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Un fusil des bataillons scolaires

dans les réserves du musée

Avec le chantier de modernisation du musée,
l’association souhaite donc mettre à profit les mois
de travaux pour vous faire découvrir ou redécouvrir
des pièces rarement sorties des réserves du Musée
du Sous-Officier. Tous ces articles offriront aussi
l’opportunité d’aborder l’histoire qui gravite autour de
ces objets. Le premier de ces articles est consacré à
une pièce unique dans les collections : un fusil des
bataillons scolaires.
Avant de présenter l’histoire de cette « arme »,
il nous faut nous remémorer le contexte historique.
La guerre franco-prussienne qui s’échelonne entre
le 19 juillet 1870 et le 28 janvier 1871 laisse, dans la
société française, un profond sentiment d’amertume et
un vif esprit de revanche. Le manque d’instruction des
conscrits est mis en avant comme l’une des principales
causes de la défaite. À partir de 1879, avec l’arrivée
des Républicains au pouvoir, une politique scolaire
dynamique est perceptible à travers l’enseignement
patriotique et militaire. Cette éducation vise à créer un
citoyen connaissant ses devoirs envers la patrie (devoirs
civiques pour assurer la légitimité de la République et
devoirs militaires pour préparer une éventuelle guerre).
L’objectif est de transmettre aux enfants les valeurs de
l’armée (obéissance, discipline…) et de leur donner
une première connaissance des exercices militaires Planche d’imagerie d’Épinal ayant comme sujet :
afin de rendre le service militaire plus efficace. les bataillon scolaire. Coll. privée
C’est ainsi que la loi du 28 mars 1882, introduit
pour les garçons, dans l’enseignement primaire y prendre part, seront conduits au stand ou au champ
obligatoire, les exercices musculaires qui deviennent de tir et y seront exercés avec le fusil scolaire spécial ».
une matière d’enseignement à part entière tout comme Le décret du 6 juillet 1882 relatif à la création de
la gymnastique. bataillons scolaires dans les établissements primaire
Pour donner corps à cet état d’esprit, les lois et secondaire se base sur un rapport des ministres
Jules Ferry sur l’école primaire, votées sous la jeune de l’Instruction public et des Beaux-Arts (Jules Ferry),
IIIe République, rendent l’école gratuite et instituent les de la Guerre (Jean-Baptiste Billot) et l’Intérieur (René
bataillons scolaires. La pierre angulaire de cette réforme Goblet) cadre un peu plus ce choix éducatif. Il identifie
est dans le décret du 6 juillet 1882 : « Tout établissement que les réunions de l’école publique comptant 200 à
public d’instruction primaire ou secondaire ou toute 600 élèves de 12 ans et plus pourront porter le nom
réunion d’écoles publiques comptant de deux cents de bataillon scolaire. Ce même décret prévoit aussi
à six cents élèves, âgés de douze ans et au-dessus l’organisation de commissions départementales où les
pourra, sous le nom de bataillon scolaire, rassembler autorités militaires sont majoritaires.
ses élèves pour les exercices militaires pendant Dans l’arrêté du 27 juillet 1893 signé par
toute la durée de leur séjour dans les établissements Raymond Poincaré, nous observons une nouvelle
d’instruction. Le bataillon scolaire ne pourra être armé évolution de ce programme : « Pour les élèves âgés
que de fusils conformes à un modèle adopté par le de plus de 10 ans : exercice de tir à 10 mètres à la
Ministre de la Guerre. Ces fusils devront présenter les carabine Flobert ».
trois conditions suivantes : n’être pas trop lourds pour Trois catégories de fusils sont identifiables :
l’âge des enfants, comporter tout le mécanisme du • Les fusils de maniement en bois ou bois et
fusil de guerre actuel, n’être pas susceptible de faire tôle pour les exercices de maniement d’armes
feu, même à courte portée. Les fusils seront déposés dans les cours des écoles ;
à l’école. Pour les exercices de tir à la cible, les élèves • Les fusils avec canon fonctionnel autorisant
des bataillons scolaires, âgés de 14 ans au moins et l’utilisation d’amorce de chasse simulant ainsi
que l’instructeur en chef aura désignés comme aptes à le tir ;