Page 81 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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guyên Van Quy est né le 28 juin 1936 à Gia-Duih, près de Tourane en Indochine
française. A 13 ans, il décide de rejoindre l'école des enfants de troupe au Cap
Saint-Jacques en Cochinchine. En faisant ce choix, il sait qu'il pourra satisfaire
sa soif d'idéal et d'action. Cette institution qu'il intègre a pour but d'aider les enfants des militaires
indochinois de condition modeste et de venir au secours des orphelins dont les proches parents
ont été tués dans des opérations militaires. Elle constitue également une aide au recrutement dans
les troupes mixtes de l'Indochine française.
Nguyên Van Quy a grandi dans un pays en guerre. Dans cette école, il est avide
d'apprendre et veut bénéficier d'une formation et d'une éducation de combattant de qualité. Il
désire appliquer la devise de l'école : « s'instruire pour servir ». D'emblée, Nguyên Van Quy se
reconnaît dans la grande famille des écoles d'enfants de troupe indochinois qui ignorent les
problèmes de races et de religions. Il s'intègre parfaitement dans sa nouvelle vie grâce à son sens
de la collectivité. Ses camarades gardent de lui l'image d'un adolescent au beau visage, frondeur,
espiègle, favorisant la cohabitation des différents peuples de la péninsule indochinoise.
Tous les principes de vie qui guident Nguyên Van Quy durant ces cinq années
augmentent sa foi en l'avenir. Le jeune adolescent reçoit une instruction militaire poussée conçue
dans un sens interarmes aussi large que possible. Il s'adonne à toutes les activités sportives qui
favorisent son épanouissement. Certaines valeurs comme le dépassement de soi et la solidarité se
développent en lui. Ses instructeurs ne tardent pas à remarquer sa vivacité d'esprit et son ardeur
au travail. Il passe avec succès les différents examens et il est nommé sergent en 1955.
Sa sortie de l'École, à 18 ans, précède la fin de l'existence de cet établissement après
le départ des derniers soldats français d'Indochine en 1956. Nguyên Van Quy, qui ne peut
s'exprimer pleinement que dans l'action collective, saisit l'opportunité qui est offerte aux militaires
de nationalité vietnamienne de rejoindre les forces de l'union française. C'est ainsi qu'il choisit le
service de la France avec une poignée de ses camarades de promotion. Il quitte son pays natal
pour rejoindre la terre d'Algérie où la France se bat. Ce choix correspond à sa profonde vocation,
renforcée par l'éducation reçue à l'école d'enfants de troupe.
Fin 1956, en Algérie, le sergent Nguyên Van Quy fait partie du commando Dam San du
e
22 régiment d'infanterie coloniale, unité regroupant la plupart des Indochinois. Son sens des
relations, allié à une énergie hors du commun, le désignent naturellement pour commander une
demi-section. Celle-ci est chargée de s'infiltrer entre les points d'appui des fellaghas réfugiés dans
les monts de Constantine, puis de multiplier les opérations de harcèlement. Au cours de ses
nombreux accrochages, le sergent Nguyên Van Quy entraîne ses hommes avec audace et les
stimule par son sang-froid et son courage. De coups de force en actions d'éclat, la demi-section
Nguyên Van Quy poursuit, sans relâche, les raids sur les sites logistiques de l'ennemi et s'en
empare causant de lourdes pertes.
Cependant, le 29 avril 1958, à Souk Ahras, la demi-section tombe dans une
embuscade. Sous un feu violent, le sergent Nguyên Van Quy galvanise la résistance de ses
hommes : les assauts de l'adversaire se brisent sur l'âpre défense, conduite par le jeune sergent.
Alors qu'il donne ses derniers ordres, le sergent Nguyên Van Quy est atteint par une rafale de
mitrailleuse. Il meurt peu après dans les bras de son camarade de promotion de l'école d'enfants
de troupe, envoyé par son commandant de compagnie pour le soutenir.
En s'engageant dans l'armée, le sergent Nguyên Van Quy avait choisi de servir la
France. La disparition de ce soldat à l'âge de 22 ans a fait honneur au corps des sous-officiers et à
la famille des enfants de troupe. La médaille militaire et la croix de la valeur militaire avec palme
sont venues rendre un dernier hommage à ce sous-officier, modèle de passion et de dévouement,
qui plaçait la France au-dessus de tout.