Page 115 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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                            ean Fournier est né le 8 avril 1915 à Quièvrechain, un petit village sur la frontière
                            franco belge le département du Nord, alors sous occupation allemande Elevé par
                            ses  grands-parents,  il  y  passe  les  premières  années  de  son  enfance, avant  de
            rejoindre la Lorraine. Son père, ingénieur civil, poilu de 14-18 et citoyen d'honneur de la ville de
            Verdun,  élève  Jean  dans  le  culte  de  la  Patrie.  Ce  dernier  poursuit  ses  études  secondaires  au
            collège  Saint-Clément,  de  Metz.  Progressivement,  il  sent  naître  en  lui  une  vocation  militaire
            suscitée par son éducation.
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                        Epris d'aventure, il s'engage en 1934 au titre du 7  régiment de tirailleurs algériens
            (RTA) et rejoint ainsi Constantine en Algérie. Affecté dans le peloton d'instruction, il est nommé
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            caporal  le  1   août  1935.  Désigné  pour  suivre  le  peloton  des  sous-officiers,  Fournier  obtient
            d'excellents résultats. Il est nommé sergent le 1er février 1936.
                        Dès 1938, et face aux prétentions des dictateurs allemand et italien, la guerre paraît
            inévitable. L'ennemi italien est au sud de la Tunisie. Des mesures défensives de grande envergure
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            doivent être prises. Pour cela, le 7  RTA construit la ligne « Mareth ». Pendant de longs mois,
            chaque section prépare des emplacements de combat. Le sergent Fournier mesure pleinement
            l'ampleur de la tâche et participe activement à cette organisation. Exemplaire, il fait partie de ces
                                                                                                           er
            jeunes sous-officiers sur qui le commandement peut s'appuyer. Il est nommé sergent-chef le 1
            mars 1940.
                        Mais la guerre n'a pas lieu, l'armistice de juin 1940 prend de court le régiment stationné
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            à Sfax, dans le golfe de Gabès. Le 7  RTA quitte alors la Tunisie pour rejoindre les limites de la
            petite  Kabylie,  en  Algérie.  Durant  les  deux  années  à  venir,  tous  les  tirailleurs  s'entraînent
            intensément  pour  améliorer  leurs  capacités  opérationnelles.  Tous  savent  qu'ils  auront  leur
            revanche.  Le  8  novembre  1942,  c'est  l'opération  «  TORCH  »  :  les  alliés  anglo-américains
            débarquent  à  Casablanca  Oran  et  Alger.  Aussitôt  après,  les  unités  de  l’armée  d'Afrique  sont
            déployées  en  Tunisie  pour  couvrir  la  montée  en  puissance  des  anglo-saxons.  Rattaché  à  la
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            division de Constantine, le 7  RTA doit tenir les cols contrôlant les accès en Tunisie. La section du
            sergent-chef Fournier est engagée au nord de Tébessa.
                        Le  3  décembre,  le  col  du  Rebaou  est  conquis  :  il  s'agit  de  la  première  victoire  de
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            l'armée d'Afrique. A la fin du mois, relevé par le 2  RTA le 7  RTA se replie en réserve à Ferania.
            L'Afrikakorps de Rommel subit des revers. Il recule vers la Tunisie. Le dispositif allié se resserre.
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            Le 28 mars 1943, c'est la bataille conduisant à Pichon. Le 7  RTA participe à la victoire d'Afrique
            jusqu'à  la  capitulation  germano-italienne  du  13  mai.  Le  19  décembre  1943,  le  sergent-chef
            Fournier quitte la terre Africaine pour débarquer à Bagnoli, en Italie, le 21 décembre.
                        Au cours de cet hiver rude, les tirailleurs, stationnés au nord de Naples, vivent dans
            des  conditions  difficiles  en  terrain  montagneux  et  boueux.  Pendant  presque  une  année,  pour
            percer la ligne « GUSTAV », la bataille se déroule par succession de contre attaques. Dans la nuit
            du 7 au 8 janvier 1944, pris sous le feu ennemi au cours d'une reconnaissance offensive sur la
            cote 960, le sergent-chef Fournier, par son calme et son sang froid, a permis, par un feu nourri, le
            décrochage des éléments avancés. Il est cité pour son action à l'ordre de la brigade. Le 31 janvier
            1944, le bataillon de Jean Fournier est dans le secteur du Belvédère pour conquérir les cotes 771
            et  915.  Dans  ce  dispositif,  les  Allemands  y  tiennent  une  ferme,  constituant  un  point  d'appui
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            particulièrement solide. Le 1  février, le commandement décide de s'emparer de cette position qui
            bloque les tirailleurs depuis plusieurs jours. Le lendemain, à la tête de sa section, le sergent-chef
            Fournier  lance  l'assaut et  déloge tous  les  Allemands.  Au  cours  de  cette  action,  il  est tué  d'une
            rafale de mitrailleuse.
                        Fervent  patriote,  le  sergent-chef  Fournier  était  un  sous-officier  exemplaire  pour  ses
            tirailleurs.  Son  dévouement,  son  engagement  étaient  reconnus  dès  ses  débuts  militaires,  son
            courage et sa combativité n'ont jamais cessé de s'amplifier au cours des opérations où il a obtenu
            la croix de guerre. A titre posthume, la Médaille Militaire est venue rendre un dernier hommage à
            ce sous-officier, mort pour la France, au service de la liberté.
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