Page 86 - Recueil Pro Patria 1 à 150
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54° Promotion
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Sergent Gilbert DJIAN
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Gilbert et Lucien DJIAN sont nés en Algérie, les derniers d’une famille de cinq enfants. Ils
ont six et trois ans, lorsque leur père revenu de la guerre, gazé et presque aveugle est, à cause de
son infirmité, victime d’un accident mortel. Ils vont à l’école de leur frère aîné, devenu à 20 ans
chef de famille. On décide qu’ils seront aussi instituteurs : ils passent de l’école primaire à l'E.P.S.
d’Oran où ils préparent tour à tour leur entrée à l'École Normale.
Mais Gilbert rêve d’aventures …
En 1939, le frère aîné est mobilisé. Gilbert, libéré de sa tutelle, s'engage pour la durée de la
guerre, dans l'aviation. Il est en France et devient sergent radio. Mais c’est bientôt la capitulation.
Le groupe d'élèves aviateurs, replié en Normandie, est fait prisonnier. Gilbert s'évade avec 990
camarades. Dans la région de Bordeaux, ils sont repris. Gilbert s’évade à nouveau et, sous un
déguisement civil, parvient aux environs de Pau où il pense trouver un abri dans un camp de
jeunesse. Il est chargé de l’éducation physique. Ce travail lui plait, il y trouve sa vocation.
Bientôt, il est sollicité pour prendre part à des compétitions sportives et il se distingue
brillamment au lancement du disque, du poids, du javelot, malgré une ancienne blessure au
genou droit qui l'oblige à se spécialiser.
Mais l'esprit de résignation et d'obéissance absolue au nouveau régime qui règne dans le
camp ne lui convient pas.
Dans les manifestations sportives extérieures au camp, il prend contact avec la résistance.
Son parti est vite pris. Il ira à Londres. Il quitte le camp sans difficulté car il a, du fait de ses
fonctions, une grande liberté. Grâce à une prime assez importante qu’il a gagnée sur le ring en
battant le champion local de boxe, il va pouvoir gagner Marseille et s'embarquer clandestinement
pour Alger.
À Oran, il retrouve sa famille : son frère aîné a été « relevé » de ses fonctions et Lucien
renvoyé de l’École normale par les lois de Vichy. Ils décident tous trois de rejoindre Gibraltar.
Deux tentatives échouent.
Gilbert ne se décourage pas. Il va bientôt prendre à nouveau contact avec la résistance et,
sous le couvert du sport qu'il pratique toujours, il organise un petit noyau de jeunes sportifs qui,
sous sa direction, va prendre une part efficace au débarquement des Alliés en Afrique du nord en
1942.
Alors les évènements se précipitent. Gilbert rejoint l’Armée de l’Air de Blida. Il gagne à sa
cause deux de ses camarades, les décide à agir et, un jour, ils réussissent tous les trois à s’envoler.
Après bien des péripéties, Gilbert arrive seul en Syrie. Il trouve un petit groupe de soldats
gaullistes, que le Capitaine Fournier va bientôt prendre en main. Gilbert est encore chargé de
l'Éducation Physique. Cette fois, c'est dans l'enthousiasme qu1il travailla. Il obtient vite des
résultats surprenants.
Mais bientôt, le sport ne suffit plus. Le Capitaine Fournier conduit son groupe au Caire où se
sont rassemblés des « Free French » qu’un officier, le Commandant O'Cottereau, véritable
condottiere, a gonflé à bloc en leur faisant espérer qu'ils seront en Angleterre dans quinze jours.
Le bataillon, s’il n’a pas encore l'effectif nécessaire, a déjà un nom : le 3 ème bataillon d’Infanterie
de l’Air