Page 251 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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Adjudant-chef Robert ESTAN
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                              OBERT ESTAN est né le 30 octobre 1919 à Coux en Ardèche. Attiré par le métier des
                              armes,  il  s'engage  au  titre  du  9   Régiment  de  Spahis  Algériens  à  l'âge  de  19  ans.  A
                              l'issue de sa période de formation, il rejoint l'escadron de transmission en février 1939.
            Sept mois plus tard, la France entre en guerre contre l'Allemagne et le jeune Spahi Estan regagne le dépôt
            de cavalerie n°15 à Orange en mars 1940 avec son unité. Refusant la défaite, il rejoint l'armée de l'Est le 8
            mai et se bat dans la région du Loiret. Le 18 juin, il est fait prisonnier à Gien par les Allemands et est interné
            au  camp  «  Stalag  II  »  à  Funfheichen  au  nord  de  l'Allemagne.  Résistant  et  pugnace,  il  survit  en  captivité
            pendant cinq longues années avant d'être libéré le 22 juillet 1945. Il est rapatrié à Bourg-les-Valence et est
            nommé, avec effet rétroactif, caporal et caporal-chef en juin et décembre 1941 puis maréchal des logis en
            juillet 1943.
                                                                                                e
                        Affecté successivement au centre d'instruction de l'arme blindée en août, au 504  Régiment de
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            Chars en octobre 1945 puis au 23  Bataillon d'Infanterie en mai 1946, il rengage pour trois ans et est nommé
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            sergent- chef le 1  juin. Volontaire pour servir en Extrême Orient, il débarque à Haïphong le 10 décembre
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            1946 au sein du 21  Régiment d'Infanterie Coloniale et prend le commandement d'une section de supplétifs.
            Le  2  février  1947,  il  se  distingue  devant  Luc  Then  au  Tonkin.  Par  son  sens  des  réalités  au  combat,  il
            entraîne ses hommes sur les crêtes battues par le feu ennemi et contraint une patrouille adverse, appuyée
            par des armes automatiques, à se replier, lui infligeant de lourdes pertes. En décembre, devant Long-Mo, il
            permet, par son sang froid et son esprit d'initiative, à faire passer la totalité de son groupement dans un
            terrain  battu par les  Viêt-Minh.  Son courage et sa  détermination au combat lui  valent l'admiration  de ses
            chefs et de ses soldats. Pour ces faits d'armes, il est cité à l'ordre du régiment et de la brigade et est décoré
            de la Croix de Guerre des Théâtres d'Opérations Extérieurs.
                        Chargé de faire circuler les convois pendant plus de six mois, entre Lang-Son et Lang-Nac, le
            sergent-chef  ESTAN,  par  son  abnégation,  n'a  jamais  failli  à  sa  mission,  malgré  les  nombreuses
            embuscades. Le 15 novembre 1948, sa section a totalement désorganisé la défense des rebelles, par le tir
            précis de ses armes lourdes, et permis ainsi la progression des sections de voltige. Il est cité pour cette
            action à l'ordre de la division.
                        Il est admis dans le corps des sous-officiers de carrière et rentre en métropole en juillet 1949.
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            Le sergent-chef ESTAN rejoint le 152  Régiment d'Infanterie et est nommé adjudant en janvier 1950. Le 9
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            mai  1952,  il  embarque  pour  le  Tonkin  au  sein  de  la  2   compagnie  du  bataillon  Muong.  Il  effectue  de
            nombreuses liaisons périlleuses tout l'été au Nord Vietnam. Il se distingue particulièrement dans la nuit du 4
            au 5 octobre 1952 au combat de Xuan Nguyen.  Sous officier courageux et  d'un  grand calme, il dirige le
            ravitaillement  en  munitions  d'un  bataillon  engagé  dans  de  durs  combats.  Pris  sous  un  feu  violent  de
            l'ennemi,  il  évacue  lui-même  des  blessés  jusqu'au  poste  de  secours  et  participe  à  l'anéantissement  d'un
            élément rebelle sur l'axe d'évacuation. Il est cité à l'ordre de la brigade pour cet acte de bravoure et se voit
            conférer la Médaille Militaire le 12 décembre 1952.
                        Au cours de l'année 1953, l'adjudant ESTAN est affecté à la compagnie de commandement où
            il est chargé, plus spécialement, de la protection du PC. Le 16 janvier 1954, à Hai Yen au Nord Vietnam, au
            cours d'un violent accrochage avec l'ennemi, il met tout en œuvre pour protéger le PC au mépris du danger.
            Brillant chef de section, il se porte aux endroits les plus exposés et organise une riposte au mortier d'une
            précision redoutable sur l'élément vietminh. Il est, une nouvelle fois, cité à l'ordre de la brigade.
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                        Promu adjudant-chef le 1  juillet 1954, il rentre en métropole le mois suivant. Après ses congés
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            de  fin  de  campagne,  il  est  muté  au  3   bataillon  du  60   Régiment  d'Infanterie  à  Grombalia  en  Tunisie  en
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            janvier 1955. Il réussit avec brio son brevet de 1  degré d'infanterie au sein de la 12  compagnie puis rejoint
            la compagnie de commandement et des services, stationnée en Algérie, comme adjudant d'unité le 10 août
            1956.
                        Sous-officier  faisant  preuve  des  plus  belles  qualités  de  chef  et  d'entraîneur  d'hommes,  il  se
            distingue  à  nouveau  le  5  janvier  1957.  Dans  la  soirée,  l'adjudant-chef  ESTAN  parvient  avec  sa  section,
            malgré le feu intense d'armes automatiques adverses, à ravitailler une compagnie durement accrochée dans
            le Djebel Es Sif. Le 26 août de la même année, dans le Douar Aouaïd, il se porte à l'assaut d'une crête tenue
            par de nombreux rebelles bien armés. Son courage et sa ténacité au combat obligent l'ennemi à se replier.
            Pour ces faits d'armes, il est cité à l'ordre de la brigade avec attribution de la Croix de la Valeur Militaire.
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                        En fin d'année, il est muté à la compagnie de garnison n°3 de Strasbourg puis est affecté au 2
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            bataillon du 8  Régiment d'Infanterie en Algérie. Début 1962, en application du plan « Cigogne », l'adjudant-
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            chef Estan rejoint le camp de Bitche avec son unité. Son bataillon aussitôt dissous, il est affecté à la 406
            compagnie du quartier général de Strasbourg. Il prend sa retraite le 10 juin 1964 et se retire à Hangenbieten
            dans le Bas-Rhin. Médaillé militaire, cité à six reprises, l'adjudant-chef ESTAN est fait Chevalier dans l'Ordre
            de la Légion d'Honneur le 31 décembre 1964. Il s'éteint en 1987.
                        Audacieux  et  toujours  volontaire,  l'adjudant-chef  ESTAN  laisse  le  souvenir  d'un  sous-officier
            d'exception  et  généreux.  Meneur  d'hommes  remarquable  au  combat,  expérimenté  et  fidèle,  il  a  valeur
            d'exemple et de guide auprès des jeunes générations.
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