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Adjudant-chef Jean LE BRAS


                            ean Le Bras est né le 15 juillet 1923 à PLOUMILLIAU, dans les Côtes du Nord. Il est
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                            âgé de 18 ans lorsqu'il décide, en août 1941, d'endosser l'uniforme au 150  régiment
                            d'infanterie. Il brûle de se battre et ayant appris que de jeunes gens étaient recrutés
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            pour servir dans l'armée d'Afrique, il rejoint, en avril 1942, le 8  régiment de tirailleurs marocains. Il est
            déjà caporal-chef lorsque son unité débarque en Italie, au sein du corps expéditionnaire français du
            général  Juin.  Lors  de  cette  campagne  rendue  particulièrement  difficile  du  fait  du  terrain  et  des
            conditions climatiques, le jeune Le Bras révèle avec précocité son sang-froid et sa détermination. Chef
            de pièce de mitrailleuse, il est cité à l'ordre de la brigade, et se voit décerner la croix de guerre 1939-
            1945 avec étoile de bronze.
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                        Promu sergent le 1  août 1944, il prend part au débarquement de Provence et participe à
            l'épopée de l'armée de Lattre, en remontant jusqu'aux Vosges. Le 30 mars 1945, son unité franchit la
            frontière du Reich et combat en Allemagne jusqu'à la fin de la guerre.
                                                                                                            e
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                        Le 1  août 1945, Le Bras est promu au grade de sergent-chef. En avril 1946, il rejoint le 5
            régiment de tirailleurs marocains et se porte immédiatement volontaire pour servir en Extrême Orient.
            Débarquant  à  Saigon  le  12  février  1947,  il  participe  aux  opérations  de  pacification  en  Cochinchine
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            avant d'être muté au bataillon de marche du 6  RTM. Intégré à la 10  compagnie durant l'opération «
            Papillon », en avril 1947, il sera de tous les combats du fameux bataillon Vanuxem. Enchaînant des
            patrouilles quotidiennes, sur un terrain montagneux et couvert de jungle, dans une chaleur étouffante
            ou sous des pluies diluviennes, ce jeune chef de section de 24 ans se distingue par sa fougue et son
                                                                                           e
            courage lors des nombreux accrochages avec le Viêt-Minh. Fidèle à la devise du 6  RTM « sans peur
            et sans repos », il est cité à l'ordre du régiment après avoir brisé, avec les éléments de tête de sa
            compagnie, plusieurs résistances adverses. Cette citation comporte l'attribution de la croix de guerre
            des Théâtres d'Opérations Extérieurs avec étoile de bronze. Il sera à nouveau cité à deux reprises en
            octobre 1947 et en juin 1948. Ce premier séjour au Tonkin se conclut, en février 1949, par l'attribution
            d'une  citation  à  l'ordre  de  l'armée  pour  avoir  conduit  un  assaut  permettant  à  sa  compagnie  de  se
            dégager d'une embuscade tendue par un adversaire puissamment armé.
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                        De retour au Maroc, il est nommé au grade d'adjudant le 1  octobre 1949.
                        De 1951 à 1953, l'adjudant Le Bras effectue un deuxième séjour en Indochine au sein du
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            1  bataillon du 3  RTM déployé en Annam. Chef de section désormais expérimenté, il se distingue à
            plusieurs reprises, notamment lors des combats de Hoan Lo en février 1952 : ayant infligé des pertes
            sévères à un ennemi solidement retranché, il est blessé au cours d'un assaut mais son sens du devoir
            le  pousse  à  n'être  évacué  qu'après  que  l'objectif  ait  été  fermement  tenu  par  sa  section.  Ce  fait  de
            guerre lui vaut la médaille militaire ainsi qu'une palme supplémentaire. Peu de temps après, il est à
            nouveau au Tonkin et participe à la défense du camp retranché de Na San, au sud de la rivière Noire. Il
            s'y  distingue  en  décembre  1952,  lors  des  violents  assauts  Viêt-Minh  contre  le  point  d'appui  24  ;
            galvanisant  ses  hommes,  il  repousse  ainsi  3  attaques  successives.  Pour  la  bravoure  dont  il  a  fait
            preuve, l'adjudant Le Bras est cité à l'ordre de l'armée.
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                        A  l'issue  de  ce  second  séjour  en  Indochine,  il  est  affecté  au  7   RTM  stationné  en
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            Allemagne. Nommé au grade d'adjudant-chef le 1  juillet 1953, il effectue une mission temporaire de
            sept mois en Algérie entre 1955 et 1956. En opération dans la région de Constantine, il ne cesse d'y
            mener des missions de reconnaissance. Il est à nouveau cité à l'ordre du régiment en février 1956 pour
            avoir découvert une cache d'armes rebelle. Cette citation comporte l'attribution de la croix de la valeur
            militaire avec étoile de bronze.
                        De retour en Allemagne en 1956, il retrouve l'Algérie un an et demi plus tard, désigné pour
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            renforcer le 47  bataillon d'infanterie nouvellement créé. Continuant à faire preuve d'allant et d'audace,
            il  s'empare,  en mai  1958,  d'une  position  tenue  par  les  rebelles,  accrochant  une  deuxième  étoile  de
            bronze  à  sa  croix  de  la  valeur  militaire.  Le  2  février  1959,  il  est  une  nouvelle  fois  à  la  tête  de  ses
            hommes lorsque sa section tombe sur un groupe de fellaghas en train de saboter la voie ferrée de
            Batna. L'adjudant-chef Le Bras tombe mortellement blessé à l'occasion de ce dernier combat.

                        Fauché dans la pleine force de l'âge, l'adjudant-chef Le Bras laisse le souvenir d'un sous-
            officier d'élite, à la personnalité attachante. Chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume, Médaillé
            militaire,  titulaire  de  10  citations,  ce  chef  extraordinaire  mérite  tout  particulièrement  d'être  cité  en
            exemple auprès des jeunes générations.
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