Page 263 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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Adjudant-chef Ambroise MORIZUR


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                              MBROISE  MORIZUR  est  né  le  06  juillet  1924  à  Saint-Pol  de  Léon  dans  une
                              famille de maraîchers. Il a quinze ans lorsque la tourmente emporte la France.
                              Ambroise MORIZUR n'est pas de ceux qui se résignent, qui capitulent ou qui
            collaborent. Trop jeune pour se battre, il assiste, furieux et impuissant, à l'occupation du pays.

                        A  dix  neuf  ans,  après  avoir  été  réquisitionné  d'office  pour  l'édification  du  mur  de
            l'Atlantique  par  l'organisation  TODT,  il  choisit  de  servir  son  pays  en  s'évadant  de  la  France
            occupée.  Il  rejoint  l'Angleterre  à  bord  d'un  cotre  pour  s'engager  dans  les  Forces  Aériennes
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            Françaises  Libres.  Breveté  parachutiste  en  1943,  il  rejoint  le  1   squadron  du  2   Régiment  de
            Chasseurs Parachutistes à Camberley. L'entraînement et la vie rustique qu'il mène correspondent
            parfaitement à ce qu'il a souhaité.
                        Le 07 juin 1944, il est parachuté en Bretagne dans la région de Saint Marcel. Pendant
            une  dizaine  de  jours,  il  va  entraver  l'acheminement  de  renforts  allemands  vers  le  front  de
            Normandie en sabotant des voies ferrées. Il se distingue particulièrement en détruisant une voie
            ferrée  au  passage  d'un train  transportant  un renfort  de troupes  dans  la nuit  du  07 juin  1944.  Il
            rejoint ensuite le maquis de Saint-Marcel afin d'y parfaire l'instruction des maquisards. Peu après,
            les  Allemands  investissent  la  zone  pour  liquider  le  maquis.  Peu  aguerris  et  manquant  d'armes
            lourdes, les maquisards encadrés par les parachutistes sont dispersés. Poursuivant sa mission,
            malgré  le  ratissage  du secteur  par  les  Allemands,  le groupe  d'Ambroise  MORIZUR  est  capturé
            trois jours plus tard alors qu'il cherche à saboter une voie ferrée. Il est ensuite transféré vers un
            camp en Allemagne avec d'autres prisonniers britanniques capturés sur le front de Normandie.

                        L'avance  des  armées  alliées  inquiète  les  Allemands  qui  regroupent  les  prisonniers
            dans le centre de leur pays. Profitant de la confusion lors de l'évacuation de son camp, Ambroise
            MORIZUR  s'évade  en  mars  1945,  en  compagnie  d'un  Canadien  et  d'un  Anglais.  Marchant  à
            l'estime et se nourrissant de betteraves volées, ils rejoindront l'armée américaine qui les prendra
            en charge. Cité à l'ordre du régiment pour ses actions commandos et son sens de la mission, il est
            promu caporal-chef avant la fin de la guerre.
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                        En septembre 1945, il rejoint le 2  R.C.P. qui est intégré à l'Armée française. Son esprit
            d'aventure  et  sa  volonté  de  servir  le  poussent  à  se  porter  volontaire  pour  l'Indochine.  Il  y
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            débarquera en juin 1946 avec le 2  Régiment Parachutiste de Choc. Immédiatement engagé dans
            les opérations de maintien de la souveraineté française, il participe aux opérations de dégagement
            de Thu-Dau-Mot. Il est ensuite engagé dans la région de Hanoï. Avec son régiment, il participe à la
            libération de Haïfong et Nam-Dinh. Pourchassant sans relâche un ennemi insaisissable, il participe
            à de nombreux sauts opérationnels dont plusieurs de nuit.

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                        Le 1  janvier 1947, il est promu sergent. Sous officier d'une témérité reconnue, il sera
            blessé à la main par des éclats de grenade lors de la reprise du quartier sinno-annamite d'Hanoï.
            Sa bravoure au feu et ses initiatives pendant la campagne d'Indochine sont récompensées par
            trois citations. Il participera de plus à la formation des cadres de l'armée vietnamienne au Centre
            Ecole de Dalat. Rapatrié en 1952 après deux séjours en Indochine, il continue à servir la France
            en A.E.F. et plus tard en A.F.N. Nommé adjudant-chef en 1960, il quitte le service actif six ans plus
            tard. Il s'éteint le 7 février 2004.

                        Pour son abnégation et ses hautes qualités militaires, pour avoir donné sa jeunesse au
            service de son pays, l'adjudant-chef Ambroise MORIZUR demeure le symbole de l'honneur et du
            devoir. Ce sous-officier exemplaire laisse derrière lui l'image d'un chef plein d'allant et d'un soldat
            endurant  et  dynamique, faisant  preuve  d'un  courage  et  d'un  sang froid  remarquables  en  toutes
            circonstances.  Officier  de  la  Légion  d'honneur,  médaillé  militaire  cinq  fois  cité,  il  fait  partie  des
            sous-officiers exceptionnels qui méritent d'être montrés en exemple aux jeunes générations.
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