Page 125 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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                              aïmi  Abdallâh  Ben  Ahmed  est  né  en  1916  au  Douar  Tagrourt  au  sein  de  la  tribu
                              marocaine des Beni Azra. Doté d'une grande force physique et d'un courage sans faille,
                              il effectue son service militaire au sein des « Goums », alors que l'Europe entre dans la
                              seconde  guerre  mondiale.  En  février  1940,  en  adéquation  avec  son  tempérament,  il
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            choisit la carrière des armes et signe son premier contrat d'engagement au sein du 103  Goum.
                        Demeurant  au  Maroc  jusqu'en  1942,  il  poursuit  sa  formation,  en  attendant  l'heure  de  la
            revanche. Le 8 novembre de cette année, les alliés débarquent en Afrique du Nord. C'est l'opération « Torch
            » et le début de la campagne de Tunisie. Six mois plus tard, les forces germano-italiennes capitulent. Le
            corps  expéditionnaire  français  (CEF)  prépare  alors,  en  Afrique  du  Nord,  le  débarquement  prochain  en
            Europe du Sud. Le 22 août 1943, Abdallâh Ben Ahmed, au sein de son unité, rejoint le CEF à Oran, où il
            s'entraîne pendant quatre mois.
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                        Le 2 janvier 1944, le jeune goumier, alors affecté au 3  Groupe de Tabors Marocains (3  GTM)
            débarque  à  Naples.  Le  22  mai  au  lendemain  de  la  victoire  du  Garigliano,  dans  la  région  de  Pico,  Saïmi
            Abdallâh Ben Ahmed se distingue par son allant et son mépris total du danger lors de l'attaque de la cote
            728. Assurant les missions de liaison entre sa section et un groupe de mitrailleuses amies, il évolue sous un
            feu nourri d'artillerie et d'armes automatiques sans jamais faillir à sa tâche. Soldat d'une grande valeur, il est
            cité à l'ordre du régiment.
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                        Fin juillet 1944, son unité rejoint le 2  GTM en Corse. Le 25 août, au sein du 83  Goum du 3
            GTM, Abdallâh Ben Ahmed débarque à Sainte Maxime. Après la libération de la Provence, il progresse à
            travers la vallée du Rhône pour atteindre le Jura puis les Vosges. L'adversaire y est décidé à défendre avec
            acharnement l'accès à l'Allemagne. Fort de son expérience, Abdallâh Ben Ahmed sait parfaitement mener
            l'assaut et accumule les succès. Mais le 10 octobre 1944, lors de la conquête du col du Xiard au sud de
            Remiremont, il est grièvement blessé sur la cote 540 alors qu'il met son fusil-mitrailleur en batterie. Cité à
            l'ordre de la division pour sa bravoure, il est évacué le jour même. Un an plus tard, remis de ses blessures, il
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            quitte la France à destination d'Oran, pour servir, en l'espace de quatre mois, au goum de Fès, puis au 34
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            goum et enfin au 56  goum.
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                        Volontaire  pour  partir  en  Extrême-Orient,  il  rejoint  le  8   régiment  de  tirailleurs  marocains
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            stationné à El Hajeb le 22 mars 1947. Débarqué à Saigon le 1  mai, il intègre aussitôt le 4  régiment de
            tirailleurs marocains. Le 9 juin, dans le massif montagneux de Chan-Chan, face à un adversaire retranché et
            supérieur en nombre, Abdallâh Ben Ahmed, s'élance courageusement par trois fois, sous un feu violent, afin
            de récupérer l'arme d'un camarade tué. Atteint par un éclat de grenade, il est contraint d'abandonner. Son
            courage  est  unanimement  salué  et  il  est  cité  à  l'ordre  du  régiment.  Ses  supérieurs  n'hésitent  plus  à  lui
                                                                   er
            confier d'importantes responsabilités. Il est promu sergent le 1  juillet 1947.
                        Excellent  chef  de  groupe,  il  entraîne  ses  hommes  par  son  exemple  et  se  distingue  à  de
            nombreuses reprises. Ainsi le 12 décembre 1947 à Thoi Hoa, il donne l'assaut, abat plusieurs adversaires et
            récupère une arme. Il est cité à l'ordre de la brigade. Puis le 5 février 1948 près de Duc Hoa en Cochinchine,
            il s'élance à la tête de son groupe contre un ennemi solidement retranché et bien armé. Il détermine alors
            par une habile manœuvre le repli des éléments adverses, les obligeant à laisser sur place de nombreuses
            armes et munitions. Sous-officier de très grande qualité, il est décoré de la médaille militaire avec attribution
            de la croix de guerre des TOE avec palme. Le 6 décembre de cette même année, le sergent Abdallâh Ben
            Ahmed  est  cité  à  l'ordre  de  la  division  pour  avoir  mis  en  fuite  une  bande,  en  progressant  à  travers  un
            marécage de la région de Gia Thuan en Cochinchine, et ce sans aucune perte. Le 10 mai 1949, dans la
            région de Binh-Han il surprend un groupe en embuscade. Il est de nouveau cité à l'ordre de la division. Enfin
            le 2 juin 1949 à Ap My Qui, il est cité à l'ordre de l'armée pour son action qui permit au bataillon d'infliger une
            lourde défaite au viêt-minh. Totalisant huit citations dont deux palmes, ce vieux guerrier marocain, toujours
            égal à lui-même dans les situations les plus graves est nommé sergent-chef le 1er mars 1950.
                        Mais  le  combat  se  durcit  face  à  un  ennemi  toujours  plus  menaçant.  Le  4  octobre  1951,  le
            sergent-chef  Abdallâh  Ben  Ahmed  fait  une  fois  de  plus  l'admiration  de  tous  à  Thaï  Binh  au  Tonkin  où  il
            assure  courageusement  la  transmission  des  ordres  du  chef  de  bataillon  sur  tout  le  front  malgré  les  tirs
            violents de l'adversaire. Cité une fois  de  plus à  l'ordre de  la brigade,  il accomplit un nouvel exploit  le  20
            janvier 1952 au cours de l'attaque du village fortifié de Do-Quan, faisant preuve d'un admirable sang froid au
            combat.  Il  est  cité  pour  ses  magnifiques  qualités  de  chef  de  guerre  à  l'ordre  de  la  division  et  est  promu
                        er
            adjudant le 1  octobre 1953.Mais sa baraka légendaire va bientôt l'abandonner. Le 31 mars 1954 lors des
            terribles combats du camp retranché de Dîen Bîen Phu, il trouve glorieusement la mort lors d'une contre
            attaque sur Eliane 2.
                        Sous-officier d'exception, l'adjudant Abdallâh Ben Ahmed, onze fois cité, figure emblématique
            des tirailleurs en Indochine, reste un magnifique exemple de service,  de  bravoure  et  de  dévouement. La
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