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22° PROMOTION
"Chemin des Dames"
Après les légionnaires romains, les gens d'armes de Jeanne d'Arc et les
grognards de l'Empereur, l'Armée française s'est battue de 1914 à 1918 sur le front
de l'Aisne.
C'est le 28 Octobre 1914, que le plateau du Chemin des Dames, qui doit
son nom à la chaussée empierrée pour les filles de Louis XV, eut pour la première
fois les honneurs du "communiqué". Tout au long de la Grande Guerre chaque
mètre carré de ce plateau, situé entre l'Aisne et l'Ailette, devait être le théâtre de
furieux combats.
Guerre de positions entre la Somme et Verdun: pendant quatre ans, avec
une ténacité inouïe, l'Armée française disputera chaque jour à l'envahisseur,
quelques mètres de tranchées, une grotte ou un observatoire.
Sur 22 kilomètres, de la ferme de l'Ange gardien à Corbeny tous les lieux-
dits du plateau du Chemin des Dames sont entrés dans l'Histoire.
C'est au cours de la longue année 1917 que se situent les combats les
plus violents.
Dès la fin de cet hiver 16/17 où le café et le vin gelaient dans leur bidon,
les valeureux "poilus" qui avaient "fait" l'Yser, l'Argonne ou la Champagne sont
rejoints par les jeunes de la classe 17. La plupart de ces recrues "fêteront" leur
vingtième anniversaire sur le Chemin des Dames. On les appela les "bleuets". Aux
côtés de leurs ainés, " ils manœuvreront comme une vieille troupe".
Le 16 Avril, la division Marchand enlève toute la largeur du plateau à
hauteur d’Heurtebise. Le 1° Corps d'Armée Colonial s'empare du Moulin de Laffaux
et de la ferme Moisy. Mais une contre-attaque allemande parvient à refouler les
survivants après de rudes combats. Le 17 Avril, près de Juvincourt, les chars Saint-
Chamond de 24 tonnes et les lourds Schneider, accompagnent le 1° R.I qui se bat
furieusement pour occuper le plateau de Craonne.
Le 5 Mai, quatre groupes de chars qui appuient les troupes qui attaquent
en direction des Bovettes et de la Forêt de Vauclerc. Les Allemands déclenchent un
tir de barrage réglé par leurs avions d'observation. Parvenus sur le bord du plateau
de Californie, les assaillants sont fauchés par les tirs adverses. La bravoure des
jeunes cadres n'a d'égale que celle de leur troupe. Un sergent entraine les 48
soldats restants de la 2° Cie du 3° R..I à l'assaut des positions de la Garde
prussienne. Devant le Moulin de Laffaux, c'est le Maréchal des Logis Domère qui
anime ses hommes au cours "d'un corps a corps terrifiant", pour la prise d'une
tranchée.
Le 5 Septembre, l'Adjudant Carré, pilote d'avion d'observation est abattu
entre les premières lignes adverses. Ce n'est qu'après trois tentatives sous le feu des
mitrailleuses, que les sergents Foulet et Michaud parviendront à ramener
l'observateur blessé.
En automne 1917, le Commandement français dresse avec minutie un
plan réaliste pour reconquérir le plateau du Chemin des Dames jusqu'au thalweg
de l'Ailette. Dès le 6 Octobre, la préparation d'Artillerie débute. A partir du 17, le
Chemin des Dames s'embrase. En dix jours, nos artilleurs écrasent les lignes
allemandes sous 2 millions de coups de 75 et 85.000 obus d'artillerie lourde.