Page 103 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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                              ierre Masson est né le 23 février 1921 à Montier-en-Der en Haute-Marne. Après
                              des études primaires suivies à Montier puis à Brausseval, il entre à l'école des
                              enfants  des  troupes  d'Autun  en  octobre  1933  et  y  termine  ses  études  au
                              moment même où la France s'apprête à entrer en guerre. La menace qui pèse
            sur son pays constitue alors une motivation supplémentaire pour accomplir ce qu'il considère être
            son devoir au service de la France. Il s'engage le 23 février 1939. Nommé caporal-chef le 23 juillet,
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            il est affecté au 150  régiment d'infanterie en août 1939.
                        Au sein de son unité, Pierre Masson se bat vaillamment face à l'ennemi et obtient une
            citation pour sa conduite au feu. Mais déjà la défaite de la France est inéluctable. Prisonnier, il est
            conduit en captivité en Allemagne au mois de juin 1940. Il est alors sergent. Il sait que sa place est
            ailleurs : il doit participer à la libération de son pays. Il s'évade en janvier 1942 et parvient à rentrer
                                                                                                            e
            en France, puis à rejoindre l'Afrique du Nord. Il s'enrôle dans l'armée d'Afrique et est affecté au 11
            régiment de tirailleurs algériens.

                        Une fois sur place, il est désigné pour encadrer des chantiers de jeunesse au camp de
            Médiouna.  Puis  à  partir  de  1943,  il  est  successivement  affecté  à  la  compagnie  de  canons
                                                                            e
            d'infanterie puis à la compagnie anti-char. A la dissolution du 11  régiment de tirailleurs algériens
            en mars 1944, il rejoint le 7° régiment de tirailleurs algériens,

                        Il rejoint ensuite la « compagnie de tradition choc du centre spécial d'organisation et
            d'instruction des unités légères d'assaut et de choc ». Nommé sergent-chef le 15 juin 1944, il y suit
            un entraînement intensif. La même année cette unité est regroupée au sein du bataillon de choc.
            Le  31  juillet  1944,  il  est  parachuté  dans  la  Drome  à  Dieulefit  à  la  tête  d'un  groupe  de  choc  et
            effectue  diverses  opérations  avec  un  courage  exceptionnel.  Le  21  août,  à  Pont-de-Claix  dans
            l'Isère, avec quelques hommes, il réussit pendant l'attaque du village à pénétrer jusqu'au P.C. du
            commandant  allemand  qui  dirige  la  contre-attaque  ;  Pierre  Masson  neutralise  tout  l'état-major
            adverse et désorganise les moyens de défense ennemie. Son audace inouïe et son sens inné du
            combat suscitent l'admiration de ses hommes et celle de ses supérieurs. Il est décoré de la croix
            de guerre avec étoile de bronze pour cette action d'éclat.

                        Après le débarquement des forces alliées sur les côtes de Provence le 15 août 1944,
            le sergent-chef Pierre Masson et son groupe rejoignent leur unité dans la vallée du Rhône afin de
            poursuivre la lutte.

                        Il est sans cesse en avant lors des combats. Les 8, 9 et 10 octobre, à la bataille des
            sapins  du  Haut-Fort  de  Château-Lambert,  près  de  Thillot  dans  les  Vosges,  il  se  révèle  un
            magnifique  entraîneur  d'hommes.  Parti  à  la  tête  d'une  patrouille  dans  les  lignes  ennemies,  il
            dévoile leur dispositif et les oblige à se replier. Les renseignements qu'il fournit à la suite de son
            action faciliteront l'assaut des lignes allemandes dans ce secteur. Il est cité à l'ordre de la division.

                        Moins d'un mois plus tard, il est volontaire pour patrouiller avec son groupe de choc, de
            jour et de nuit, dans la forêt de Chérimont, à proximité de Ronchamp dans la Haute-Saône, afin
            d'obtenir  des  renseignements  sur  les  champs  de  mines  et  les  positions  ennemies.  Mais,  le  9
            novembre 1944, en revenant d'une patrouille, le sergent-chef Masson saute sur une mine avec
            deux  de  ses  hommes.  Il  est  évacué  d'urgence  sur  l'hôpital  de  Luxeuil.  En  dépit  d'atroces
            souffrances,  il  réussit  à  faire  le  compte  rendu  de  sa  patrouille  et  exhorte  ses  compagnons  à
            poursuivre leur action jusqu'à la victoire finale. Il meurt peu de temps après.

                        Modèle de bravoure et d'audace, le sergent-chef Masson fait partie de ces hommes
            exceptionnels qui font l'admiration de tous. La médaille militaire et la croix de guerre avec palme
            sont venues rendre un dernier hommage à ce sous-officier exceptionnel aux remarquables qualités
            de chef, mort au service de la France.
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