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Adjudant-chef Jean TRESCASES
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EAN TRESCASES est né le 5 avril 1916 à Amélie-les-Bains-Palade dans les Pyrénées-
Orientales. Doté d'un charisme naturel et d'un sens aigu de la discipline, il s'engage à l'âge
de 18 ans à Perpignan.
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Affecté au 17 Régiment de Tirailleurs Sénégalais, le soldat TRESCASES débarque à Beyrouth
le 4 août 1934 pour rejoindre son unité. Nommé caporal deux ans plus tard, il quitte le Moyen-Orient en
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juillet 1937 pour servir au sein du 42 Bataillon de Mitrailleurs Malgaches stationné à Pamiers dans l'Ariège.
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Promu caporal-chef le 1 septembre 1937 puis sergent 18 mois plus tard, il est volontaire pour
servir en Afrique Occidentale Française. Il arrive à Port Bouet en juin 1939. Il effectue alors des tournées de
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recrutement auprès des tribus autochtones de l'intérieur. Promu sergent-chef le 1 juin 1941, il est affecté à
cette même période au cabinet militaire du gouverneur de Côte d'Ivoire.
De retour en métropole en 1942, marqué par la présence allemande en zone occupée, le
sergent-chef TRESCASES profite d'une permission pour rejoindre la France Libre. Après avoir franchi la
frontière espagnole puis portugaise au cœur de l'hiver, il arrive enfin en Grande Bretagne par aéronef le 10
janvier 1943. Il s'engage alors pour la durée de la guerre dans les Forces Françaises Libres. Recrue de
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choix, il est affecté à l'Ecole des Cadets de la France Libre de Ribbesford. Promu adjudant le 1 juin 1943,
sa solide expérience dans l'armée française d'avant-guerre est un réel atout pour la formation des aspirants.
La guerre arrivant à son terme, l'adjudant TRESCASES retrouve le sol français le 15 avril 1945
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et est affecté au 16 Régiment de Tirailleurs Sénégalais.
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Promu adjudant-chef le 1 février 1946, ce sous-officier chevronné se porte volontaire pour
servir en Extrême-Orient. Il souhaite par là-même prendre sa revanche sur la frustration qu'il a ressentie de
ne pas avoir pu combattre comme il le désirait durant la Seconde Guerre mondiale. Trois jours seulement
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après son mariage, il embarque à Marseille et arrive à Saïgon le 12 février 1946. Il est alors affecté au 22
Régiment d'Infanterie Coloniale. Instructeur émérite, en particulier dans la formation des tireurs au mortier de
81 mm, audacieux, courageux et intrépide, il s'illustre lors du combat de Hoa-Ninh moins de deux semaines
après avoir posé le pied en Cochinchine. Dans la nuit du 14 au 15 août, il inflige des pertes sensibles à une
patrouille rebelle dans la région de Dat-Do, permettant la saisie de documents particulièrement intéressants.
Le 20 avril 1947, au cours d'un engagement avec une forte bande rebelle dans la région de Rach-Dong, il
est sérieusement blessé. Il continue néanmoins à commander sa section et, restant debout sous un feu
violent pour mieux observer et diriger les tirs des armes automatiques, il manœuvre habilement ses hommes
évitant ainsi l'encerclement. Il force l'admiration de ses frères d'arme par son sang-froid et son mépris du
danger.
Au début de l'année 1948, l'adjudant-chef TRESCASES prend le commandement du poste
isolé de Gay-Gao situé dans une zone très dangereuse. En effet, il s'agit de défendre ce site avec un effectif
de quarante marsouins face à des viets qui disposent de plus de mille hommes armés. Audacieux et
infatigable, son excellente connaissance du terrain lui permet d'obtenir malgré tout de nombreux succès.
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Ainsi, le 1 mars, en réaction à l'attaque d'un convoi français, il organise une traque fructueuse et capture
plusieurs prisonniers. Bel exemple d'ardeur combative et de valeur militaire, il s'illustre de nouveau le 16 mai
en contribuant au succès de l'attaque d'un camp rebelle situé dans la région de Binh-Loc.
L'ensemble de ses faits d'armes en Indochine au sein de l'infanterie coloniale lui vaut
l'attribution de la Médaille Militaire pour services de guerre exceptionnels, l'obtention de la Croix de guerre
1939-1945 avec une étoile d'argent et la Croix de guerre des Théâtres d'Opérations Extérieures avec une
palme, une étoile d'argent et trois étoiles de bronze.
Après un séjour de vingt-neuf mois particulièrement intense, il retrouve enfin son épouse en
France en juillet 1948. Le 23 mai 1950, il se porte de nouveau volontaire pour servir en Indochine. Il retrouve
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en juin le 22 Régiment d'Infanterie Coloniale dans lequel il est en charge de l'encadrement des supplétifs.
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Au lendemain de Noël, il est muté au 30 Bataillon de Marche des Tirailleurs Sénégalais. Il fait partie de la
garnison du point d'appui de Bai-Tho et, fidèle à sa réputation, il mène de nombreuses patrouilles offensives
loin du périmètre. Venus en nombre, les adversaires lancent une puissante attaque sur cette position dans la
nuit du 5 avril. Plusieurs assauts successifs sont repoussés et l'adjudant-chef TRESCASES ne cesse de
galvaniser ses hommes par son attitude farouche et résolue. Son capitaine blessé, il le remplace et
commande une défense qui résiste magnifiquement jusqu'au matin. Légèrement blessé au cours de l'action,
ce sous-officier animé des plus belles vertus militaires est une nouvelle fois cité.
Le 21 novembre 1951, en pleine nuit, l'adjudant-chef TRESCASES conduit une embuscade à
proximité du village de Bang-Son où il est mortellement blessé. Son capitaine dira de lui : « il figurait parmi
les plus beaux combattants d'Indochine et la réputation de sa bravoure s'étendait à tout le Tonkin ».
Nommé à titre posthume au grade de Chevalier dans l'Ordre de la Légion d'Honneur, Médaillé
Militaire, titulaire de huit citations, ce chef charismatique a su se montrer digne tout au long de sa carrière
dans la Coloniale. Sous-officier d'exception, l'adjudant-chef TRESCASES mérite tout particulièrement d'être
cité en exemple auprès des jeunes générations.