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Adjudant-chef Dominique CASTA

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                                u sortir de la Première Guerre mondiale, la Corse est confrontée à une grave crise
                                économique qui contraint une partie de sa population à s'exiler massivement vers
                                le continent. C'est dans ce contexte que Dominique CASTA voit le jour, le 28 août
               1922 à Calenzana, un village proche de Calvi. En septembre 1926, la famille CASTA quitte l'île de
               beauté, et débarque à Toulon. Elle prend résidence à Riom dans le Puy-de-Dôme. Dominique CASTA
               y passe toute sa jeunesse en compagnie de son frère aîné, François, qui deviendra par la suite le
               père François CASTA, prestigieux aumônier parachutiste, Grand-Croix de la Légion d'Honneur.
                          En  1939,  lorsque  l'Allemagne  nazie  déclenche  la  guerre  en  envahissant  la  Pologne,
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               Dominique  CASTA  s'engage  au  9   bataillon  de  chasseurs  alpins,  et  devient  le  3  juin  1940  le  plus
               jeune caporal-chef de France. Il n'a pas encore 18 ans. Le 6 juin 1940, le caporal-chef CASTA rejoint
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               le  9  régiment d'infanterie. Engagée dans un combat sans espoir contre  les  blindés ennemis entre
               Reims et Rethel, son unité plie. Ainsi, le 12 juin, dans un corps à corps, il est blessé par baïonnette au
               coude gauche. Il est fait prisonnier et est conduit au stalag II à Furferchen au nord de l'Allemagne. Le
               17 septembre 1941, après trois tentatives d'évasion il réussit à se faire rapatrier pour raison sanitaire
               à l'aide de faux papiers.
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                          Avide  d'action,  il  reprend  du  service  le  27  novembre  1941  au  titre  du  21   régiment
               d'infanterie  coloniale.  Mais  un  an  plus  tard,  l'Allemagne  envahit  la  Zone  Libre  et  son  régiment  est
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               dissout.  Le  1   janvier  1943,  il  rejoint  l'armée  secrète,  au  sein  du  2   escadron  motocycliste  du  4
               régiment de la garde et se voit nommé maréchal-des-logis. Il est de toutes les missions. Le 12 juin
               1944, au cours d'une opération à Lyon, il est blessé par grenade à l'épaule gauche. Le 30 août 1944, il
               s'illustre de nouveau lors d'un combat au nord de Vichy, obtenant la Croix de Guerre 39-45 avec une
                                                                                     re
               citation à l'ordre de la division. Combattant avec son escadron au sein de la 1   division France Libre,
               pendant la campagne de France, son courage et son audace lui valent une autre citation à l'ordre de
               la division.
                          Finalement au printemps 1945, l'Allemagne nazie s'incline. Mais, alors que le général de
               GAULLE  triomphe  à  Paris,  une  autre  partie  du  monde  s'embrase  :  l'Indochine.  Le  corps
               expéditionnaire français en Extrême-Orient est créé. Promu maréchal-des-logis-chef, CASTA l'intègre
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               au sein du 9  régiment de dragons et débarque le 3 novembre à Saigon. Il participe à des opérations
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               de nettoyage dans la province de Tay-Ninh. Le 1   mars, au cours de l'une d'elles, il est blessé par
               balle  en  neutralisant  une  mitrailleuse  rebelle.  Trois  mois  plus  tard,  les  27  et  29  juin  1945,  prenant
               personnellement le commandement d'une pièce de mitrailleuse, il disloque le dispositif ennemi mais,
               en le poursuivant, il est de nouveau atteint par une balle au genou en portant secours à l'un de ses
               hommes, blessé. Il est cité à l'ordre de l'armée et la Médaille Militaire lui est concédée. Il n'a que 24
               ans.
                          Rapatrié  en  décembre  1946,  quatre  ans  s'écoulent  avant  qu'il  puisse  se  réengager  au
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               titre  du  2   groupement  colonial  de  commandos  parachutistes  et  repartir  pour  l'Indochine  le  29
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               décembre  1950.  Breveté  parachutiste,  il  participe  à  toutes  les  opérations  du  2   bataillon  de
               parachutistes  coloniaux  :  Son  Tay,  Thaï  Binh,  bataille  du  Bay  et  Hoa  Binh  à  trois  reprises.  Le  31
               décembre, il est nommé adjudant.
                          Affecté en avril 1952 au groupement de commandos mixtes aéroportés, il rejoint la base
               de l'île de Cu Lao Ré sur la côte du Centre Annam. Pour ses nombreuses actions d'éclat, il reçoit une
               autre citation à l'ordre de l'armée. Il entre alors dans la légende et est immortalisé par Marc FLAMENT
               dans la revue hommes de guerre : « l'amiral de Cu Lao Re c'est l'adjudant CASTA, il commande la
               flotte GCMA de l'île et donne ses ordres coiffé d'une authentique casquette de chef de gare venue tout
               droit de France et dont les trois étoiles inspirent le respect ».
                          Le 10 mai 1953, il quitte l'Indochine. Nommé adjudant-chef en 1955, il effectue un séjour
               en Côte d'Ivoire où il reçoit la Légion d'Honneur. De 1959 à 1961, il retrouve son île natale et sert au
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               1  bataillon parachutiste de choc à Calvi. Après un an en Algérie, L'adjudant-chef CASTA termine sa
               carrière par un séjour à Tahiti en 1963, où il décide de rester pour jouir de sa retraite. Il décède le 25
               février 2007 et sera inhumé sur place.
                          Chevalier de la Légion d'Honneur, Médaillé Militaire, titulaire de la Croix de Guerre 39-45,
               de la Croix de Guerre des Théâtres d'Opérations Extérieures, six fois cité, L'adjudant-chef CASTA est
               un véritable héros qui, par ses exceptionnelles qualités de meneur d'hommes et un dévouement sans
               faille pour son pays, mérite d'être cité en exemple auprès des jeunes sous-officiers.
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