Page 85 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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afalda Motti est née le 23 juin 1915 à Albertville en Savoie. Issue d'une famille de
six enfants, elle possède une personnalité dynamique, et pratique beaucoup de
sports, notamment le cyclisme. Sa gentillesse lui vaut de nombreux amis. En
1939, lorsque la guerre éclate, elle est ouvrière repasseuse dans sa ville natale. Très tôt, elle décide de
participer à la lutte contre l'occupant. Elle abandonne tout pour rallier avec élan et enthousiasme la
résistance. Elle commence par assurer des liaisons de recrutement et d'organisation, puis elle participe
à l'impression et la diffusion de la presse clandestine. Mafalda Motti se fait remarquer par son courage,
son dévouement et ses qualités de chef et d'organisatrice.
Un peu plus tard, elle distribue aux premiers groupes de résistants en Dauphiné, les
explosifs que les mineurs prélèvent dans les magasins de la mine. En 1943, sous le nom de Simone,
elle abandonne complètement la vie légale et plonge dans la clandestinité. Avec le groupe des francs-
tireurs et partisans du Rhône, elle poursuit, essentiellement en Dauphiné, le transport périlleux d'armes
et de munitions. Son existence est rude, marquée par une discipline quasi-militaire ; elle s'endurcit
chaque jour à cette vie rustique dans un milieu d'hommes. Elle développe son goût de l'action, sa
volonté et galvanise son groupe qui n'a qu'un seul but : participer à la libération de la France.
Toujours volontaire pour les missions dangereuses, elle participe à de multiples actions
contre l'ennemi, et parfois les dirige.
Le 23 août 1944 à Villeurbanne, à la tête de son groupe, elle attaque à la grenade une
colonne allemande, contribuant à déclencher l'insurrection.
Le 31 août sur le champ de bataille de Pusignan, elle remplace son commandant
grièvement blessé. Sa tenue au feu et l'ascendant qu'elle possède sur ses hommes et ses femmes lui
permettent de rentrer victorieuse à Lyon en tête du bataillon.
Après le débarquement de Provence, Mafalda Motti s'engage pour la durée de la guerre.
Rapidement ses qualités sont reconnues et elle est dirigée vers l'école des cadres de Thoncry. A sa
sortie, elle part en Tchécoslovaquie pour accueillir les déportés survivants des camps de la mort.
La guerre finie, Mafalda Motti se porte volontaire pour servir à l'école des troupes
aéroportées de Pau. Elle est nommée sergent le 22 janvier 1950 et sergent-chef le 15 octobre 1951. Le
22 mai 1953, elle débarque à Saigon, affectée aux forces terrestres du Nord-Viêt-nam pour servir à la
compagnie autonome de garnison à Haiphong. Elle rejoint ensuite le groupement des points sensibles.
Le sergent-chef Motti y fait preuve des mêmes qualités que pendant la résistance. En toutes
circonstances, elle demeure souriante, calme et dévouée, sa force morale impressionne.
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En 1954, elle rejoint Saigon et la 71 compagnie de quartier général.
En juillet 1955, Mafalda Motti rentre en France, mais ne pouvant se satisfaire de la vie
métropolitaine sédentaire, elle demande à repartir. Ses vœux sont exaucés et elle part pour l'Algérie,
affectée à la 191" compagnie de réparation des parachutes à Sétif.
En 1959, elle rejoint l'Etablissement de réserve du matériel à Alger où elle servira jusqu'en
1961, évoluant dans un climat d'insécurité et de tension, participant de manière indirecte au maintien de
l'ordre dans ce pays troublé. Toujours volontaire pour servir la France, elle quitte alors l'Algérie pour
rejoindre le Sénégal où elle intègre la compagnie de spécialistes de la zone outre-mer numéro 1 à
Thies. Elle prend part au soutien direct des unités françaises stationnées sur le territoire sénégalais.
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Le 1 octobre de la même année, elle est nommée adjudant.
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Le 25 octobre 1963, l'adjudant Mafalda Motti rentre en France et rejoint son unité, la 191
compagnie de réparation des parachutes à Montauban. Sa compagnie est chargée du soutien matériel
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de la 11 division aéroportée. Elle est nommée adjudant-chef le 1 janvier 1969.
En 1970, après 27 années passées au service de la France, l'adjudant-chef Motti prend sa
retraite qu'elle consacre au service des autres. Elle s'éteint le 27 janvier 1975 à l'hôpital militaire de
Toulouse des suites d'une longue maladie qui a réussi là où tous ceux qu'elle a combattus avaient
échoué. Mafalda Motti laisse à tous ceux qui l'ont connue le souvenir d'un grand soldat et d'une
camarade aux qualités humaines remarquables.
L'adjudant-chef Motti était titulaire de la médaille militaire.