Page 105 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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                            érémie Piffeteau est né le 3 novembre 1911 à Bournezeau, en Vendée. Très vite, il décide
                            d'entrer  dans  le  métier  des  armes.  A  l'âge  de  18  ans,  il  s'engage  au  8   régiment  de
                            zouaves  :  il  sait  qu'il  pourra  y  satisfaire  ses  idéaux  et  son  goût  de  l'action.  En  1929,  il
            rejoint son corps stationné en Algérie. Son énergie et son dynamisme sont immédiatement remarqués. Il est
            nommé caporal-chef le 16 avril 1930.
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                        En 1931, il est affecté au 2  régiment de tirailleurs marocains pour participer à la pacification du
            Maroc. Le pays est, en effet, secoué par des révoltes tribales. Au cours des combats de Tinghir, dans le
            Todgha, le caporal-chef Piffeteau sert avec entrain et dévouement. Il se distingue par sa belle conduite. Une
            semaine plus tard, à Aït Ouaritane, il est gravement blessé pendant un violent échange de coups de feu
            mais n'abandonne pas la lutte : il dirige, stimule, encourage ses hommes.
                        En  février  1932,  au  combat  de  la  palmeraie  d'Ifegh,  il  fait  preuve,  une  fois  de  plus,  d'un
            exceptionnel courage. La section est prise sous le feu ennemi. Un groupe rebelle parvient à s'infiltrer dans le
            dispositif  français.  Le  caporal-chef  le  refoule  et  abat  un  rebelle  qui  s'apprêtait  à  tirer  sur  un  officier.  Ses
                                                                                                r
            qualités guerrières alliées à un esprit d'initiative développé lui valent d'être promu sergent le 1*  janvier 1933.
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                        Peu  de  temps  après,  il  intègre  l'encadrement  du  32   goum  mixte  marocain.  Cette  unité  est
            engagée  dans  les  opérations  du  Djebel  Sagho  en  février  et  mars  1933  où  l'attitude  au  feu  du  sergent
            Piffeteau  est  encore  remarquée.  Plein  de  bravoure,  il  galvanise  ses  hommes  en  présence  d'un  ennemi
            particulièrement résolu à se défendre. Avec l'audace qui le caractérise, il n'hésite pas à porter secours aux
            blessés. Efficace, toujours en première ligne, le sergent Piffeteau place ses hommes, exhorte les uns, aide
            les autres et commande les tirs. L'adversaire subit de lourdes pertes. La victoire est totale.
                        Pendant ces périodes entrecoupées d'affrontements violents (notamment en Haut et Anti-Atlas)
            et  de  missions  de  reconnaissance,  le  sergent  Piffeteau  vit  au  plus  près  de  ses  hommes.  D'un  caractère
            ouvert, il est apprécié et très estimé de ses goumiers.
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                        Le 1  avril 1938, il est promu sergent-chef. C'est à Marrakech que la guerre le surprend. Son
            expérience et ses compétences le désignent naturellement pour prendre le commandement d'une section du
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            2  régiment de tirailleurs marocains.
                        Après  l'offensive  allemande  du  10  mai  1940,  le  2" régiment  de  tirailleurs  marocains  entre  en
            Belgique. Cinq jours plus tard, le sergent-chef Piffeteau participe à la contre-attaque à la tête de sa section à
            Gembloux. Malgré la violence du feu ennemi, malgré les éclats d'obus qui ['ont atteint au visage, il continue
            à entraîner ses tirailleurs en leur insufflant le mépris du danger et la ténacité. Refusant d'être évacué, il reste
            à  son  poste  et  poursuit  le  combat.  Animé  d'une  foi  ardente,  fidèle  à  ses  choix,  le  sergent-chef  Piffeteau
            montre une force de caractère exceptionnelle. Il se distingue aux endroits les plus exposés.

                        Le 19 mai, à Tubize, il oppose une même farouche résistance à l'avancée ennemie. Blessé par
            balle,  il  continue  le  combat  mais  tombe  aux  mains  des  Allemands.  Il  est  alors  dirigé  vers  un  camp  de
            prisonniers au nord de Bruxelles. L'ambulance dans laquelle il se trouve est la cible des balles traçantes de
            l'aviation. Le sergent-chef Piffeteau est, une nouvelle fois, blessé.
                        Il  est  emprisonné,  à  la  fin  du  mois  de  mai,  dans  une  caserne  de  Malines  en  attendant  son
            transfert en Allemagne. Malgré des conditions difficiles de détention, il trouve assez d'énergie pour déjouer
            la féroce surveillance des Allemands et parvient à s'évader le 27 août 1940. Il n'accepte pas la soumission et
            décide de poursuivre le combat.
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                        Il  rallie  le  Maroc  à  l'automne  1940  et  retrouve  le  2   régiment  de  tirailleurs  marocains.  Il  est
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            ensuite muté à la 8  compagnie de défense du terrain d'aviation à Alger.
                        Quand  le  8  novembre  1942,  les  Anglo-Américains  déclenchent  l'opération  «  Torch  »  et
            débarquent sur les côtes d'Afrique du Nord, le sergent-chef Piffeteau est de permanence. Grâce à son action
            menée de façon intelligente, aucun combat ne s'engage autour du terrain. Son brillant comportement lui vaut
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            d'être promu adjudant le 1  février 1943 puis adjudant-chef en décembre 1944.
                        Le 15 novembre 1946, il quitte le service actif
                        Pour  couronner  une  prestigieuse  carrière,  il  est  fait  chevalier  de  la  légion  d'honneur  en
            novembre 1954. Il décède en 1985.

                        Magnifique sous-officier, l'adjudant-chef Piffeteau laisse à tous ceux qui l'ont connu le souvenir
            d'un glorieux soldat et d'un camarade aux profondes qualités humaines.
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