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Adjudant-chef Ambroise MORIZUR
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MBROISE MORIZUR est né le 06 juillet 1924 à Saint-Pol de Léon dans une
famille de maraîchers. Il a quinze ans lorsque la tourmente emporte la France.
Ambroise MORIZUR n'est pas de ceux qui se résignent, qui capitulent ou qui
collaborent. Trop jeune pour se battre, il assiste, furieux et impuissant, à l'occupation du pays.
A dix neuf ans, après avoir été réquisitionné d'office pour l'édification du mur de
l'Atlantique par l'organisation TODT, il choisit de servir son pays en s'évadant de la France
occupée. Il rejoint l'Angleterre à bord d'un cotre pour s'engager dans les Forces Aériennes
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Françaises Libres. Breveté parachutiste en 1943, il rejoint le 1 squadron du 2 Régiment de
Chasseurs Parachutistes à Camberley. L'entraînement et la vie rustique qu'il mène correspondent
parfaitement à ce qu'il a souhaité.
Le 07 juin 1944, il est parachuté en Bretagne dans la région de Saint Marcel. Pendant
une dizaine de jours, il va entraver l'acheminement de renforts allemands vers le front de
Normandie en sabotant des voies ferrées. Il se distingue particulièrement en détruisant une voie
ferrée au passage d'un train transportant un renfort de troupes dans la nuit du 07 juin 1944. Il
rejoint ensuite le maquis de Saint-Marcel afin d'y parfaire l'instruction des maquisards. Peu après,
les Allemands investissent la zone pour liquider le maquis. Peu aguerris et manquant d'armes
lourdes, les maquisards encadrés par les parachutistes sont dispersés. Poursuivant sa mission,
malgré le ratissage du secteur par les Allemands, le groupe d'Ambroise MORIZUR est capturé
trois jours plus tard alors qu'il cherche à saboter une voie ferrée. Il est ensuite transféré vers un
camp en Allemagne avec d'autres prisonniers britanniques capturés sur le front de Normandie.
L'avance des armées alliées inquiète les Allemands qui regroupent les prisonniers
dans le centre de leur pays. Profitant de la confusion lors de l'évacuation de son camp, Ambroise
MORIZUR s'évade en mars 1945, en compagnie d'un Canadien et d'un Anglais. Marchant à
l'estime et se nourrissant de betteraves volées, ils rejoindront l'armée américaine qui les prendra
en charge. Cité à l'ordre du régiment pour ses actions commandos et son sens de la mission, il est
promu caporal-chef avant la fin de la guerre.
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En septembre 1945, il rejoint le 2 R.C.P. qui est intégré à l'Armée française. Son esprit
d'aventure et sa volonté de servir le poussent à se porter volontaire pour l'Indochine. Il y
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débarquera en juin 1946 avec le 2 Régiment Parachutiste de Choc. Immédiatement engagé dans
les opérations de maintien de la souveraineté française, il participe aux opérations de dégagement
de Thu-Dau-Mot. Il est ensuite engagé dans la région de Hanoï. Avec son régiment, il participe à la
libération de Haïfong et Nam-Dinh. Pourchassant sans relâche un ennemi insaisissable, il participe
à de nombreux sauts opérationnels dont plusieurs de nuit.
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Le 1 janvier 1947, il est promu sergent. Sous officier d'une témérité reconnue, il sera
blessé à la main par des éclats de grenade lors de la reprise du quartier sinno-annamite d'Hanoï.
Sa bravoure au feu et ses initiatives pendant la campagne d'Indochine sont récompensées par
trois citations. Il participera de plus à la formation des cadres de l'armée vietnamienne au Centre
Ecole de Dalat. Rapatrié en 1952 après deux séjours en Indochine, il continue à servir la France
en A.E.F. et plus tard en A.F.N. Nommé adjudant-chef en 1960, il quitte le service actif six ans plus
tard. Il s'éteint le 7 février 2004.
Pour son abnégation et ses hautes qualités militaires, pour avoir donné sa jeunesse au
service de son pays, l'adjudant-chef Ambroise MORIZUR demeure le symbole de l'honneur et du
devoir. Ce sous-officier exemplaire laisse derrière lui l'image d'un chef plein d'allant et d'un soldat
endurant et dynamique, faisant preuve d'un courage et d'un sang froid remarquables en toutes
circonstances. Officier de la Légion d'honneur, médaillé militaire cinq fois cité, il fait partie des
sous-officiers exceptionnels qui méritent d'être montrés en exemple aux jeunes générations.