Page 153 - Recueil Pro Patria 151 à 300
P. 153

J    acques-Pierre OSMONT est né le 18 mai 1929 à Sainte-Mère-Eglise, dans

                                            la Manche. Il est le fils unique d'un père officier. A 20 ans, il s'engage au
                                            501° Régiment de Chars de Combat, à Rambouillet.

                                       En 1950, il est promu successivement brigadier, puis brigadier-chef. En janvier
                                1952, il accède au grade de maréchal-des-logis et rejoint le Centre d'Instruction des
                                Troupes Coloniales de Marine à Fréjus.

                                       En février 1952, il embarque à Marseille pour l'Indochine. Dès son arrivée, il est
                                              er
                                affecté au 1  Régiment de Chasseurs à Cheval, à la base arrière de Gia-Lam, dans la
                                                                                                                       e
                                                                                                     er
                                banlieue d'Hanoï. Chef de char léger M 24 Chaffee au 1  peloton du 5  escadron, il se
                                distingue  au  cours  d'une  des  opérations  les  plus  importantes  de  la  campagne
                                d'Indochine,  l'opération  « Lorraine ».  Celle-ci  engage  plus  de  30  000  hommes  en
                                octobre et novembre 1952. Elle vise à soulager le camp retranché de Na-San encerclé
                                par le Viêt-minh. Le mois suivant, dans le Delta Tonkinois, il prend part à l'opération
                                « Bretagne » dont le but est de nettoyer la région de Nam-Dinh. Il se fait de nouveau
                                remarquer  avec  son  peloton  en  avril  1953,  toujours  au  Tonkin,  en  contenant  une
                                violente contre-attaque rebelle et en ne se repliant que sur ordre de son chef. Pour
                                son excellent comportement et sa bravoure lors de l'ensemble de ces opérations, il est
                                cité  à  l'ordre  de  la  division  et  obtient  la  croix  de  guerre  des  théâtres  d'opérations
                                extérieurs.

                                                                                                              e
                                       A  partir  d'octobre  1953,  son  escadron  est  affecté  au  8   Régiment  de  Spahis
                                Algériens, à Truong-Lam, à 15 Km au nord de Gia-Lam. Il est immédiatement engagé
                                dans l'opération « Mouette » qui dure jusqu'en novembre. Cette opération, une des
                                actions  offensives  les  plus  importantes  du  conflit,  a  pour  but  de  désorganiser  les
                                bases de départ de la division Viêt-Minh 320 à l'ouest du Delta. Il est cité une seconde
                                fois  pour  avoir  contribué  au  décrochage  sans  pertes  de  deux  half-tracks  de  son
                                peloton lors d'une embuscade. Il est encore cité à l'ordre de la division pour d'autres
                                faits d'armes.


                                       Volontaire pour le camp retranché de Diên Biên Phu, il est parachuté dans la
                                                                                                                            er
                                                                er
                                nuit du 24 avril 1954. Le 1  mai, il est affecté à l'escadron de marche du 1  Régiment
                                de  Chasseurs  à  Cheval.  Alors  que  les  vagues  d'assaut  Viêt-Minh  déferlent  sur  les
                                positions  franco-Vietnamiennes,  il  reçoit  l'ordre  d'appuyer  les  centres  de  résistance
                                Huguette 5, Dominique 3 et Eliane 1. Dans cette action, il est touché à la jambe par un
                                éclat, mais sans se soucier de sa blessure, il continue à fondre sur les rangs ennemis
                                avec son char, le « Mulhouse ». Par l'audace de ses mouvements et la précision de
                                ses tirs, il inflige des pertes sévères à l'adversaire. Son char est le dernier du point
                                d'appui  central  à  pouvoir  encore  rouler.  Osmont  l'utilise  afin  d'interdire  à  l'ennemi,
                                durant toute la matinée du 7 mai, le franchissement de la rivière Nam-Youm à hauteur
                                du pont Bailey, protégeant ainsi jusqu'au bout le PC du général de Castries. Avant le
                                déferlement du Viêt-Minh, il détruit son engin afin que celui-ci ne puisse être utilisé par
                                l'adversaire.  Capturé,  il  parcourt  plusieurs  centaines  de  kilomètres  entre  Diên  Biên
                                Phu et les camps du Thanh-Hoa, où, comme un grand nombre de ses compatriotes
                                prisonniers, épuisé et affaibli par l'absence de soins, il s'éteint le 26 juillet 1954.


                                       Pour  avoir  donné  sa  jeunesse  au  service  de  son  pays,  le  maréchal-des-logis
                                Osmont demeure le symbole de l'honneur et du devoir. Décoré de la médaille militaire
                                et cité à l'ordre de l'armée à titre posthume, ce sous-officier exemplaire laisse derrière
                                lui l'image d'un jeune chef de char plein d'allant et d'un soldat endurant et dynamique
                                faisant preuve d'un courage et d'un sang froid remarquables en toutes circonstances.

                                       A  l'occasion  du  cinquantième  anniversaire  de  la  chute  de  Diên  Biên  Phu,  il
                                convient de se souvenir de tous ceux qui, comme lui, se sont battus, ont été blessés
                                ou ont laissé leur vie en Indochine dans ces âpres combats pour la liberté d'un peuple.
   148   149   150   151   152   153   154   155   156   157   158