Page 89 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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                             rançois Arzel est né le 25 février 1921 à Plouzané dans le Finistère. Il est fils d'un officier
                             marinier. Après de très bonnes études primaires, il sert comme menuisier à l'arsenal de
                             Brest. Le 17 juin 1940, alors que les Allemands approchent de la ville, il apprend que le
            Meknès,  navire  civil,  doit  appareiller  pour  l'Angleterre,  et  accepte  à  son  bord  tous  ceux  qui  refusent
            l'occupation. Sans hésiter, il embarque. En route pour Southampton, le 18, il apprend qu'un général français
            invite à le rejoindre ceux qui veulent poursuivre la lutte. Déterminé et plein d'espoir, François Arzel a pris le
            chemin de l'honneur. Il incarne, parmi tant d'autres, cette France courageuse qui refuse de se rendre et qui
            défie le destin par la volonté et le sacrifice de ses soldats.
                        Quelques jours plus tard, François Arzel rejoint l'Olympia Hall de Londres où sont rassemblés
            les  volontaires  gaullistes.  Les  Forces  Françaises  Libres  sont  nées.  Ce  n'est  encore  qu'un  embryon  mais
            l'énergie et l'enthousiasme des premiers combattants ne manquent pas. François Arzel et ses camarades
            vont  suivre  dans  les  camps  anglais  une  instruction  militaire  intensive.  Au  mois  d'août,  quand  elle  rejoint
            l'Afrique, base de la reconquête nationale, cette armée libre compte déjà 7000 hommes dans ses rangs. A
            l'entraînement et dans les exercices quotidiens, François Arzel étonne par son endurance et rayonne par
            son esprit d'initiative et son autorité naturelle : il a l'étoffe d'un chef. Ses qualités lui valent d'être rapidement
            promu sergent. Il a tout juste vingt ans.
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                        En juin 1941, il est affecté au 5  bataillon de marche stationné au Cameroun. Durant huit mois
            encore,  il  instruit  et  forme  de  jeunes  tirailleurs  qui  l'apprécient  pour  son  sens  des  relations  et  son
            dynamisme.  En  mars  1942,  le  bataillon  s'élance  pour  son  long  périple  à  travers  le  continent  africain.  Il
            traverse le Congo Belge, le Soudan et l'Egypte. Il faut d'abord affronter les rigueurs climatiques, la soif et le
            désert.  Mais  cette  avancée  dans  des  régions  inhospitalières  forge  l'âme  collective  des  équipages  de  la
            colonne et endurcit le cœur de ces hommes fiers, qui arborent le drapeau frappé de la Croix de Lorraine.
                        Après un séjour de deux mois au Levant, le sergent Arzel est engagé avec son bataillon à El
            Alamein. L'affrontement est violent. Toujours à la pointe des combats, il est blessé au bras par l'explosion :
            une mine, le 5 novembre 1942. Il est évacué sur l'hôpital du Caire mais n'attend pas sa guérison complète :
            il rejoint son unité à Tobrouk et se lance avec elle dans la campagne de Tunisie. En attendant les prochains
            affrontements, le sergent Arzel s'occupe de l'instruction de ses hommes dans les sables brûlants du désert.
            Très vite, il gagne l'adhésion des ses tirailleurs venus des quatre coins d'Afrique. Le sergent Arzel et ses
            hommes  se  distinguent  particulièrement  à  Takrouna  qui  consacre  l'effondrement  des  forces  germano-
            italiennes en Afrique du Nord.
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                        Après onze mois de préparation, le 5  Bataillon de marche s'embarque en avril 1944 pour l'Italie
            où il va renforcer le corps expéditionnaire français du général Juin engagé dans le dernier acte de la bataille
            du Garigliano : il faut faire sauter le verrou allemand qui ferme la route de Rome. Sous les bombardements,
            le sergent Arzel fait preuve d'un sang-froid exemplaire ; il réconforte, stimule et communique à ses tirailleurs
            son énergie et son impulsion hors du commun. Ses hommes se battent avec ferveur et acharnement. Le 4
            juin enfin, la capitale italienne est libérée. Dans leur retraite, les troupes allemandes lancent de redoutables
            contre-attaques. Le bataillon du sergent Arzel leur répond par des charges furieuses, et le 13 juin, atteint
            Monte Fiascone et se rue sur les défenses allemandes. Sous un déluge de feu, le sergent Arzel est blessé
            une nouvelle fois alors qu'il dirige l'assaut à la tête de son groupe. En récompense de sa bravoure, il reçoit la
            croix de guerre. Il refuse une nouvelle fois toute convalescence, pour ne pas manquer le débarquement de
            Provence. Le 8 août 1944, il embarque à Tarente.
                        Huit jours plus tard, sur le sol national retrouvé, le sergent Arzel et ses compagnons sont au
            cœur  de  la  bataille  de  Toulon.  Les  Allemands  opposent  une  âpre  résistance  sur  les  hauteurs  de  la  ville.
            Dans une succession d'attaques sanglantes, le sergent Arzel montre une fois de plus son abnégation et son
            sens avisé du terrain. Pour appuyer leurs offensives, les troupes françaises exécutent des tirs foudroyants
            sur le Mont Redon. L'adversaire résiste mais doit se replier. La ville est libérée le 23 août, après ces âpres
            combats.  La  conduite  exceptionnelle  du  sergent  Arzel  lui  vaut  d'être  cité  deux  fois  à  l'ordre  des  troupes
            françaises et une fois à l'ordre de l'armée américaine.
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                        L'épopée  du 5  bataillon de marche se poursuit dans la vallée  du Rhône, puis vers l'Alsace,
            mais l'ennemi s'est installé sur les contreforts des Vosges où il espère tenir tout l'hiver. François Arzel qui a
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            été promu sergent-chef le 1  octobre 1944, est chargé de mener de front l'instruction de jeunes recrues, et
            des  actions  que  le  froid  et  la  neige  rendent  difficiles.  Le  19  novembre,  l'attaque  générale  commence,  la
            section Arzel pénètre en tête dans le dispositif allemand. Alors qu'il regroupe ses hommes, le sergent-chef
            Arzel est foudroyé par un tir. Il décède peu après.
                        Sous-officier d'une exceptionnelle bravoure, François Arzel plaçait la France au-dessus de tout.
            La légion d'honneur, la croix de la libération sont venues rendre un dernier hommage à ce sous-officier mort
            à 23 ans.
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