Page 183 - Recueil Pro Patria 151 à 300
P. 183

L
                             ouis  BELLON,  second  d'une famille  de  trois  enfants,  est  né  le  27  avril  1927  à
                             Sfax en Tunisie. Avant la guerre, il découvre, avec le scoutisme, l'uniforme et la
                             vie en collectivité. En avril 1943, Louis a 16 ans. A l'image de son frère aîné qui
            vient de rallier les Forces Navales Françaises Libres, l'adolescent décide à son tour de s'engager
            pour la durée de la guerre dans les FFL. En octobre, il rejoint l'Angleterre où il ne tarde pas à être
            breveté parachutiste et à suivre l'entraînement des commandos Special Air Service au sein de la
              e
                               e
            2  compagnie du 3  Bataillon d'Infanterie de l'Air.
                                                                                                e
                        Le  5  août  1944,  avec  son  unité,  désormais  connue  sous  le  nom  de  3   SAS,  il  est
            parachuté  dans  la  région  de  Plougastel-Daoulas,  dans  le  Nord-Finistère.  C'est  l'opération
                                                          e
            « Derry » :  le  but  est  d'ouvrir  la  route  à  la  3   Division  d'Infanterie  américaine  en  harcelant  les
            garnisons  allemandes  entre  Morlaix  et  Brest  et  en  fournissant  une  assistance  à  la  Résistance
            locale.  Le  stick  de  BELLON  est  plus  particulièrement  chargé  de  prendre  Plougastel.  Les  FFI
            bretons  demandent  à  servir  auprès  des  commandos,  mais  ils  n'ont  pas  d'armes.  Qu'à  cela  ne
            tienne ! On attaquera la kommandantur de Daoulas à un contre trois pour s'en procurer ! Dans
            l'assaut, BELLON est blessé. Cela ne l’empêche pas, peu après, de figurer parmi les libérateurs
            de Landernau. Il y demeurera un temps à l'hôpital afin de soigner sa blessure. Mais l'inaction lui
            pèse : avant sa complète guérison, il rejoint par ses propres moyens son unité en Angleterre.

                        Le 27 août, BELLON prend part à l'opération « Abel » : il est parachuté dans le Doubs,
            près de la frontière suisse, dans le but de renforcer la Résistance et de préparer le terrain pour la
              ère
            1  Armée française qui progresse en direction de la trouée de Belfort. Puis à partir de septembre,
                                   e
            les  commandos  du  3   SAS  sont  utilisés  comme  éclaireurs  dans  la  région  des  Vosges.  En
            décembre, alors que l'unité de BELLON est au repos en Champagne, un accident d'auto contraint
            ce dernier au repos forcé jusqu'à la fin de la guerre. En janvier 1945, pour l’ensemble de ses faits
            d'armes lors de ses missions SAS, BELLON est cité à l'ordre de l'armée.

                        En  1946,  il  retourne  à  la  vie  civile.  En  1949,  il  est  promu  au  grade  de  sergent  de
            réserve. Très sportif, il continue à s'entretenir en pratiquant le judo, la natation et le parachutisme.
            Surtout après avoir repris des études à la Faculté de Droit de Paris, il suit brillamment le cursus de
            l'Institut d'Etudes Politiques, puis de l'Ecole Nationale d'Administration. A la sortie de celle-ci, en
            juillet  1955,  il  occupe  la  fonction  d'administrateur  territorial  dans  l'Atlas  marocain,  puis,  à  partir
            d'août 1956, celle de directeur de cabinet du préfet de Tizi-Ouzou, en Algérie.
                        Lorsqu'en  1956,  la  France  et  la  Grande-Bretagne  préparent  l'  « opération
            Mousquetaire » pour conquérir le canal de Suez, BELLON profite de ses congés pour se porter à
                                               e
            nouveau  volontaire  :  il  choisit  le  2   Régiment  de  Parachutistes  Coloniaux  du  colonel  Chateau-
            Jobert. L'opération a pour but de faire plier l'Egypte du colonel Nasser qui, d'une part, menace la
            liberté de navigation internationale sur le canal et, d'autre part, apporte son soutien au Front de
            Libération National algérien. Fin octobre 1956, le sergent BELLON rejoint son régiment dans l’ile
            de Chypre où celui-ci vient d'être positionné. Les parachutistes y suivent, durant une semaine, un
            entraînement intensif. Enfin, le 5 novembre au petit jour, les premiers Nord-Atlas commencent leur
            largage  sur  l'Egypte,  au-dessus  de  Port  Saïd,  à  moins  de  150  mètres  d'altitude.  Il  s'agit  de
                                                                 re
            contrôler le pont d'El Raswa et l’usine des eaux. La 1  Compagnie, celle de BELLON, est prise à
            partie,  dès  son  parachutage,  par  des  tirs  d'armes  automatiques  venant  du  nord  de  la  DZ.  Le
            sergent BELLON est tué presque aussitôt après avoir atteint le sol alors qu'il se déséquipait. Il ne
            verra pas le largage de ses camarades au sud de Port Fouad, sur l'autre rive du canal, durant
            l'après midi. Le lendemain, les Franco-britanniques débarquent dans les deux ports au cours d'une
            opération  amphibie.  Le  surlendemain,  les  Egyptiens  demandent  le  cessez-le-feu.  Le  sergent
            BELLON  obtient  la  Croix  de  guerre  des  Théâtres  d'Opérations  Extérieurs  avec  palme  à  titre
            posthume.

                        Chevalier de la Légion d'honneur, médaillé militaire, ce sous-officier parachutiste laisse
            derrière lui l’image d'un combattant discipliné, volontaire, sportif et courageux mais aussi l’image
            d'un brillant haut fonctionnaire. Le sergent BELLON, surnommé par ses frères d'armes SAS « le
            patriote », restera à coup sûr dans les mémoires comme un grand serviteur de la France. Il mérite
            d'être cité en exemple auprès des jeunes générations.
   178   179   180   181   182   183   184   185   186   187   188