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Un témoignage des rapports
franco-russe : la « grenadirka »
Dans le cadre de sa politique de restauration, le musée du
Sous-Officier est toujours à la recherche de mécènes et de sponsors.
Il y a quelques semaines, le Crédit Agricole donnait son accord pour la
restauration d’un objet rare et exceptionnel : une mitre russe, aussi appelée
« Grenadirka », pour une somme frôlant les 1 400 euros.
Un peu d’histoire :
Offerte en 1900 au général Briois, attaché militaire en Russie, c’est à
la fin de l’année 1988 qu’entre dans les collections du musée cet objet éton-
nant, ce grâce à un don de Monsieur De Languavant.
Cette « grenadirka » est la mitre des soldats du régiment de la Garde
er
Pavlovski ; régiment créé en 1796 par Paul I de Russie sous le nom
er
de Régiment de Grenadiers Pavlovski. C’est en 1813 qu’Alexandre I
de Russie lui accorde son nom définitif pour le récompenser de ses
hauts faits d’armes contre la Grande Armée dans des batailles aussi
célèbres que celles d’Eylau ou de la Bérézina…
Le régiment s’illustre ensuite dans divers conflits comme les
guerres russo-turques ; mais son dernier combat, il le mène durant la
Première Guerre mondiale. C’est le 10 mai 1918 qu’est dissout le
régiment de la Garde Pavlovski.
description :
Revenons maintenant à cet élément un peu spécial
de l’uniforme des soldats de la Garde Pavlovski : la mitre ou
« grenadirka », coiffure emblématique de ce régiment.
C’est en 1808, afin de le récompenser de son com-
portement héroïque durant la bataille de Friedland, que le Tsar
Alexandre I de Russie impose le port de cette mitre. Le 13 novembre
er
de cette même année, le nom de chaque propriétaire fut inscrit
sur la plaque de sa mitre. Sur la mitre appartenant au musée trois
impacts de balles sont bien visibles, et le nom qui y est gravé est
celui de : Klimi Reibtchenka.
La « grenadirka » est composée d’une plaque de laiton au centre
de laquelle est apposée l’étoile de l’Ordre de Saint André. Dans la partie
supérieure c’est un aigle bicéphale qui est représenté ainsi que la devise du régiment : « Dieu avec nous ».
L’arrière de la mitre est composé d’un bandeau orné de trois grenades couleur or et d’une coiffe rouge.
La coiffure est surmontée d’un pompon blanc.
Ces mitres sont recouvertes d’une
plaque de cuivre sur laquelle subsiste les
impacts de balles reçues lors de la bataille
de Friedland. Comme indiqué plus haut, ces
coiffures étaient encore utilisées durant la
Première Guerre mondiale, où elles étaient
exactement 532 à avoir subsisté aux outrages
du temps.
Dans peu de temps, la « grenadirka »
sera de retour à Saint-Maixent ; et elle aura,
bien entendu, une place d’honneur dans la
nouvelle scénographie du musée…
Deux soldats, du régiment de la Garde Pavlovski avec leur mitre,
sont observables sur la droite du tableau de la «Bataille d’Eylan»
par Antoine-Jean Gros réalisé en 1807.