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Adjudant Maurice VERGNE


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                              u  début  des  années  1920,  La  Société  des  Nations  est  créée.  Avec  elle  naît
                              l'espoir  d'une  paix  et  d'une  entente  durable  entre  les  peuples.  C'est  dans  ce
                              contexte que Maurice VERGNE voit le jour, le 30 septembre 1923 à Bassignac
            dans le Cantal. Mais en 1939, quand l'Allemagne nazie mène son offensive sur nos frontières, le
            rêve s'effondre. Maurice VERGNE est trop jeune pour s'enrôler et doit se résoudre à poursuivre
            l'apprentissage de son métier de maroquinier. En 1942, lorsqu'il réussit enfin à s'engager au titre
            du  régiment  d'artillerie  coloniale  marocaine  de  Brive,  la  France  est  déjà  coupée  en  deux,  et  le
            gouvernement  du  maréchal  PETAIN  a  pris  ses  quartiers  à  Vichy.  A  l'automne,  la  situation
            intérieure se dégrade. En novembre 1942, les nazis envahissent la Zone Libre. La France de Vichy
            est démilitarisée et Maurice VERGNE est de ce fait placé en congé de fin d'armistice au début de
            l'année 1943.
                        En août 1944, après le succès des opérations du débarquement alliés en Normandie, il
            reprend le service actif au sein du régiment de marche Corrèze Limousin. Tandis qu'il participe
            vaillamment aux durs combats de la Libération, il est nommé caporal. En janvier 1945, il rejoint le
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            9  régiment de Zouaves où il reçoit, huit mois plus tard, ses galons de sergent. La guerre achevée,
            sa  nouvelle  unité  faisant  partie  des  forces  d'occupation,  il  reste  stationné  quelques  mois  en
            Allemagne.
                        Pendant ce temps, les conclusions de la conférence de YALTA ont conforté la place de
            la France au sein de l'Europe mais c'est à présent sa position en Indochine qui préoccupe. Le
            retrait des troupes japonaises a engendré l'émergence de nationalistes Viet Minh hostiles au retour
            de la colonisation française. Ainsi, le corps expéditionnaire français est créé afin de défendre les
            intérêts  de  la  France  en  Extrême  Orient.  Le  sergent  VERGNE  l'intègre  en  février  1946.  Il
            embarque à Marseille en mai à destination de Saigon pour être muté aux forces du Laos.
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                        Alors que les combats s'intensifient, il est affecté en octobre 1947 au 2  bataillon Thaï.
            Il y exerce à merveille son rôle de chef de groupe. Ainsi, le 28 février 1948 pendant les opérations
            de Bao Ha dans le haut Tonkin, il exécute un raid magistral dans les lignes adverses. Puis, le 16
            mars au dégagement du poste de Coue Dam, il s'élance avec son intrépidité coutumière sur une
            piste truffée de pièges et de petits postes rebelles. Bousculant et terrorisant l'ennemi, il sème la
            panique chez l'adversaire le poussant à se regrouper de l'autre côté du fleuve rouge. Pour ces
            actions d'éclats il est cité à l'ordre de la division.
                        Engagé dans des missions délicates, les 13 et 20 septembre 1948, dans le secteur de
            Lang Thop, il déjoue par d'habiles manœuvres de sérieuses tentatives d'infiltration Viet Minh. Puis
            le 11 octobre, il contribue au succès de la défense du poste de Lang Key, ce qui lui vaut d'être cité
            une  seconde  fois  à  l'ordre  de  la  division.  En  juillet  1948,  Il  est  promu  sergent-chef,  et  obtient
            brillamment son brevet de chef de section d'infanterie coloniale en 1949.

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                        De retour en France en mars 1949, il rejoint le 24  régiment d'infanterie coloniale où il
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            accède au grade d'adjudant. En novembre 1950, il repart pour l'Indochine. Il y rejoint le 6  bataillon
            vietnamien.
                        Le  20  juillet  1952,  à  Don  Luong,  son  groupement  est  attaqué  et  repoussé  par  des
            forces  rebelles  très  supérieures  en  nombre.  Il  se  porte  alors  immédiatement  au  devant  des
            rebelles pour freiner leur progression et permettre ainsi le repli de son unité. Resté seul avec son
            capitaine,  il  est  assailli  de  tous  côtés.  Il  oppose  une  résistance farouche  mais  dans  ce  combat
            inégal à l'issue inéluctable, il est atteint d'une rafale d'arme automatique et tombe mortellement
            blessé. Il repose au cimetière militaire de PHU-LY (Nord Vietnam).

                        Admirable sous-officier, l'adjudant VERGNE a toujours suscité l'admiration de ceux qui
            le  connaissaient.  Modèle  d'énergie,  d'ardeur  et  de  courage,  il  porte  les  plus  nobles  vertus
            militaires. C'est à ce titre que la légion d'honneur et la médaille militaire à titre posthume lui furent
            attribuées rendant ainsi un dernier hommage à ce sous-officier d'exception mort pour la France.

                        L'adjudant VERGNE mérite d'être cité en exemple auprès des jeunes sous-officiers.
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