Page 149 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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                           talie, 1944. Le Corps Expéditionnaire Français (CEF), commandé par le général
                           Juin  mène  des  combats  meurtriers  depuis  le  mois  de  novembre  de  l'année
                           précédente.  Face  à  ces  100  000  hommes,  l'armée  allemande  du  maréchal
                           Kesselring se retranche sur le massif des Abruzzes qui culmine à 2 914 mètres.

                        Début janvier, en plein hiver, le CEF est chargé de prendre les montagnes situées
            au  nord  de  l'abbaye  de  Cassino,  au  centre  des  défenses  ennemies.  Le  25,  il  s'empare  du
            Belvédère, au nord-est de Cassino.
                        En vue de l'opération « Diadème » en direction de Rome, le dispositif est remanié
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            au printemps 1944. A l'aile droite, la 8  Armée britannique, chargée de l'action de rupture dans
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            la vallée du Liri, prend en charge le secteur de Cassino. La 5  Armée américaine s'installe en
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            couverture à sa gauche entre le Liri et la mer Tyrrhénienne. Elle est composée du 2  Corps
            d'Armée américain dans la zone littorale et du CEF implanté de part et d'autre du Garigliano,
            face à la dorsale montagneuse. Le dispositif allemand s'appuie sur quatre lignes de défense
            successives,  la  ligne  Gustav,  la  ligne  des  Orangers  barrant  la  vallée  de  l'Ausente,  la  ligne
            Dora et, plus importante, la ligne Hitler.
                        Le  10  mai,  le  CEF  déclenche  la  bataille  du  Garigliano.  En  rompant  au  prix  de
            fortes pertes, les positions des lignes Gustav et Hitler, le CEF a déclenché le repli ennemi et
            ouvert aux Alliés la route de Rome. Les Allemands mènent alors un combat retardateur mais
            le 4 juin, les Américains puis les Français entrent dans la capitale latine.

                        Le 17 juin 1944, les Français débarquent à l'île d'Elbe. Deux jours plus tard, toute
            l'île est conquise. C'est l'opération « Brassard » dont le but est faire de l'île une base avancée
            de la marine alliée en  Méditerranée et un plateau d'artillerie lourde  afin de stopper le trafic
            maritime ennemi le long de la côte italienne. Cette opération sert aussi de répétition générale
            avant le débarquement de Provence.

                        En juillet, le CEF livre ses derniers combats en Toscane et s'apprête en majorité à
            participer à la libération du sud de la France.
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                        Dans ce contexte si particulier où des troupes françaises d'origine diverses, la 2
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            Division d'Infanterie Marocaine, la 3  Division d'Infanterie Algérienne, les 1 , 3 , 4  groupes de
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            tabors marocains, la 4  Division Marocaine de Montagne, la 1  Division Française Libre luttent
            aux côtés de leurs alliés anglo-saxons et sous leur commandement, les sous-officiers du CEF
            jouent un rôle essentiel. De décembre 1943 à juillet 1944, en huit mois de combats intenses,
            le CEF perd 7 251 hommes, parmi lesquels 974 sous-officiers.
                        Les sous-officiers français, chefs de groupes ou chefs de section, sont nombreux à
            mener  leurs  hommes à  l'assaut  des  pentes  abruptes,  à  les  faire  progresser  à  pied,  parfois
            avec des mulets, à relever des champs de mines et à rétablir les communications sous le tir
            de l'ennemi, à livrer des combats au corps à corps, à assurer la circulation des colonnes dans
            les secteurs les plus dangereux, à investir des villages maison par maison, cave par cave.
            Toujours prêts à donner l'exemple à leurs hommes et à payer sans cesse de leur personne,
            ces cadres courageux et pugnaces ont largement contribué aux victoires obtenues.
                        Le plus bel hommage au courage et à l'esprit de sacrifice des combattants français
                                                                               e
            d'Italie viendra le 13 mai 1944 du général Clark, commandant la 5  Armée américaine :
                        «  L’Armée  française  a  conservé  comme  sacrées  ses  plus  belles  traditions
                                                                                        e
            guerrières. C'est un honneur que d'avoir ces troupes dans le cadre de la 5  Armée ».
                        Soixante ans plus tard, il est juste d'honorer la mémoire de tous ces hommes qui,
            dans  les  batailles  de  la  Campagne  d'Italie,  ont  offert  leur  vie  pour  la  France  et  les  valeurs
            qu'elle incarne.
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