Page 97 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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                             rmand CARRÉ est né le 4 janvier 1928 aux Lilas en région parisienne. En août 1944, désireux de
                             participer au combat contre l'occupant et se trouvant dans la ville de Bayeux tout juste libérée, il
                             choisit de s'engager. Avec son unité il participe aux durs combats de la libération en Normandie
            et jusqu'en Alsace, puis à la campagne d'Allemagne.
                        Dès la fin de la guerre, les Français retournent en Indochine. Armand CARRÉ y est envoyé en juin 1946,
                                                                  ère
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            avec  la  353   compagnie  du  train.  En  juin  1947  il  est  nommé  1   classe  et  affecté  au  groupe  de  transport  518.  Il
            participe  aux  convois  qui  ravitaillent  les  postes  éloignés,  essuyant  les  multiples  et  meurtrières  embuscades  de  la
            nouvelle rébellion Viêt-Minh.
                                                                                                    er
                        Après  un  séjour  en  métropole,  Armand  CARRE  se  rengage  le  13  mai  1949  au  titre  du  1   bataillon
            colonial de commandos parachutistes avec le grade de caporal, puis de caporal-chef. Il repart pour ['Indochine en
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            novembre 1949 et est nommé sergent le 1  octobre 1950.
                        Le 19 avril 1951 au Tonkin, alors que sa section aborde le village d'An-Lao fortement tenu par les Viêt-
            Minh, le sergent CARRÉ manœuvre avec une audace raisonnée, sous un feu adverse nourri et dense, infligeant des
            pertes sensibles à l'adversaire. Blessé par balle au cours de l'action il reste sur place jusqu'à la fin de l'engagement,
            galvanisant ses hommes par son courage. Il ne se laisse évacuer que le lendemain.
                        La croix de guerre des théâtres d'opérations extérieurs avec étoile de vermeil est attribuée au jeune
            sous-officier pour cet acte de bravoure.
                                                                                                            e
                        Le sergent CARRÉ demande à prolonger de six mois son séjour en Indochine et est alors affecté au 5
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            opération de sécurisation sur la route coloniale n°6, le sergent CARRÉ découvre un point suspect et décide de partir
            seul en zone contrôlée par le Viêt-Minh pour l'explorer. Se glissant jusqu'au point de franchissement d'une rivière, il
            abat un guetteur ennemi, récupère son arme et des documents. Suite à cette action, l'ennemi se replie du secteur.
                        Le sergent CARRÉ reçoit une seconde étoile de vermeil à sa croix de guerre des théâtres d'opérations
            extérieurs. Sa magnifique attitude au feu et ses qualités de chef de groupe lui valent l'admiration et l'estime de ses
            chefs et de ses camarades.
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                        Rentré  en  métropole  en  juin  1952,  le  sergent  CARRÉ  se  rengage  en  octobre  au  titre  de  la  V   demi-
            brigade de commandos coloniaux parachutistes et repart pour l'Indochine en mai 1953. Il fait partie du détachement
            de renfort du 8* bataillon de parachutistes coloniaux. Le 23 septembre 1953 dans le cadre de l'opération <i Hirondelle
            », il participe au combat de Duong Phu au Tonkin. Efficace, toujours en première ligne, le sergent CARRÉ entraîne ses
            hommes à l'assaut et cause au Viêt-minh des pertes sensibles. Il est une nouvelle fois récompensé par l'attribution de
            la croix de guerre des théâtres d'opérations extérieurs avec étoile de bronze.
                        Lors des opérations « Brochet » dans le delta et « Castor » sur Diên Bîen Phû, le sergent CARRÉ se fait
            remarquer par son caractère affirmé, son talent et son courage qui lui valent une aura de guerrier parmi ses pairs et
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            ses hommes. Dans le camp retranché de Diên Bîen Phû, la 16  compagnie dont il fait partie participe à toutes les
            reconnaissances éloignées, puis à toutes les contre-attaques destinées à dégager les points d'appuis menacés. CARRÉ
            est chargé de monter une section d'assaut regroupant 36 voltigeurs d'élite ; sa mission sera de créer des brèches dans
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            les  dispositifs  ennemis,  pour permettre  l'engagement  du  reste  de  la  compagnie.  Excellent  meneur  d'hommes,  le
            sergent CARRÉ ne manque jamais de volontaires pour le suivre dans ces corps-à-corps acharnés, face à un ennemi
            toujours plus nombreux ; son rayonnement et son courage, le respect que lui témoignent ses subordonnés et ses
            chefs sont autant de preuves de sa valeur.
                        Suite  à  une  action  particulièrement  brillante,  le  15  février  1954,  le  sergent  CARRÉ  reçoit  la  croix  de
            guerre des théâtres d'opérations extérieurs avec étoile d'argent. En un mois, la 16° compagnie perdra 80 % de ses
            hommes, son capitaine et tous ses chefs de section.
                        Fin mars, les combats se durcissent. Le 31 r appuyée par le reste de la compagnie et par des chars, la
            section CARRÉ monte à l'assaut de Dominique 2, dont le Viêt-Minh vient de s'emparer. Blessé par des éclats lors de la
            mise en place, CARRÉ poursuit sa mission victorieusement. Alors qu'il organise la position reconquise de haute lutte, le
            sergent CARRÉ est tué. Forcés de se retirer devant la pression Viêt-Minh, les survivants de sa section emmènent son
            corps. Au milieu des combats qui se poursuivent, ils l'enterrent et lui rendent les honneurs militaires sur Eliane 10,
            avant de repartir pour un nouvel assaut.
                        Magnifique sous-officier qui a été toujours à la pointe des combats de 1944 à 1954, le sergent CARRÉ
            offre l'exemple d'un meneur d'hommes, au charisme et à la valeur reconnus, forçant le respect de ses chefs comme
            de ses subordonnés. Il est titulaire de la médaille militaire à titre posthume.
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