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E N S O A
S’ÉLEVER PAR L’EFFOR T Adjudant Georges Yvan ANDRÉ
eorges Yvan André dit Géo naît le 13 août 1889 dans le huitième arrondissement de Paris.
Il est le fils de François Louis André et de Louisa Monnard. Pensionnaire dans un collège
Gconçu sur le modèle des institutions anglaises chères à Coubertin, Géo prend conscience
dés l’âge de 10 ans que la volonté, l’amour propre, l’audace et la confiance en soi font l’étoffe des champions,
ce qu'il aspire à devenir.
Pratiquant de nombreuses disciplines, il est sélectionné à l’âge de
16 ans pour les championnats inter-scolaires et inter-facultés et remporte le
concours de la hauteur avec élan. Sélectionné sous les couleurs du stade
français pour les championnats de France d’athlétisme, il obtient le 20 mai
1907 son premier titre en battant le record de France à la hauteur. La presse
sportive voit alors en lui un futur champion d’athlétisme. Sélectionné aux
championnats de France, il offre au public le 5 juillet 1908 les prémices d’une
glorieuse destinée, en remportant la hauteur avec élan et le 110 m haies en
15,8 secondes à 4/10 du record du monde. Il est ainsi 2 fois champion de
France et vice champion de France au saut sans élan à l’âge de 18 ans.
Sélectionné en saut en hauteur pour les Jeux olympiques de Londres 1908,
Géo se retrouve face aux meilleurs mondiaux. Géo André devient alors vice-
champion olympique, il dépasse 4 fois de suite son propre record de France
de plus de 10 cm en une seule journée, record qui tiendra 14 années.
Brillant en sport, Géo André l’est aussi dans les études. Il entre à l’école
supérieure d’électricité (Supélec) et à l’école supérieure d’aéronautique
(Supaéro) dont il sera diplômé. Mais ses passions ne s’arrêtent pas là. Il est aussi, comme on le dénomme à l’époque, un
« fou volant ». Pilote dés 1908, une partie de sa vie sera aussi consacrée à la conquête de l’air.
En 1909, il est encore champion de France d’athlétisme
avant d’être appelé sous les drapeaux le 4 octobre 1910 au
103 régiment d’infanterie pour 2 ans, ce qui ne l’empêche
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nullement le 18 juin 1911 d’être encore deux fois champion de
France, puis de participer au JO de Stockholm en 1912, d'être
sélectionné au sein du XV de France et de se voir décerner le
titre de meilleur athlète complet de 1914. Durant ces années
1913 et 1914, Géo est sélectionné 7 fois dans le XV tricolore,
soulevant l’enthousiasme de la foule et forçant l’estime des
vainqueurs. Côté athlétisme, il se révèle être un véritable
phénomène, digne d’être opposé aux meilleurs athlètes
mondiaux et devient à 24 ans l’une des plus grandes figures
de l’athlétisme français. Pourtant, la situation géopolitique va
bouleverser l’ordre mondial et sa carrière.
Le 3 août 1914 l’Allemagne déclare la guerre à la
France. Géo André est mobilisé le 4 août au 103 régiment
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d’infanterie qui, le 22 août, subit le choc de l’armée allemande à Ethe en Belgique. Face à cet ennemi très supérieur en
nombre aidé d’une puissante artillerie, le régiment perd 60 % de ses effectifs. Nommé caporal le 24 août, il s’illustre le
25 août 1914 en ralliant à lui « ...une cinquantaine d’hommes d’une unité voisine et les a ramenés en ordre de combat.
À été blessé le 1 septembre alors que de nouveau il ramenait au feu des hommes d’un autre régiment qui marquaient un
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mouvement de recul. Sous-officier d’une énergie et d’un courage rare ». Il est cité à l’ordre de la brigade et obtient la Croix
de guerre 1914-1918 avec étoile d’argent. Nommé sergent le 2 septembre 1914, il est porté disparu dès le lendemain. En
effet, blessé 3 fois dont une balle à la tête et une dans la cheville, il est capturé et acheminé en Allemagne. Sa captivité
va être ponctuée de transferts de camp de représailles en camp de travail à travers toute l’Allemagne et la Biélorussie.
Il réussit son évasion, rentre en France et rejoint le 29 septembre 1917 le 35 régiment d’infanterie territoriale afin de
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poursuivre le combat et libérer son pays. Fort de son brevet d’ingénieur et de pilote civil, il intègre l’aviation militaire au sein
de la 1 compagnie du 1 groupe d’ouvriers d’aviation d’Etampes le 7 octobre 1917 pour y être breveté pilote en janvier
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1918. En avril, il est affecté au service des fabrications de l’aviation (SFA), à la direction « invention ». Mettant à profit ses
compétences d’ingénieur, il invente un correcteur de tir pour les aéronefs armés de mitrailleuses. Puis il rejoint le bataillon
de Joinville pour servir comme moniteur. En parallèle, il renoue avec le rugby et le XV de France.
Militaire, inventeur, sportif de haut niveau, il est aussi chroniqueur et critique sportif. Il écrit dans de nombreuses
revues telles que Le Miroir des sports, l’Excelsior, La Vie au grand air ainsi que dans des quotidiens comme l’Intransigeant
et La France Libre. Plus tard il crée L’Almanach Sportif (L’AS). Captif pendant 3 années, il tient aussi à rendre hommage
aux prisonniers français et témoigner de leurs résistances derrière les barbelés. Il publie alors Ma captivité en Allemagne
dont la presse fait un large écho et profite de sa notoriété pour réaliser des collectes au profit des blessés de guerre.
L’Armistice signé, Géo est porte-drapeau aux olympiades militaires et de retour aux premiers championnats de
France d’athlétisme depuis la Grande Guerre. À force de volonté, de rééducation et d’entrainement, il a retrouvé le plus
haut niveau de compétition. Quadruple champion de France en 2 jours, il est assurément le sportif le plus accompli de son
époque.