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Adjudant-chef Jean CRETIN



                        J      ean CRETIN est né le 25 novembre 1928 à Volgelsheim en Alsace. Il a 12 ans
                               en 1940 lorsque l’Allemagne nazie envahit la France. Ses parents ne sont pas
                               de  ceux  qui  se  résignent  et  ils  entrent  dans  la  lutte  clandestine.  Jean  les


                                 rejoindra tout naturellement dans la résistance malgré son jeune âge.
                  À peine âgé de 18 ans en 1946, il décide de poursuivre l’aventure. Il s’engage au titre des
            forces d’occupation en Allemagne au Régiment Colonial de Chasseurs de Chars.
                  L’Indochine s’embrase. En février 1948, Jean CRETIN a 20 ans quand il arrive en Indochine
            et  participe  à  ses  premiers  combats.  Il  rejoint  le  Groupe  d’escadrons  de  Marche  du  Régiment
            d’Infanterie Colonial du Maroc (RICM), unité d’élite formée de français et d’autochtones. Au sein
            de cette unité, il participera à la pacification des foyers les plus actifs de la guérilla Viêt Minh dans
            le Delta tonkinois.
                  Deux ans de combats intenses forgent son caractère de soldat ; il est blessé trois fois par
            mines lors de raids sur Dong Lam au Tonkin. À Noël 1949, au cours de l’opération Tu Ky, son
            groupe est pris à partie par une résistance rebelle. Son chef de section tombe, grièvement blessé.
            Animé d’une profonde détermination, le caporal CRETIN prend le commandement de la section,
            s’empare du FM et tire en marchant pour donner l’assaut. Entraînant tous ses hommes derrière lui,
            il s’empare du fort rebelle. Pour cette action d’éclat, il sera cité à l’ordre de la brigade.
                  De retour sur son sol natal en juillet 1950, il est affecté au Régiment de Marche du Tchad.
            Ses qualités de chef et de meneur d’hommes sont unanimement reconnues. Il est nommé sergent
            le 1er avril 1951.
                  Mais Jean CRETIN ne songe qu’à repartir. Il rejoint Haiphong le 18 février 1952, au sein du
               e
            32  Bataillon de Marche de Tirailleurs Sénégalais. À Phuc-Loc, son poste est violemment attaqué
            par les rebelles, qu’il déroute les forçant au repli.
                  Remarqué  pour  ses  qualités  de  combattant,  Jean  CRETIN  est  recruté  en  février  1953
                                 re
            comme  chef  de  la  1   section  du  commando  43.  Sur  le  delta  tonkinois  à  Tu  Kmu  Van-Dinh  et
            Ngoai-Do, il monte des embuscades et exécute des coups de main en territoire ennemi, infligeant
            des pertes significatives au Viêt Minh. À Thai Binh, il sauve la vie d’un sous-officier sérieusement
            blessé  sur  le  point  d’être  achevé  par  les  rebelles.  Lui-même  sera  blessé  trois  fois  dans  ces
            combats  directs  d’une  rare  intensité.  Pour  ces  faits  héroïques,  il  sera  décoré  de  la  Médaille
            militaire en juin 1954 et obtiendra la Croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieures avec 1
            palme et 5 étoiles (1 vermeil, 1 argent et 3 bronze)
                  Le 6 juin 1956, il part pour l’Algérie avec le RICM mais pour quatre mois seulement, avant
            d’être  muté  pour  une  mission  de  longue  durée  au  Sénégal.  Au  début  de  1957,  les  Sahraouis
            prennent  les  armes,  entraînant  aussitôt  l’opération  franco-espagnole  Ecouvillon.  Du  Sénégal,  il
            rejoint la Mauritanie avec un détachement de surveillance et de maintien de l’ordre. Encore une
            fois, il se distingue au combat le 22 février 1958 en allant chercher un blessé gravement atteint
            sous le feu des rebelles. Il se voit décerner la Croix de la Valeur militaire avec étoile d’argent. Il
            rentre  en  métropole  fin  1959,  mais  repart  quatre  mois  plus  tard  pour  participer  à  la  guerre
            d’Algérie.  Il  débarque  à  Alger  en  qualité  de  chef  de  harka  du  23e  RIMa.  Pour  ses  actions  de
            combat, il sera cité à l’ordre de la division.
                  Il rejoint la France le 7 août 1962 et quitte le service actif six mois plus tard.
                  Parrainé  par  son  compagnon  d’armes,  le  général  Delayen,  il  sera  fait  commandeur  de  la
            légion d’honneur en août 2002.
                  Il  s’engage  alors  avec  le  même  enthousiasme  et  la  même  générosité  au  service  de  ses
            concitoyens, en devenant maire du village de Beure. Il s’investit dans cette fonction avec une rare
            ténacité  durant  24  ans,  respectueux  du  devoir  de  mémoire.  Il  est  notamment  à  l’origine  de  la
            création du musée historique Lucien Roy auquel il donne une âme.
                  Jean CRETIN s’éteint chez lui, à Beure, le 3 juillet 2010, parmi ses concitoyens, entouré par
            ses frères d’arme, ses compagnons de misère et accompagné par plus de 70 drapeaux.
                  Jean CRETIN n’a eu cesse tout au long de sa vie de vivre dans l’honneur et l’abnégation au
            service de la France et de ses concitoyens.
                  Il est un exemple pour les jeunes générations.
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