en septembre 1944 au 1  RI, se voit décerner la
        croix de guerre 1939-1945 avec une étoile de bronze et une étoile de vermeil.
             En août 1945, c’est au tour de l’Indochine de s’embraser. Le Viet Minh s’installe ouvertement à Hanoï et, HO
        CHI MINH devient président de la nouvelle république démocratique du Vietnam, le 2 septembre 1945.
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             Toujours avide d’aventure, le sergent-chef LEROY se porte volontaire pour rejoindre le 23  régiment d’infanterie
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        coloniale (23  RIC) qui a pour mission de pacifier le delta Tonkinois ; Il est affecté à la première compagnie, laquelle
        effectue des reconnaissances offensives.
             Le 10 février 1946, lors de l’opération de Mokay, le sergent-chef LEROY s’infiltre avec son groupe parmi les
        rebelles, provoquant ainsi la panique chez les Viet Minh. Ouvrant une brèche dans le dispositif ennemi, il permet à sa
        section de s’emparer de l’objectif.
             Le 7 janvier 1947, pris à son tour dans une embuscade Viet Minh, il se jette avec ses hommes sur l’ennemi et ils
        tuent sept rebelles.
             Dix jours plus tard, à Yen Lap, il est blessé au cours de l’assaut, mais poursuit son attaque sans faillir, tuant dix
        combattants adverses.
             Le 24 janvier 1947, sous un feu nourri, il prend la tête de ses hommes et monte à l’assaut du village de Yen Lap.
        Il est à nouveau blessé par balle, mais refuse de se faire évacuer et s’empare de son objectif.
             Le  9  février  suivant,  sa  section  tombe  à  nouveau  dans  une  embuscade,  faisant  de  nombreuses  victimes.  Il
        engage le combat, permettant encore une fois, de sauver les siens.
             Le 23 avril 1947 à Dosson, la compagnie est fixée sous un feu nourri des Viet Minh, aux abords du village de Le
        Xa. LEROY s’infiltre au plus près de l’ennemi, le neutralise, et permet ainsi l’évacuation des blessés.
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             Volontaire  de  nouveau  pour  l’Indochine,  le  sergent-chef  LEROY  est  affecté  au  29   bataillon  de  marche  de
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        tirailleurs sénégalais (29  BMTS), qui a pour mission de pacifier et de contrôler la province de Vinh Yen. Imaginatif et
        débrouillard, il sait fédérer les énergies en construisant notamment le camp fortifié de Dien Trih, et ce dans un temps
        record.
             Chef de section aguerri, il se distingue sans cesse par son courage et son audace. Entrainant ses hommes sous
        le feu adverse, il harcèle l’ennemi et lui inflige de lourdes pertes, notamment dans la région de Trieu Xa, Lap Trach et
        au cours de l’assaut du village de Dong-Ve.
             Le 18 mars 1950, lors d’une reconnaissance en profondeur de la région de Yen Ha, il est grièvement blessé par
        une mine et doit être évacué vers la métropole.
             Ces cinq années de guerre ont mis en évidence ses qualités de meneur d’hommes. Combattant né, il ressent
        les situations et sait les retourner à son avantage, donnant l’impulsion de la victoire. Héros de la guerre d’Indochine,
        blessé trois fois au combat, il obtient la croix de guerre des théâtres d’opérations extérieures avec 1 étoile de bronze, 2
        étoiles d’argent et 2 étoiles de vermeil. Il est décoré de la Médaille militaire le 31 décembre 1948 et fait chevalier de la
        Légion d’honneur en février 1957.
             De retour en France, il sera désigné pour un séjour colonial au Maroc, puis pour deux séjours en Algérie avec le
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        2  régiment d’infanterie coloniale (2  RIC).
             Chef  de  section  pendant  la  guerre  d’Algérie,  il  effectue  des  missions  de  reconnaissance  dans  la  région  de
        Mementche. Le 7 août 1956, à la tête de sa section, il débusque une troupe de cent vingt cavaliers, provoquant chez
        ces derniers une débandade générale. Mais les deux camions GMC de la section s’enlisent. Il poursuit alors l’assaut
        avec sa jeep, accompagné de quatre de ses camarades. Il surprend l’ennemi par son audace et le désorganise, prend
        l’ascendant, abat six rebelles et met les autres en fuite.
             Deux mois plus tard, il se distingue une nouvelle fois au combat par son caractère intrépide. Dans la région de
        Tamarout,  il  s’élance  à  la  tête  de  ses  hommes  à  la  poursuite  d’un  élément  rebelle.  Il  détruit  l’objectif  et  tue  cinq
        fellaghas.
             Pour ces faits héroïques, il obtiendra la croix de la valeur militaire avec une palme et une étoile de vermeil.
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             Après un dernier séjour au Congo au sein du 9  bataillon d’infanterie de marine (9  BIMa), il quitte le service actif
        le 6 juillet 1962 et tient avec son épouse un hôtel dans la région de Mettray, en Indre-et-Loire. En septembre 2004,
        parrainé par son compagnon d’armes, le général  Le  SEIGNEUR,  il est fait commandeur de la Légion d’honneur. Il
        s’éteint le 17 juin 2010.
             Sous-officier d’exception, choisi pour être votre parrain, l’adjudant-chef Émile LEROY pourra ainsi poursuivre sa
        mission en vous guidant dans votre métier de soldat.
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             Élèves sous-officiers de la 299  promotion de l’ENSOA, soyez fiers de votre parrain et suivez le chemin qu’il
        vous laisse en héritage, pour sa mémoire, pour la réussite de votre carrière et pour le succès des armes de la France.
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