Page 165 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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                               la  suite  du  débarquement  allié  en  Normandie  le  6  juin  1944,  des  troupes
                              françaises  vont  enfin  pouvoir  porter  la  lutte  sur  le  sol  de  la  métropole  :  le  1
                              août,  la  2   D.B.  débarque  à  son  tour,  à  Utah  Beach.  Le  9,  l'unité  du  général
            Leclerc arrive au Mans, puis livre bataille dans la région de Mortain-Falaise. Le 12, elle entre dans
            Alençon. Le 19, à l'appel du chef des FFI de la région parisienne, Rol-Tanguy, Paris se soulève
            contre l'occupant. Toutefois, la capitale constitue plus un enjeu national pour les Français qu'un
            objectif  opérationnel  pour  les  alliés.  Après  quelques  réticences,  les  Américains  laissent  carte
            blanche  au  général  Leclerc  pour  foncer  au  secours  des  résistants  parisiens.  Le  24,  Paris  est
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            libérée. La 2  DB poursuit ensuite sa progression : le 8 septembre, elle se porte sur Troyes, le 21,
            elle  franchit  la  Moselle,  et  le  23  novembre,  elle  libère  Strasbourg,  réalisant  ainsi  le  serment  de
            Koufra.

                        Simultanément, le 15 août, un débarquement franco-américain a lieu en Provence :
            c'est  l'opération  «  Dragoon  ».  Sa  réussite  tient  notamment  aux  renseignements  fournis  par  la
            Résistance  sur  les  défenses  ennemies,  ainsi  qu'aux  actions  de  sabotage.  Le  16,  l'Armée  B  du
            général  de  Lattre  de  Tassigny,  soit  plus  de  250  000  hommes,  débarque  dans  les  baies  de
            Cavalaire  et  de  Saint-Tropez.  Cette  armée  est  composée  du  corps  expéditionnaire  français
            engagé dans la campagne d'Italie renforcé de troupes venant directement d'Afrique du Nord. Sa
            mission  est  d'exploiter  les  premiers  succès  alliés.  Les  combats  sont  durs,  les  Allemands  ayant
            reçu l'ordre de tenir jusqu'au dernier homme. Mais grâce à la détermination des soldats français et
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            à l'aide des FFI, la 1  DFL libère Toulon le 27 août et la 3  DIA libère Marseille le lendemain, et ce
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            alors dans la vallée du Rhône. Le 8 septembre, l'Armée B et la 2  DB font leur jonction à Nod-sur-
            Seine, en Bourgogne. Peu après, le 19 septembre, en reconnaissance de leur contribution à la
            libération du territoire national, 140 000 FFI, dont les combattants des maquis du Vercors et des
            Glières après leur résistance héroïque face à l'occupant, sont intégrés dans l'armée du général de
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            Lattre  qui  devient  la  1   Armée  française.  Celle-ci  se  regroupe  face  à  la  trouée  de  Belfort  qui
            commande l'entrée de la plaine d'Alsace.

                        Mais la résistance allemande se durcit à l'approche du Jura et des Vosges. Durant tout
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            le mois d'octobre et une partie de novembre, la 1  Armée française, au sein du 6  groupe d'armée
            américain,  piétine.  Alors  que  l'hiver  s'installe,  une  seule  issue  dans  cette  situation  statique  :  la
            trouée  de  Belfort.  Le  17  novembre,  une  partie  du  dispositif  allemand  est  enfoncée  :  Héricourt,
            Montbéliard,  Abbevillers  sont  libérés.  Le  26  novembre,  les  Français  atteignent  le  Rhin.  En
            souvenir, de Lattre rebaptisera plus tard son armée « Rhin et Danube ». Il pousse son avantage
            et  reconquiert  Belfort  au  prix  de  lourdes  pertes,  tandis  que  d'autres  unités  libèrent  Metz  et
            Mulhouse. Le 7 décembre, c'est le début de l'offensive française contre la poche de Colmar, c'est-
            à-dire tout ce qui reste en Alsace du Sud de la présence ennemie. Mais, en raison de la priorité
            accordée à l'arrêt de l'offensive allemande des Ardennes, l'attaque française est suspendue. A la
            fin de l'année 1944, Strasbourg, qui vient d'être mise à la disposition des troupes de Lattre, est à
            nouveau menacée par la Wermacht. La bataille d'Alsace s'achève victorieusement à la fin du mois
            de janvier 1945.

                        Les  sous-officiers  de  cette  nouvelle  armée  française,  toujours  au  cœur  de  l'action,
            mènent  leurs  hommes  parfois  à  peine  entraînés  avec  une  énergie  qui  force  l'admiration.
            Parachutés sur les arrières de l'ennemi ou débarqués sur les plages, combattant à pied ou avec
            leurs blindés, sous leurs ordres, ces hommes reprennent rue après rue les grandes villes et leurs
            faubourgs.  Haie  après  haie,  ils  reconquièrent  les  campagnes.  En  toutes  circonstances,  ils  font
            preuve du plus grand courage et du plus total dévouement dans cette mission sacrée qu'est la
            Libération de la France.

                        Partout  où  ils  passent,  «  Honneurs  aux  vainqueurs  »,  la  population  les  accueille
            comme des héros de légende, oubliant momentanément toute la souffrance endurée durant ces
            longues  années  d'occupation.  Près  de  soixante  ans  après  la  fin  de  ce  conflit  particulièrement
            meurtrier, il importe de se souvenir du sacrifice de nos anciens, tués au feu ou blessés dans leur
            âme et dans leur chair, qui se sont battus pour nous offrir la liberté et redonner à la France sa
            fierté retrouvée.
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