Page 197 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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Adjudant-chef HOANG CHUNG DZIM


                        H
                               oang  Chung,  plus  connu  sous  son  nom  de  guerre  :  Dzim,  est  né  en  1925  à
                               Muong Khuông, petite bourgade du Haut-Tonkin située à l'est du Fleuve Rouge
                               et  à  proximité  de  la  frontière  de  Chine.  Il  appartient  au  peuple  nung,  ethnie
            montagnarde établie dans les hautes vallées du Nord-Viêtnam. Très tôt, le jeune Hoang Chung se
            distingue par son endurance et sa vivacité d'esprit. A 16 ans, parlant les dialectes locaux et ayant
            appris le vietnamien, le français et le chinois, il passe son certificat d'étude à l'école de Lao Kai.
                        L'occupation  japonaise  de  l'Indochine  donne  à  l'adolescent  l'occasion  de  faire  ses
            premières  armes  en  tant  qu'agent  de  renseignement.  Après  le  coup  de  force  de  mars  1945,  il
            apporte son aide aux Français pourchassés qui cherchent refuge en Chine. Arrêté et torturé par
            les  Japonais,  il  parvient  cependant  à  survivre  et  à  s'évader.  Après  la  capitulation  japonaise,  il
            poursuit  la  lutte  contre  les  nationalistes  vietnamiens  soutenus  par  les  Chinois.  Découvrant  les
            méfaits du communisme, il ne va pas tarder à s'opposer au Viêt-Minh qui, dès 1945, cherche à
            étendre son influence sur les populations montagnardes de la Haute-Région.
                        Lors du retour des Français au Tonkin, il contribue, en 1947, à la reprise de Lao Kai. Il
            sert alors comme supplétif, suit un stage d'opérateur radio et rejoint le poste d'Hoang Su Phi sous
            les ordres du capitaine de Bazin. Mais, sous la pression du Viêt-Minh, les Français abandonnent,
            en 1950, leurs postes de la Haute-Région. Hoang Chung Dzim, replié sur Hanoi, reçoit alors une
            formation  parachutiste.  Le  10  février  1951,  il  est  largué  sur  Pha  Long  pour  servir  de  radio  et
            d'adjoint  chargé  du  renseignement  à  Chau  Quan  Lo,  le  redoutable  chef  méo,  qui,  dans  les
            montagnes du nord, anime le mouvement de résistance au Viêt-Minh. Mais en 1952, après de durs
            combats, le maquis est anéanti par les communistes chinois appelés en renfort par le Viêt-Minh.
            Dzim  parvient  cependant  à  échapper  à  l'encerclement  et,  après  un  long  détour  par  la  Chine,
            reprend  contact  avec  les  forces françaises  à  Phong Tho.  A  la  suite  de  cet  exploit,  il  est  cité  à
            l'ordre de l'armée et reçoit la croix de guerre des TOE avec palme.
                        De  cette  époque  date  son  incorporation  officielle  au  Groupement  de  Commandos
            Mixtes Aéroportés, corps d'élite chargé, en Indochine, des opérations spéciales de contre-guérilla
            et du soutien aux maquis autochtones. De 1952 à 1955, grâce à ses mérites, Dzim connaît un
            avancement rapide, passant, en trois ans, de simple engagé volontaire au grade d'adjudant. Sous
            le commandement de son ami, Ly Seo Nung, il ne tarde pas à s'illustrer de nouveau en participant,
            durant l'été 1953, à la reprise de Phong Tho et à tous les combats qui marquent l'extension du
            maquis « Cardamone » sur la rive droite du Fleuve Rouge. Ses qualités de combattant, ses talents
            d'organisateur  et  son  sens  politique  lui  valent  la  médaille  militaire  avant  qu'il  ne  soit,  en  1955,
            nommé Chevalier de la Légion d'Honneur.
                        Le drame de Diên-Biên-Phu, en 1954, annonce cependant le retrait français et la fin
            des maquis au Nord-Viêtnam. Dzim trouve alors refuge au Laos où il continue à se battre contre
            les communistes. En 1958, il est naturalisé français. Ce n'est qu'en 1963 qu'il débarque en France
            avec sa famille. Il est affecté peu après au centre d'entraînement parachutiste de Cercottes où ses
            connaissances et son expérience sont mises à profit. Le 1er janvier 1965, il est nommé adjudant-
            chef.  Prenant  sa  retraite  en  1975,  il  poursuit  inlassablement  ses  activités  au  service  de  la
            communauté nung réfugiée en France et de ses frères montagnards restés au pays.

                        Hoang Chung Dzim s'éteint le 8 mars 2003 à Paris. Officier de la Légion d'Honneur,
            médaillé  militaire,  titulaire  de  la  fourragère  des  TOE  à  titre  personnel  et  de  nombreuses
            décorations, il a servi son peuple et la France avec une abnégation totale et une fidélité éprouvée.
            Tour à tour chef de commando et chef de maquis, ayant accompli avec succès les missions les
            plus  périlleuses.  Ce  magnifique  sous-officier  s'est  toujours  distingué  par  son  intelligence,  sa
            persévérance  et  son  courage  à  tout  épreuve.  Combattant  d'élite  et  héros  authentique,  il  inscrit
            désormais son nom dans l'histoire militaire de la France et trace, pour les jeunes générations, la
            voie à suivre.
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