Page 227 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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Adjudant Pierre MARCHAND
ierre Marchand est né le 27 septembre 1924 à Brest dans le Finistère. Il entre en
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résistance dans la région de Bressuire (79) le 6 juin 1944 et sert dans les Forces
Françaises Libres jusqu'à la Libération. Il se distingue avec ses camarades lors de
l'embuscade du 26 août 1944 sur la route de Parthenay où, grâce à son initiative, neuf soldats allemands
sont tués et un camion ennemi est détruit. Cette action lui vaudra d'être cité un an plus tard et décoré de la
Croix de Guerre 1939-1945 avec une étoile de bronze.
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Attiré par le métier des armes, il s'engage au 114 régiment d'infanterie de Saint-Maixent-l'Ecole
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le 4 octobre 1944. Fait prisonnier par les allemands le 1 mars 1945 à Courçon d'Aunis, il parvient à
s'évader le 28 avril grâce à la complicité d'un compagnon d'arme. Nommé caporal le 14 mai 1945, il est
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muté en Allemagne dans les unités de soutien de la 9 division d'infanterie coloniale puis est nommé
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caporal-chef le 1 janvier 1946. Le 28 novembre 1946, il débarque à Haiphong en Indochine et rejoint la 13
compagnie d'ouvriers du matériel. Exemplaire, il accomplira sa mission avec dévouement jusqu'au 23 janvier
1948, date de son retour en France. Il quitte le service actif le 17 juillet 1948 et se retire à Bressuire.
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Le 18 janvier 1949, il se rengage au titre du 1 Bataillon Colonial de Commandos Parachutistes
et obtient son brevet militaire de parachutiste le 27 mai. Il est nommé sergent le 16 octobre et part de
nouveau en Indochine le 8 décembre. Il se distingue en particulier le 26 juillet 1950, à Hung Loi au Sud
Annam, puis le 8 mars 1951 à Hatien où il est parachuté avec son groupe afin de sécuriser une zone de
saut. Sous-officier d'élite, chef de groupe énergique et dynamique, il continue le combat à Hong Chong, où,
en tête de la compagnie, il bouscule les éléments retardateurs ennemis en leur infligeant des pertes
permettant d'atteindre les objectifs dans les meilleurs délais. Il est, une deuxième fois, cité et décoré de la
Croix de Guerre des Théâtres des Opérations Extérieurs avec une étoile de bronze.
Le 11 octobre1951, lors de l'attaque du village de An Ky, son groupe se retrouve isolé du reste
de la section. Alors qu'une arme automatique empêche une section voisine de progresser, il se lance sans
hésiter à l'assaut avec son groupe. Mais la puissance du feu est trop importante et, arrivé à quelques mètres
seulement de la position ennemie, il doit organiser le repli de ses hommes. N'oubliant aucun blessé, il
transporte lui-même son tireur FM. A nouveau cité, il obtient une troisième étoile de bronze.
Sa valeur n'ayant d'égal que son courage, il se distingue le 10 décembre 1951 au Bavi. Son
groupe se trouvant en tête de la section, assailli par un adversaire déterminé, il est pris sous le tir de
l'ennemi. Malgré le feu nourri, il reste accroché au terrain. Ne subissant pas l'effort de l'adversaire, il réussit
à dégager son groupe encerclé. Profitant de la situation, il barre ensuite la route aux éléments rebelles qui
tentaient de prendre sa section par le flanc. Par sa manœuvre audacieuse, il contribue au succès de la
mission de sa section. Pour ce fait de guerre remarquable, il est cité à l'ordre de l'armée et se voit conférer la
Médaille Militaire.
De retour en France en mars 1952 au Bataillon Colonial de Commandos Parachutistes, il est
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nommé sergent-chef le 1 octobre 1953 et obtient le brevet militaire de moniteur parachutiste le 30
novembre. Il se porte volontaire pour servir Outre-Mer et est affecté au Groupement Colonial de
Commandos Parachutistes à Madagascar le 28 mai 1954.
Le 26 janvier 1957, il rejoint le Détachement d'Instruction des Troupes Coloniales de Marseille
puis le 26 mai de la même année, comme adjudant, le Bataillon de Parachutistes Coloniaux de Bayonne. Le
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1 juin 1958, il est muté au 8 Régiment de Parachutistes Coloniaux pour être immédiatement engagé en
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Algérie. Participant à toutes les actions de la 4 compagnie à la tête de la section de commandement, il fait
une fois de plus preuve des plus belles qualités militaires au djebel Kalaat El Hafsi le 9 janvier 1959. Entrant
le premier au contact des rebelles fortement armés et solidement retranchés, il entraîne ses hommes dans
un furieux combat. Gardant son sang-froid dans une situation délicate, il permet la mise en place des
renforts et la riposte, mais s'écroule soudain, grièvement blessé à la tête.
Evacué par ses hommes, l'adjudant Marchand décède des suites de ses blessures à l'issue des
combats. Il est cité à l'ordre de l'armée et est nommé chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthume.
Toujours volontaire et audacieux, l'adjudant Marchand a démontré des qualités de chef et de
combattant hors du commun en toutes circonstances. Sa détermination, son engagement au combat et sa
bravoure sont dignes d'éloges. L'action de ce sous-officier, Mort pour la France, est un exemple pour les
jeunes sous-officiers.