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France-Haïti :


                                    une histoire partagée…

                 A l’heure où Haïti panse ses plaies, et pour long-
          temps encore, à la suite du terrible tremblement de terre
          qui  a  frappé  notamment sa  capitale  Port-au-Prince  le
          12  janvier dernier, il est bon de  se souvenir  que les
          collections  nationales  françaises  abritent des  objets
          rappelant notre histoire partagée.


          Petit rappel historique :
                 Au cours de leur histoire commune, Haïti et la France
          développent  des sentiments  partagés.  Dès l’acquisition de
          l’île  par  les Français  en 1697,  les relations  entre ces deux
          territoires oscillent entre haine et fascination. Ainsi, la révolte
          de  1791  et l’expédition  française de  1802  s’inscrivent dans la suite du mouvement  révolutionnaire
          de 1789 en Métropole. Ces évènements meurtriers débouchent en 1804 par la proclamation d’Indé-
          pendance de la première république noire au monde. Mais cette rapide émancipation ne permet pas
          d’assurer  une stabilité  politique.  Las  de  voir  se succéder  les régimes dictatoriaux,  la  république
          instaurée en 1859 revient à des principes plus démocratiques et se rapproche de cette nation « sœur »
          qu’est  la  France,  redevenue  elle-même  une république  le  4  septembre  1870.  Si,  malgré ces  liens
          historiques et linguistiques entre les deux pays les relations se sont faîtes, peu à peu, moins étroites, la
          catastrophe survenue au début de cette année a montré qu’entre la France et Haïti il subsiste de réels
          liens. Ainsi, l’opération « Séisme Haïti 2010 » est l’opération militaire visant à  épauler l’île dans ces
          circonstances tragiques.


          Des liens matérialisés :
                 En 1880, l’armée française adopte un modèle d’emblème. La hampe est surmontée d’une pique
          portant sur le caisson une inscription mentionnant l’arme et le numéro du régiment. L’exemple présenté
          ici est le prototype réalisé par la maison Arthus-Bertrand qui produit aujourd’hui encore les emblèmes
          régimentaires (drapeaux et étendards) de l’armée française.
                 Onze ans plus tard, en 1891, la maison Vaugeois et Binot propose une pique pour la République
          d’Haïti très inspirée du modèle français, en y adjoignant des branches de laurier et de chêne. Mais si la
          France fabrique ses piques en métal fondu, Haïti utilise plutôt de la tôle estampée.
                 Le musée de l’Armée présente dans ses nouvelles salles consacrées à la période 1871-1939 deux
          prototypes de piques d’emblèmes militaires témoignant de ce lien.
                                     à gauche :
                                     Prototype de 1891 fabriqué par la Maison Vaugeois et Binot ( ) pour la République d’Haïti, 1891.
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                                     Elle porte l’inscription suivante : « Modèle de pique des drapeaux de la République d’Haïti 1891. Exécuté
                                     par la maison Vaugeois et Binot ».
                                     à droite :
                                     Prototype de pique de 1879,
                                     adopté en 1880 et fabriqué par
                                     la Maison Arthus-Bertrand ( )
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                                     pour la République Française.
                                     Elle porte l’inscription suivante :
                                     « Modèle de pique des drapeaux
                                     et étendards français de 1880.
                                     Exécuté par la maison
                                     Arthus-Bertrand ».
                 Si le musée  du sous-officier ne possède
          aucun exemplaire  de  pique  haïtien,  il  conserve
          quatre  drapeaux  réglementaires   dont  celui  de
          l’Ecole des Sous-officiers de Strasbourg( ).
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                 Cette école  installée en août 1946  à
          Strasbourg, fut dissoute le 31 juillet 1985, faisant de Saint-Maixent-l’Ecole un pôle majeur de la forma-
          tion des sous-officiers de l’armée de terre.


          ( 1 ) Fabricant de passementeries et broderies militaires.
          ( 2 ) Maison fondée en 1863. Création de décorations militaires, de drapeaux, de médailles, etc…
          ( 3 ) Drapeau mis en dépôt à Saint-Maixent-l’Ecole le 11 décembre 1985.
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