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Adjudant-chef Robert ESTAN
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OBERT ESTAN est né le 30 octobre 1919 à Coux en Ardèche. Attiré par le métier des
armes, il s'engage au titre du 9 Régiment de Spahis Algériens à l'âge de 19 ans. A
l'issue de sa période de formation, il rejoint l'escadron de transmission en février 1939.
Sept mois plus tard, la France entre en guerre contre l'Allemagne et le jeune Spahi Estan regagne le dépôt
de cavalerie n°15 à Orange en mars 1940 avec son unité. Refusant la défaite, il rejoint l'armée de l'Est le 8
mai et se bat dans la région du Loiret. Le 18 juin, il est fait prisonnier à Gien par les Allemands et est interné
au camp « Stalag II » à Funfheichen au nord de l'Allemagne. Résistant et pugnace, il survit en captivité
pendant cinq longues années avant d'être libéré le 22 juillet 1945. Il est rapatrié à Bourg-les-Valence et est
nommé, avec effet rétroactif, caporal et caporal-chef en juin et décembre 1941 puis maréchal des logis en
juillet 1943.
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Affecté successivement au centre d'instruction de l'arme blindée en août, au 504 Régiment de
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Chars en octobre 1945 puis au 23 Bataillon d'Infanterie en mai 1946, il rengage pour trois ans et est nommé
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sergent- chef le 1 juin. Volontaire pour servir en Extrême Orient, il débarque à Haïphong le 10 décembre
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1946 au sein du 21 Régiment d'Infanterie Coloniale et prend le commandement d'une section de supplétifs.
Le 2 février 1947, il se distingue devant Luc Then au Tonkin. Par son sens des réalités au combat, il
entraîne ses hommes sur les crêtes battues par le feu ennemi et contraint une patrouille adverse, appuyée
par des armes automatiques, à se replier, lui infligeant de lourdes pertes. En décembre, devant Long-Mo, il
permet, par son sang froid et son esprit d'initiative, à faire passer la totalité de son groupement dans un
terrain battu par les Viêt-Minh. Son courage et sa détermination au combat lui valent l'admiration de ses
chefs et de ses soldats. Pour ces faits d'armes, il est cité à l'ordre du régiment et de la brigade et est décoré
de la Croix de Guerre des Théâtres d'Opérations Extérieurs.
Chargé de faire circuler les convois pendant plus de six mois, entre Lang-Son et Lang-Nac, le
sergent-chef ESTAN, par son abnégation, n'a jamais failli à sa mission, malgré les nombreuses
embuscades. Le 15 novembre 1948, sa section a totalement désorganisé la défense des rebelles, par le tir
précis de ses armes lourdes, et permis ainsi la progression des sections de voltige. Il est cité pour cette
action à l'ordre de la division.
Il est admis dans le corps des sous-officiers de carrière et rentre en métropole en juillet 1949.
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Le sergent-chef ESTAN rejoint le 152 Régiment d'Infanterie et est nommé adjudant en janvier 1950. Le 9
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mai 1952, il embarque pour le Tonkin au sein de la 2 compagnie du bataillon Muong. Il effectue de
nombreuses liaisons périlleuses tout l'été au Nord Vietnam. Il se distingue particulièrement dans la nuit du 4
au 5 octobre 1952 au combat de Xuan Nguyen. Sous officier courageux et d'un grand calme, il dirige le
ravitaillement en munitions d'un bataillon engagé dans de durs combats. Pris sous un feu violent de
l'ennemi, il évacue lui-même des blessés jusqu'au poste de secours et participe à l'anéantissement d'un
élément rebelle sur l'axe d'évacuation. Il est cité à l'ordre de la brigade pour cet acte de bravoure et se voit
conférer la Médaille Militaire le 12 décembre 1952.
Au cours de l'année 1953, l'adjudant ESTAN est affecté à la compagnie de commandement où
il est chargé, plus spécialement, de la protection du PC. Le 16 janvier 1954, à Hai Yen au Nord Vietnam, au
cours d'un violent accrochage avec l'ennemi, il met tout en œuvre pour protéger le PC au mépris du danger.
Brillant chef de section, il se porte aux endroits les plus exposés et organise une riposte au mortier d'une
précision redoutable sur l'élément vietminh. Il est, une nouvelle fois, cité à l'ordre de la brigade.
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Promu adjudant-chef le 1 juillet 1954, il rentre en métropole le mois suivant. Après ses congés
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de fin de campagne, il est muté au 3 bataillon du 60 Régiment d'Infanterie à Grombalia en Tunisie en
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janvier 1955. Il réussit avec brio son brevet de 1 degré d'infanterie au sein de la 12 compagnie puis rejoint
la compagnie de commandement et des services, stationnée en Algérie, comme adjudant d'unité le 10 août
1956.
Sous-officier faisant preuve des plus belles qualités de chef et d'entraîneur d'hommes, il se
distingue à nouveau le 5 janvier 1957. Dans la soirée, l'adjudant-chef ESTAN parvient avec sa section,
malgré le feu intense d'armes automatiques adverses, à ravitailler une compagnie durement accrochée dans
le Djebel Es Sif. Le 26 août de la même année, dans le Douar Aouaïd, il se porte à l'assaut d'une crête tenue
par de nombreux rebelles bien armés. Son courage et sa ténacité au combat obligent l'ennemi à se replier.
Pour ces faits d'armes, il est cité à l'ordre de la brigade avec attribution de la Croix de la Valeur Militaire.
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En fin d'année, il est muté à la compagnie de garnison n°3 de Strasbourg puis est affecté au 2
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bataillon du 8 Régiment d'Infanterie en Algérie. Début 1962, en application du plan « Cigogne », l'adjudant-
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chef Estan rejoint le camp de Bitche avec son unité. Son bataillon aussitôt dissous, il est affecté à la 406
compagnie du quartier général de Strasbourg. Il prend sa retraite le 10 juin 1964 et se retire à Hangenbieten
dans le Bas-Rhin. Médaillé militaire, cité à six reprises, l'adjudant-chef ESTAN est fait Chevalier dans l'Ordre
de la Légion d'Honneur le 31 décembre 1964. Il s'éteint en 1987.
Audacieux et toujours volontaire, l'adjudant-chef ESTAN laisse le souvenir d'un sous-officier
d'exception et généreux. Meneur d'hommes remarquable au combat, expérimenté et fidèle, il a valeur
d'exemple et de guide auprès des jeunes générations.