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ADJUDANT ALLOUCHE Jean-Louis
Le 6 avril 1947, Jean Louis ALLOUCHE voit le jour à MARRAKECH. Fils
d’une famille de pieds-noirs, il passe toute son enfance au MAROC. Au
moment de l’indépendance du Maroc, sa famille s’installe dans le nord de
la France. Le 5 mai 1967, il est appelé au service militaire actif et
rejoint le 3° RIMa stationné à Vannes. D’emblée, il se distingue, par
son calme et son efficacité. Il suit le peloton des élèves gradés puis
le peloton d’élèves sous-officiers au sein du régiment. Le 1° mai 1968,
il reçoit son premier galon de sous-officier.
En août 1968, il arrive à la fin de son service militaire mais il ne
peut se résoudre à s’arrêter. La qualité de son commandement lui permet
de souscrire un engagement avec le grade de sergent.
Le 4 août 1970, il est désigné pour continuer son service Outre-mer et
’
il est affecté au Bureau d Aide Militaire du Tchad. Il débarque à FORT-
LAMY quelques jours plus tard.
Pendant un an, il va oeuvrer au sein de la toute jeune Armée Tchadienne
se plaisant dans son action d’instructeur. Affecté à la Garde Nomade, il
rayonne à partir de Mongo où il est basé. D’un caractère ouvert, il est
tout de suite accepté et très apprécié des goumiers tchadiens. Le 1°
janvier 1971, à peine deux ans et demi après son premier galon de sous-
officier, il est nommé sergent-chef.
A son retour du Tchad, il est affecté au 1° RIMa à GRANDVILLE. Il va
mettre à profit les deux années qui suivent à se perfectionner.
A la fin de l’année 1973, il accède à ce qu’il désire le plus: le
commandement d’une section, A 26 ans, il est le seul sergent-chef, chef
de section du régiment. Une section dont l’indicatif JAUNE 3 ne le
quittera plus. Le 1° avril 1975, il est nommé au grade d’adjudant : il a
28 ans. Par deux fois, en 1975 et en 1977, il effectue des séjours de 4
mois au sein de la compagnie tournante du 6° RIMa au Gabon. Pendant ces
périodes découpées par les gardes et les tournées de brousse, il vit au
plus près de ses hommes. Le 18 avril 1978, l’Armée Nationale Tchadienne
durement éprouvée par une offensive venue du nord sollicite l’aide de la
France. L’opération "Tacaud" est déclenchée. Le 22 avril 1978, le 3°
RIMa en alerte "Guépard" est dirigé sur le Tchad. La 3° Cie se porte sur
Mongo, puis à partir de sa position, rayonne en envoyant des
patrouilles. Le 18 mai 1978 vers 22H, un message arrive à MONGO : ATI,
situé à 180 km au nord, est tombé. La 3° Cie fait mouvement sur la
ville.
Le 19 mai 1978 vers 11H la Cie débarque à 1500m du village et commence
sa progression. "En avant" hurle l’Adj. Allouche.
Comme un seul homme, sa section bondit derrière ce chef qu’elle aime
tant. Au moment où JAUNE 3 atteint son objectif, un feu extrêmement
violent se déclenche. L’Adj ALLOUCHE est en tète. A quelques mètres de
lui, un obus de mortier explose. Il trébuche et tombe. Un éclat vient de
lui sectionner l’artère fémorale. Avec ce calme qui l’a toujours
caractérisé, il donne ses derniers ordres. Avec efficacité, il place ses
groupes, encourageant l’un, rectifiant la position d’un autre. Il fait
déclencher les tirs qui déjà infligent de lourdes pertes à 1’ennemi.
Puis, comme si sa mission était remplie, il transmet le Commandement à
son adjoint et s’affaisse. Inconscient, il est évacué et les infirmiers
l’embarquent dans le Puma sanitaire. Mais il est trop tard. L’ADJ
ALLOUCHE a été au bout de son contrat: il a fait le sacrifice suprême.
Quelques jours plus tard, la France salue l’attitude courageuse de
ce sous-officier qui, au plus fort du combat, a su par sa détermination
et son sens du sacrifice préserver ses hommes au mépris de sa vie, et
lui concède la médaille militaire à titre exceptionnel ainsi que la
croix de la valeur militaire avec palme.