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Sergent Paul DUMONT

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                              AUL  DUMONT  est  né  à  Meudon  le  18  juin  1895  au  foyer  de  Louise  Eugène
                              DUMONT ouvrier plombier et de Clotilde Eugénie Charlotte GRENET fleuriste.
                                         En août 1914, la guerre est déclarée. Peu après l'entrée en France
            des troupes ennemies, Paul DUMONT s'engage pour la durée de la guerre, le 10 septembre 1914,
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            au 2  régiment du génie. L'instruction effectuée rapidement, trois semaines plus tard, le sapeur
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            DUMONT est affecté à la 2  compagnie du 19  bataillon du génie.
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                        Parti  pour  le  front  belge  fin  octobre  avec  sa  compagnie,  il  rejoint  la  38   division
            d'infanterie où il se distingue une première fois. Le 11 juin 1915, le commandement, inquiet des
            travaux  de  mines  allemands,  donne  l'ordre  de faire  sauter  le fourneau que  les  sapeurs  avaient
            posé à proximité de la sape allemande. A 18 heures le fourneau saute, les zouaves précédés des
            sapeurs s'élancent. Les Allemands résistent et contre-attaquent, contraignant les Français au repli.
            Paul DUMONT s'en sort indemne et est cité pour s'être acquitté de sa mission avec sang-froid,
            entrain et courage.

                        La guerre s'enlise, les deux belligérants se livrent à une impitoyable guerre dans les
            tranchées.  Cependant,  en  secret,  les  Allemands  préparent  une  offensive  visant  à  marquer  les
            esprits. Ainsi le lundi 21 février 1916 vers 7 heures, l'opération baptisée Gericht (tribunal) par les
            Allemands  débute.  Le  fort  de  Douaumont,  qui  n'est  défendu  que  par  une  soixantaine  de
            territoriaux,  est  enlevé  dans  la  soirée  du  25  février  1916.  Ce  succès  fut  immense  pour  la
            propagande allemande et une consternation pour les Français. Contre toute attente, les Allemands
            trouvent  une  opposition  à  leur  progression.  Chose  incroyable,  dans  des  positions  françaises
            disparues, des survivants surgissent. Des poignées d'hommes, souvent sans officiers, s'arment et
            ripostent, à l'endroit où ils se trouvent.

                        Grâce à la ténacité du général Philippe PÉTAIN, un semblant de front est reconstitué.
            C'est la fin de la première phase de la bataille de Verdun.
                        La bataille fait rage depuis plusieurs mois lorsque DUMONT arrive devant Verdun avec
            son  unité.  Cependant,  les  Allemands  étant  arrêtés,  JOFFRE  veut  quelqu'un  de  plus  offensif.  Il
            nomme  PÉTAIN  chef  du  groupe  d'armées  centre  et  NIVELLE  à  Verdun.  Ce  dernier  charge  le
            général MANGIN de reprendre le fort de Douaumont. Le 24 octobre 1916, en début d'après-midi,
            sous un déluge de feu d'artillerie, Paul DUMONT, de sa propre initiative regroupe 4 soldats du
            RICM (Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc) et pénètre le premier dans le fort de Douaumont.
            Il y fait 28 prisonniers dont 4 officiers. La suite fait partie de sa légende : le 4 décembre, le général
            JOFFRE  nommait  Paul  DUMONT,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  alors  qu'il  s'agissait  d'une
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            distinction très rarement accordée à un homme de troupe depuis le 1   Empire.
                        Le  caporal  DUMONT  sera  une  troisième  fois  cité  pour  avoir  été  blessé  alors  qu'il
            dirigeait un chantier de terrassement sous un violent bombardement lors de l'offensive du Chemin
            des Dames en avril 1917.
                        En récompense de ses qualités militaires, il est nommé sergent le 6 avril 1918.
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                        La 2  compagnie du 19  génie est dirigée sur l'Oise. En août, les sapeurs aménagent
            des  passerelles  sur  l'Oise  ou  entretiennent  des  routes  pour  préparer  l'offensive  vers  Villers-
            Cotterêts. Le sergent DUMONT sera cité pour la quatrième fois : pendant les combats d'août 1918,
            il a assuré le passage des patrouilles d'infanterie, sur une rivière malgré la présence des tirailleurs
            ennemis. Il s'est acquitté de sa tâche avec sang froid et courage.
                        C'est bientôt la fin du conflit et le retour du sergent DUMONT à Pavillons-sous-Bois
            avec la reprise de son métier d'électricien qu'il exercera jusqu'à sa retraite. Il décède le 19 mars
            1976.

                        Remarquable  combattant  alliant  la  sagacité  du sapeur  à  la ténacité  du  «  Poilu  »,  le
            sergent DUMONT est un sous-officier exemplaire et passionné par l'action. Sachant faire preuve
            d'initiative  au  combat,  il  mérite  à  juste  titre  la  dénomination  de  «  Héros  de  DOUAUMONT  ».
            Officier de la Légion d'honneur, médaillé militaire quatre fois cité, il fait partie des sous-officiers
            exceptionnels qui méritent d'être montrés en exemple aux jeunes générations.
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