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Sergent-chef Claude CADORET


                              laude  CADORET  est  né  le  23  février  1935  à  Verneuil-sur-Avre  dans  le
                        C
                              département de l'Eure. Il s'engage le jour de son dix-huitième anniversaire et
                              intègre  l'école  d'application  du  génie  stationnée  à  Angers.  Jeune  militaire
            audacieux et animé par la rage de vaincre, il suscite dès les premiers instants l'admiration de ses
                                                                er
            camarades. Après avoir été nommé caporal-chef le 1  juillet 1953, il quitte l'école avec le grade de
            sergent en novembre de la même année.
                        Inexorablement attiré par l'action, le 23 septembre 1953 il choisit de servir au sein du
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            13  bataillon du génie aéroporté. L'année suivante, il fait mouvement avec son unité et débarque à
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            Alger  le  21  novembre  1954.  Affecté  à  la  60   compagnie  du  génie  le  1   septembre  1955,  il  se
            distingue très vite en participant, sans interruption, aux opérations de maintien de l'ordre menées
            par son unité et en capturant le groupe F.L.N. de Guyotville. Cité à l'ordre du régiment, il se voit
            attribuer la Croix de la Valeur Militaire avec étoile de bronze.
                        En novembre 1956, en pleine crise de Suez, sa compagnie est déployée en Egypte.
            Malgré le succès des opérations menées, le retour des forces engagées est précipité. Il retrouve
            alors le sol algérien, un mois seulement après l'avoir quitté.

                        Sous-officier  mordant,  il  participe  à  l'ouverture  de  nombreuses  pistes  dans  la  Zone
                                                                                      er
            Nord  Algérois,  secteur  particulièrement  hostile.  Promu  sergent-chef  le  1   juillet  1957,  il  mène
            courageusement le combat contre un adversaire fanatique qui s'aguerrit de jour en jour. Faisant
            preuve en permanence des plus belles qualités militaires, il remplace en septembre 1958 son chef
            de section blessé. Le 9 mars 1959, il permet la capture de nombreux suspects à Melaab. Pour ses
            faits d'arme, il est une nouvelle fois cité à l'ordre du régiment.
                        Chaque jour, dans l'Atlas Blidéen, l'Ouarsenis, le Hedna, la Kabylie et les Aurès, son
            commandant  d'unité  l'apprécie  et  le  juge  «  comme  le  meilleur  sous-officier  de  la  compagnie  ».
            C'est un militaire franc, direct et indulgent pour les autres.

                        Spécialisé depuis janvier 1959 dans les missions extrêmement périlleuses de réduction
            des grottes, il risque sa vie chaque jour, faisant par là-même l'admiration des unités parachutistes
            au  profit  desquelles  il  intervient.  Au  cours  des  opérations  «  ETINCELLE  »  et  «  JUMELLES  »,
            menées en 1959, il occupe la fonction d'adjoint au chef de section « grottes et armes spéciales »
            de la compagnie. Héliporté les 9 et 17 juillet dans le Hodna, puis les 3 et 30 août dans l'Aït Aissa
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            au profit des régiments de la 10  division parachutiste, il intervient efficacement et au mépris de
            tout danger sur des grottes sévèrement défendues. Faisant preuve d'une audace réfléchie, il met
            hors de combat 8 rebelles et récupère leurs armes. Ce coup d'éclat lui vaut d'être cité à l'ordre de
            la brigade.
                        Le 30 avril 1960, il met hors de combat dix-sept rebelles au cours d'un violent combat
            souterrain  dans  la  région  de  Hammam  Mespoutine  (Zone  Est  Constantinois).  Le  11  juin  1960,
            l'histoire rattrape le sergent-chef CADORET. Son commandant d'unité, dans une lettre empreinte
            d'émotion et de fraternité d'arme destinée à la mère de ce sous-officier d'exception, décrit ainsi
            l'ultime mission : « Hier midi, alors que je rentrais avec la compagnie au bivouac, où il était resté
                                                                                                           er
            en alerte « grottes », je l'ai retrouvé piaffant d'impatience en attendant une mission. A 13h30, le 1
            régiment étranger de parachutistes se heurte dans le Massif à l'Ouest de Pasteur (Aurès) à une
            résistance sérieuse dans une grotte très difficile d'accès et fortement protégée. A 13h45, votre fils
            et son équipe sont héliportés sur les lieux du combat. Aussitôt, votre fils Claude prend la direction
            des opérations de réduction, toujours à la tête de ses hommes, comme d'habitude, pour donner
            l'exemple. Il obtient la réduction de cinq rebelles après un labeur de trois heures. Et c'est à ce
            moment  que  d'autres  hors-la-loi  embusqués  dans  la  grotte  se  dévoilent  à  nouveau.  Deux
            chevrotines l'atteignent en pleine tête ». Ce sacrifice lui vaut l'attribution de la Croix de la Valeur
            Militaire avec palme.
                        Médaillé  militaire  à  titre  posthume,  titulaire  de  quatre  citations,  le  sergent-chef
            CADORET nous donne à tous un remarquable exemple de courage et d'abnégation. Sous-officier
            d'élite animé des plus belles vertus, il a toujours donné le meilleur de lui-même au cours de sa
            carrière marquée par cinq années passées en Algérie. Il mérite tout particulièrement d'être cité en
            exemple auprès des jeunes générations.
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