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talie, 1944. Le Corps Expéditionnaire Français (CEF), commandé par le général
Juin mène des combats meurtriers depuis le mois de novembre de l'année
précédente. Face à ces 100 000 hommes, l'armée allemande du maréchal
Kesselring se retranche sur le massif des Abruzzes qui culmine à 2 914 mètres.
Début janvier, en plein hiver, le CEF est chargé de prendre les montagnes situées
au nord de l'abbaye de Cassino, au centre des défenses ennemies. Le 25, il s'empare du
Belvédère, au nord-est de Cassino.
En vue de l'opération « Diadème » en direction de Rome, le dispositif est remanié
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au printemps 1944. A l'aile droite, la 8 Armée britannique, chargée de l'action de rupture
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dans la vallée du Liri, prend en charge le secteur de Cassino. La 5 Armée américaine
s'installe en couverture à sa gauche entre le Liri et la mer Tyrrhénienne. Elle est
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composée du 2 Corps d'Armée américain dans la zone littorale et du CEF implanté de
part et d'autre du Garigliano, face à la dorsale montagneuse. Le dispositif allemand
s'appuie sur quatre lignes de défense successives, la ligne Gustav, la ligne des Orangers
barrant la vallée de l'Ausente, la ligne Dora et, plus importante, la ligne Hitler.
Le 10 mai, le CEF déclenche la bataille du Garigliano. En rompant au prix de fortes
pertes, les positions des lignes Gustav et Hitler, le CEF a déclenché le repli ennemi et
ouvert aux Alliés la route de Rome. Les Allemands mènent alors un combat retardateur
mais le 4 juin, les Américains puis les Français entrent dans la capitale latine.
Le 17 juin 1944, les Français débarquent à l'île d'Elbe. Deux jours plus tard, toute
l'île est conquise. C'est l'opération « Brassard » dont le but est faire de l'île une base
avancée de la marine alliée en Méditerranée et un plateau d'artillerie lourde afin de
stopper le trafic maritime ennemi le long de la côte italienne. Cette opération sert aussi de
répétition générale avant le débarquement de Provence.
En juillet, le CEF livre ses derniers combats en Toscane et s'apprête en majorité à
participer à la libération du sud de la France.
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Dans ce contexte si particulier où des troupes françaises d'origine diverses, la 2
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Division d'Infanterie Marocaine, la 3 Division d'Infanterie Algérienne, les 1 , 3 , 4
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groupes de tabors marocains, la 4 Division Marocaine de Montagne, la 1ere Division
Française Libre luttent aux côtés de leurs alliés anglo-saxons et sous leur
commandement, les sous-officiers du CEF jouent un rôle essentiel. De décembre 1943 à
juillet 1944, en huit mois de combats intenses, le CEF perd 7 251 hommes, parmi lesquels
974 sous-officiers.
Les sous-officiers français, chefs de groupes ou chefs de section, sont nombreux à
mener leurs hommes à l'assaut des pentes abruptes, à les faire progresser à pied, parfois
avec des mulets, à relever des champs de mines et à rétablir les communications sous le
tir de l'ennemi, à livrer des combats au corps à corps, à assurer la circulation des colonnes
dans les secteurs les plus dangereux, à investir des villages maison par maison, cave par
cave. Toujours prêts à donner l'exemple à leurs hommes et à payer sans cesse de leur
personne, ces cadres courageux et pugnaces ont largement contribué aux victoires
obtenues.
Le plus bel hommage au courage et à l'esprit de sacrifice des combattants français
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d'Italie viendra le 13 mai 1944 du général Clark, commandant la 5 Armée américaine :
« l'Armée française a conservé comme sacrées ses plus belles traditions
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guerrières. C'est un honneur que d'avoir ces troupes dans le cadre de la 5 Armée ».
Soixante ans plus tard, il est juste d'honorer la mémoire de tous ces hommes qui,
dans les batailles de la Campagne d'Italie, ont offert leur vie pour la France et les valeurs
qu'elle incarne.