Page 185 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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                              près  l'échec  des  offensives  de  1915,  les  Allemands  comme  les  alliés
                              manifestent,  en  1916,  la  même  volonté  de  rechercher  la  décision  sur  le  front
                              Ouest.  Les  Allemands  s'y  emploient  d'abord  à  Verdun  où  ils  se  heurtent  à  la
            résistance héroïque des soldats français. Ces derniers, aux côtés des Britanniques, tentent à leur
            tour, mais en vain, de percer le front allemand dans la Somme. Parallèlement, les Français sont
            amenés à combattre dans les Balkans sur le front d'Orient.

                        Le 21 février 1916, alors que les Alliés s'entendent pour lancer une grande offensive
            sur la Somme, ils sont pris de court par les Allemands dont 1200 canons déchaînent l'enfer sur 12
            km de front devant Verdun. L'objectif de l'Empereur Guillaume II est simple : enfoncer les lignes de
            l'adversaire  ou  le  saigner  à  blanc.  Le  25,  des  combats  meurtriers  ont  lieu  autour  du  fort  de
            Douaumont. Le 2 mars, le général Pétain organise la défense de Verdun. Une seule voie d'accès
            permet de ravitailler la place, une simple route de terre qui, vers l'arrière, relie Verdun à Bar-le-Duc
            et par laquelle sont acheminés, sans discontinuer, matériels et renforts. Cette route dont le rôle
            logistique est primordial prendra le nom de Voie Sacrée. Au plus fort de la bataille le débit sur cet
            axe atteint un véhicule toutes les quatorze secondes !

                        A la fin de mai, le Fort de Vaux résiste encore au déluge d'acier allemand qui s'abat
            sur lui : plus de 8 000 obus par jour ! En dépit de la destruction de la citerne d'eau potable, la
            garnison du commandant Raynal se défend pied à pied, pendant sept jours, dans les couloirs de
            l'ouvrage. Lorsqu'elle se rend, le 7 juin, c'est pour se voir accorder les honneurs de la guerre par
            les  Allemands  !  En  juillet,  l'ennemi  tente  une  ultime  attaque.  Celle-ci  s'essouffle  peu  après.  En
            décembre, les Français contre-attaquent, ce qui leur permet de revenir aux positions initiales de...
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            février ! Les II  et III  Armées françaises ont tenu !
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                        Entre-temps, dès le 1  juillet, s'engage vers Péronne, plus au nord, la grande bataille
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            de la Somme. L'objectif est désormais d'alléger la pression allemande sur Verdun. Les VI  et X
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            armées  françaises,  sous  le  commandement  du  général  Foch,  et  la  IV   armée  britannique,
            commandée  par  le  général  Haig,  se  ruent  sur  les  positions  ennemies.  Mais,  en  dépit  de  la
            reconquête  de  25  villages,  les  troupes  alliées  piétinent.  L'offensive  n'ayant  pas  débouché,  le
            général Joffre sera remplacé, à la tête des armées françaises, par le général Nivelle.

                        Sur le front d'Orient, la France, pressentant la défaite de son allié serbe, a rassemblé
            depuis  le  3  octobre  1915  une  armée  aux  ordres  du  général  Sarrail.  Début  1916,  celle-ci  est
            retranchée aux abords de la ville grecque de Salonique, le plus grand port de la mer Egée. Faisant
            face aux armées bulgare et allemande, elle reçoit des renforts français, anglais, italiens et russes.
            En  mai  1916,  une  armée  serbe  récemment  reformée  les  rejoint  et  débarque  à  son  tour  à
            Salonique.  Le  9  août,  les  Alliés  mènent  une  offensive  sur  le  lac  Doïran,  à  la  frontière  de  la
            Macédoine serbe et de la Grèce. Le 17, la Roumanie se range aux côtés des Alliés. Afin de la
            soutenir, le Commandement des Armées Alliées déclenche, le 12 septembre, une offensive qui
            prend Florina le 17, puis Monastir le 19 novembre. Cette victoire soude l'armée française d'Orient
            avec les autres contingents alliés.

                        Les  sous-officiers  de  cette  armée  française  de  1916,  toujours  au  cœur  de  l'action,
            mènent leurs hommes avec une énergie qui force l'admiration. Des forts de Verdun aux collines de
            Macédoine, en passant par les tranchées et les villages de la Somme, ils s'illustrent en combattant
            sur tous les terrains dans les conditions les plus difficiles. Lors de ces batailles d'usure marquées
            notamment par le feu intense de l'artillerie lourde, l'apparition des premiers chars et l'emploi des
            gaz de combat, les sous-officiers ont contribué à amorcer l'affaiblissement des forces ennemies.
            Au final, 250 000 militaires français perdirent la vie à Verdun, 200 000 dans la Somme. Parmi eux,
            plusieurs dizaines de milliers de sous-officiers. La Grande Guerre leur aura donné une nouvelle
            dimension  en  leur  permettant  d'accéder  aux  fonctions  de  chef  de  section  et  en  prenant  la  tête
            d'une  cellule  nouvelle,  le  groupe  de  combat,  confié  aux  sergents.  Ils  serviront  éternellement
            d'exemple aux jeunes générations de sous-officiers au service de la Nation.
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