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champ de bataille, à tel point que même en infériorité  sont assez classiques pour l’époque : une masse, des
       numérique, la seule présence des Templiers peut faire  arcs et  des flèches, voire  des lances. L’équipement
       basculer la situation.                                 l’est tout autant : une cuirasse, un casque léger, et, à la
            En Occident, c’est Philippe Auguste qui va faire  fin du Moyen Âge, un cabasset et un heaume lorsqu’ils
       évoluer le sergent en créant un corps d’élite, qui ne  partent en guerre. Il existait déjà  des gardes  du roi,
       sera plus l’auxiliaire  d’un chevalier.  En  effet,  à  son  à savoir les huissiers  d’armes, chargés  de garder
       retour de Terre Sainte en 1191, le roi de France institue  l’intérieur de la demeure royale, et les portiers, chargés
       des hommes en armes afin de protéger sa personne.  de la garde extérieure, mais le fait que les sergents
       D’après  les Chroniques  de Saint-Denis,  Philippe  d’armes constituent une garde personnelle et itinérante
       Auguste, désirant  attaquer les possessions  du roi  est une innovation témoignant de la militarisation du
       d’Angleterre, révèle des lettres écrites en Terre Sainte  sergent tout au long du Moyen Âge.
       dans lesquelles on apprend que Richard Cœur de Lion,        Entre le XVI  et le XVIII  siècle, les fonctions du
                                                                               e
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       de concert avec le Vieux de la Montagne - le chef de  sergent vont  se préciser.  Il  devient, au XVI   siècle,
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       la secte des Assassins – aurait envoyé des assassins  l’intermédiaire entre le capitaine et la troupe au sein des
       pour le tuer. Soucieux  de se prémunir  de toutes  légions de François I , assurant ainsi la transmission
                                                                                   er
       attaques, il réunit ses barons, leur montre les lettres et  des ordres et  l’encadrement.  Ce n’est qu’au XVIII e
       crée des «  gardes de son corps  », désignés parmi ceux  siècle que l’État va définir le corps des bas officiers,
       qui lui sont le plus fidèle. Ces hommes, présents jours  auquel appartient le sergent.  Apparaît alors une
       et nuits, accompagnent le roi dans ses déplacements.  spécialisation des sergents et l’intégration de ceux-ci
       Ils sont très vite appelés serviens armorum (sergents  dans une hiérarchie militaire précise, permettant une
       d’armes) car ils portent de grandes masses de fer ou  progression dans leur carrière.
       de cuivre. Les différentes enluminures  et  bas-reliefs
       encore conservés aujourd’hui nous informent un peu          Aspirant Pierre Grandjean
       plus sur l’équipement de ce nouveau corps. Les armes        Responsable de la médiation au Musée du Sous-officier








































                  Bataille de La Forbie (1244) avec, à droite, le gonfanonier  de l’Ordre du Temple, un dignitaire sergent, tenant le baucent noir et blanc.
                                                      (2)
                               Cambridge, Corpus Christi College, MS 016II : Matthew Paris OSB, Chronica maiora II, f. 171 v.







            1) Turcoplier : à l'origine, le turcoplier, parfois appelé le vice-maréchal, était subordonné au grand maréchal. En 1303, il fut élevé
       au rang de bailli conventuel. À la disparition de la langue d'Angleterre, en 1540, la dignité ne disparaît pas, elle est confié à un chevalier
       anglais. Le turcoplier a la responsabilité de commander aux sergents d'armes.
            2) Gonfanonier : il est le porteur du gonfanon, morceau d'étoffe quadrangulaire, comme la bannière, ou terminé par des pointes. Il était attaché
       à la hampe ou au fer d'une lance et pouvait y être enroulé. On disait, « fermer » le gonfanon, pour l'attacher à la hampe.
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