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Adjudant-chef Pierre SUISSE


                        P
                               ierre Suisse est né le 4 avril 1925 à Laon. Il a 14 ans lorsque la France est
                               emportée  dans  la  tourmente  de  1940.  Quoique  très  jeune,  l’adolescent  n’est
                               pas de ceux qui se résignent et il ne tarde pas à se mettre au service de la
            résistance. En 1945 sonne enfin l’heure de la revanche. Engagé volontaire dans les chars, Pierre
                                              re
            Suisse franchit le Rhin  avec la 1  Armée Française et prend part à la campagne d’Allemagne.
            Alors qu’il occupe les fonctions de tireur, il se distingue, en avril 1945, sur la route d’Illingen, par
            l’efficacité de son tir qui permet de briser la résistance de l’adversaire. Son sang froid exemplaire
            lui vaut d’être cité à l’ordre de son régiment.

                        A la fin de la deuxième guerre mondiale, il est volontaire pour le Corps Expéditionnaire
            Français d’Extrême-Orient. Nommé brigadier-chef, il participe, durant l’année 1946, aux opérations
            de pacification en Cochinchine et au Laos. Maréchal-des-logis en avril 1947, il découvre l’Annam
            où  il  devient  chef  d’une  automitrailleuse.  Il  obtient  une  nouvelle  citation  pour  avoir  contribué  à
            dégager un convoi tombé dans une embuscade.

                        A l’issue d’un congé en France, Pierre Suisse est rengagé pour deux ans au titre des
                                                                                                 e
            Goums  marocains.  Il  effectue  alors  un  deuxième  séjour  en  Indochine  au  sein  du  8   Tabor  qui
            opère  au  Tonkin.  Sans  arrêt  au  contact  de  l’adversaire,  il  ne  cesse  de  se  distinguer  par  son
            courage  et  ses  qualités  d’entraîneur  d’hommes.  Blessé  en  mars  1949  à  Dong  Vao  lors  de  la
            destruction d’installations viêt-minh, il aura été cité trois fois en l’espace de quelques mois. Le 10
            juin  1949,  il  tombe  dans  une  embuscade  au  sud  de  la  Rivière  Noire.  Malgré  la  supériorité  de
            l’adversaire, il s’accroche au terrain jusqu’à l’arrivée de la colonne de secours et, bien que blessé,
            participe à la contre-attaque. Cette action d’éclat lui vaut sa deuxième citation à l’ordre de l’armée.
                        Nommé maréchal-des-logis chef le 1er mars 1950 et rapatrié au mois de novembre, il
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                                                                         e
            est successivement affecté au 80  Goum marocain puis au 4  Régiment de Cuirassiers stationné
            en Allemagne. Admis dans le corps des sous-officiers de carrière en 1953, il est promu au grade
            d’adjudant  le  1er  juillet  1954.  Il  ne  tarde  pas  cependant  à  reprendre  le  combat  cette  fois-ci  en
            Algérie où il débarque en juillet 1955. Chef de peloton d’automitrailleuses au sein du 9e Groupe
            d’Escadrons de Spahis Algériens, il passe vingt-quatre mois en opération dans la région de Bône
            à proximité de la frontière tunisienne. Les résultats qu’il obtient par son dynamisme et son sens du
            terrain le font à nouveau récompenser.
                        Après  un  bref  séjour  en  métropole,  il  retrouve  l’Algérie  en  janvier  1959,  époque  à
                                  er
            laquelle  il  rejoint  le  1   Régiment  de  Hussards  parachutistes  en  opérations  dans  la  région  de
            Constantine. Il participe ainsi à l’opération « Turquoise » contre les fellaghas de la Wilaya II. Ayant
            fait  de  son  peloton  porté  un  remarquable  outil  opérationnel,  l’Adjudant  Suisse  ne  cesse
            d’accumuler  les  succès  et  les  faits  d’armes.  Sillonnant  sans  cesse  le  djebel  à  la  recherche  du
            moindre indice, traquant sans répit les bandes rebelles, il obtient trois nouvelles citations. En 1961,
            il est promu Chevalier de la Légion d’honneur pour services exceptionnels.

                        A compter de 1962, il abandonne le rythme des opérations pour servir dans différents
            états-major en France et en Allemagne. En 1971, il prend enfin sa retraite après vingt-cinq ans de
            service durant lesquels il aura été cité et décoré dix fois pour sa conduite exemplaire durant les
            trois grands conflits qui ont marqué sa génération. Ses mérites sont récompensés une dernière
            fois en 1986 lorsqu’il est fait Officier de la Légion d’Honneur.
                        L’Adjudant-chef  Suisse  s’éteint  le  5  novembre  1997.  Figure  exceptionnelle  de  sous-
            officier, il aura marqué tous ceux qui l’ont connu par son intrépidité, son esprit d’initiative et ses
            qualités guerrières. Combattant hors pair, il s’inscrit dans la lignée de ces sous-officiers d’élite dont
            la carrière peut être donnée en exemple aux jeunes générations.
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