Page 209 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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                               oger Laffitte-Fitou est né le 22 juillet 1921 à Salies de Béarn. Capitaine de
                               l'équipe de rugby salisienne, il se porte volontaire comme la plupart de ses
                               coéquipiers  pour  préparer  la  revanche  contre  l'Allemagne.  A  l'âge  de  19
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            ans,  il  s'engage  pour  3  ans,  le  1   février  1941,  au  titre  du  41   Bataillon  de  sapeurs
            télégraphistes, en garnison au Maroc.
                        Débarquant à Casablanca cinq jours plus tard pour rejoindre son unité, le jeune
            Laffitte-Fitou va sillonner l'Afrique du Nord au gré des opérations qui le feront intervenir au
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            Maroc, en Tunisie et en Algérie. Nommé 1  classe puis caporal au cours de l'année 1941, il
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            est muté au 7  Régiment de tirailleurs marocains à la fin du mois de décembre 1942. Chef
            d'équipe  de  transmissions,  il  obtient  ses  galons  de  caporal-chef  le  26  janvier  1943  avant
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            d'être nommé sergent à compter du 1  mai de la même année. Toujours volontaire pour des
            missions difficiles et dangereuses, il s'illustre tout particulièrement en Tunisie entre le 4 et le
            11 mai,  n'hésitant pas  à agir  de nuit  au milieu des  champs  de mines. Sa  bravoure et  son
            courage lui valent d'être cité à l'ordre de la brigade et d'obtenir la Croix de guerre 1939-1945
            avec étoile de bronze.

                        Attiré par les missions de type commando, Laffitte-Fitou choisit de servir au sein du
            Bureau Central de Renseignement et d'Action. Il quitte Alger en décembre 1943 et débarque
                                                                          e
            à Liverpool le 4 janvier 1944. Affecté le 26 janvier au 4  Bataillon d'infanterie de l'air, il se
            réengage  pour  la  durée  de  la  guerre  et  suit  l'entraînement  des  commandos  Special  Air
            Service  en  Ecosse  et  en  Angleterre.  Seul  para  du  bataillon  à  porter  le  béret  à  droite,  car
            disait-il « c'est ainsi qu'on l'ajuste en Béarn », son caractère énergique et sa grande témérité
            lui vaudront de se faire surnommer « le lion » par ses camarades.
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                        Avec son unité, désormais connue sous l'appellation de « 4  SAS », il est enfin
            parachuté  sur  le  sol  de  la  mère  patrie,  en  Bretagne,  dans  la  nuit  du  17  au  18  juin  1944.
            Largué depuis un bombardier Halifax avec sa jeep baptisée « Le Forban » dans le stick du
            sous-lieutenant Roger de la Grandière, il prend part dès l'aube aux combats meurtriers du
            maquis de Saint Marcel. Rapidement, il rejoint le groupe des sous-lieutenants de Camaret et
            Cochin et participe à de très nombreux sabotages et coups de main dans le sud du Morbihan.
            Après la jonction avec les Américains, il effectue des reconnaissances offensives et contribue
            notamment à la capture de plusieurs dizaines de soldats allemands à La Roche Bernard et à
            Erdeven durant le mois d'août. Précédant l'arrivée du général Leclerc à Paris le 24 août avec
            un détachement de SAS, il reprend ses reconnaissances en avant des troupes alliées sitôt la
            capitale libérée. Le 8 septembre, il joue un rôle déterminant dans la reddition de près de 2
            500 Allemands à Saint Pierre le Moutier près de Nevers. Pour ses exploits au cours de la
            Libération, il reçoit la Médaille militaire et, plusieurs fois cité à l'ordre de l'armée aérienne, il
            accroche trois palmes à sa Croix de guerre.
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                        Par  la  suite,  il  participe  à  la  terrible  campagne  de  Belgique  avec  la  17   division
            aéroportée américaine. A Bastogne, le 27 décembre, au cours d'un repli exécuté par un froid
            glacial,  il  sauve  la  vie  d'un  compagnon  grièvement  blessé  à  la  jambe  en  parvenant  à  le
            secourir sous le feu nourri des soldats allemands. Dans les Ardennes, le 5 janvier 1945, il est
            blessé en attaquant à la grenade un blindé allemand ; mais il refuse de se faire évacuer, et il
            poursuit le combat. Il se distingue une nouvelle fois le 19 janvier en libérant avec sa patrouille
            les localités de Steinbach et Limerle. Trois mois plus tard, il s'illustre à nouveau en Hollande
            en contribuant à installer une tête de pont à l'Est de Schoonord le 7 avril, puis le 10 avril à
            Schoonlo,  en  permettant  à  son  groupe  de  décrocher  devant  un  ennemi  bien  supérieur  en
            nombre. Ces actes de courage et de sang froid lui vaudront deux nouvelles palmes sur sa
            Croix de guerre.
                        La guerre achevée et le devoir accompli, le sergent Laffitte-Fitou est démobilisé le
            6 septembre 1945. Il regagne alors son Béarn natal où il reprend son activité de charpentier-
            couvreur  et  fonde  une  famille  avant  de  s'éteindre  le  22  août  2003.  Officier  de  la  Légion
            d'honneur,  médaillé  militaire,  titulaire  de  la  Croix  de  guerre  1939-1945  et  de  nombreuses
            autres décorations, il a servi sa patrie avec une abnégation totale et souvent au péril de sa
            vie. Combattant parachutiste légendaire et chef de commando hors pair, il inscrit désormais
            son  nom  dans  l'histoire  militaire  de  la  France  et  offre  un  magnifique  exemple  aux  jeunes
            générations.
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