Page 87 - Recueil Pro Patria 1 à 150
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À Oran, Lucien, d'abord découragé, se ressaisit et s'engage dans les Corps Francs d'Afrique.

                   Au cours d'une liaison qu'il effectue à Alger, Lucien prend contact à Rouïba avec le noyau de
               gaullistes résolus venus de tous les horizons. Il a l'enthousiasme spontané mais impatient. Il sait
               qu'il peut agir à  Tunis. Son uniforme et son ordre de mission un peu maquillé lui facilitent la
               tâche. Arrivé à Tunis, il est expédié à Bizerte pour prendre part à la bataille de la prise de la ville.
               C'était son baptême du feu, et il n'avait jamais encore tenu un vrai fusil.

                   Bizerte  libérée,  le  Corps  Franc  est  dissous.  -  Lucien  rejoint,  avec  quelques  camarades,
               Kairouan où siège une permanence de la: France Lib qui les dirige sur la Tripolitaine au camp de
               Sabato.

                   C'est  là  que  Lucien  va  rencontrer  son  frère  ainé  qui  a  rallié  lui  aussi  les  F.F.L.  Le
               Commandant O'Cottereau a groupe près de Tripoli des volontaires pour son 3  ème  B.I.A. Il compte
               les  réunir  à  ceux  du  Caire  pour  former  un  vrai  bataillon.  Le  frère  ainé  en  fait  partie.  Lucien
               n'hésite pas et prend part au premier convoi pour le Caire, où il retrouve son frère Gilbert.

                   Les trois frères sont réunis au 3  ème  B.I.A.
                   Le hasard semblait avoir bien fait les choses.

                   C'est ensuite l'arrivée en Angleterre. Le 3 ème  B.I.A. devient le 3  ème  R.C.P. avant de s'appeler
               le 3  ème  S.A.S.

                   C'est  l'entrainement  intensif,  la  vie  ardente  et  pleine  d'enthousiasme  de  tous  ces  garçons
               qu'anima  l'impatience  d'arriver  les  premiers  de  cette  terre  de  France  que  beaucoup  ne
               connaissent même pas, et cette pensée que chacun garde secrètement en soi, qu'il est, qu'il sera
               bientôt un héros

                   À Ringway, une base aérienne près de Manchester, les futurs parachutistes effectuent leurs
               huit sauts pour avoir le droit de porter le fameux badge et d'être certains de sauter en France.

                   C'est  là  que  Gilbert  va  subir  sa  plus  pénible  épreuve.  Jusque-là,  il  a  réussi  à  cacher  son
               infirmité. Mais un genou débile va-t-il tenir le coup ?

                   Le premier saut lui est fatal. Le genou se déboite et c'est l'épanchement de synovie redouté. Il
               surmonte sa douleur et effectue tous les autres sauts sur un pied. Personne autour de lui ne s'en
               aperçoit.

                   Mais il marche péniblement. Pourra-t-il prendre part à la bataille que l'on sent toute proche ?

                   Le hasard va encore le servir.

                   Un officier, le Lieutenant Guy de Combaud entreprend de débarquer sur le continent, avec
               ses jeeps armées de puissantes mitrailleuses  wickers, et de relier la Normandie à la Bourgogne à
               travers les lignes allemandes.

                   Il rassemble des volontaires pour cette équipée audacieuse. Gilbert saute sur l'occasion. En
               voiture,  sa  jambe  ne  l'inquiétera  plus ;  du  Moins,  le  pense-t-il,  Lucien  l'accompagne.  Ils  feront
               partie du même équipage.

                   La mission de cette unité est admirablement remplie. Parti de Normandie, le groupe passe,
               attaque et détruit, par surprise, convois, installations et communications ennemis, puis disparaît
               aussi rapidement en utilisant les voies les plus invraisemblables et les moyens les plus difficiles
               ou les plus fantaisistes.

                   C’est un cross-country  fantastique et fabuleux. L'ennemi, surpris par cette forme nouvelle de
               combat, ne réagit jamais assez vite ni avec efficacité.
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