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d'un combat inégal. Mais tout n'est pas perdu. Le lendemain, une voix sort de l'ombre, et lance un appel pathétique.
            Elie CONSTANCE aura 18 ans dans 2 jours. Il va répondre à cet appel.

                  Le 7 février 1941 il se présente à Marseille et contracte son premier engagement au titre du 2° Régiment de
                                                                                                           er
            Chasseurs d'Afrique. Il y apprend le métier des armes et se montre une recrue très brillante. Nommé brigadier le 1
            avril 1942, il sera instructeur à son tour. Il ne ménage pas ses efforts et franchit rapidement les échelons; nommé
                                                                    er
            brigadier-chef  le  1° janvier  1943, il  est  maréchal  des  logis  le  1   avril  de  la  même  année  et  passe  aux  Forces
            Françaises Libres, le 15 juin.
                  Là-bas au Afrique du Nord, on sait que le dénouement est proche. Il rejoint alors le 12° Cuirassiers, le 28
            avril 1944. Hélas pour lui, son Régiment ne part pas tout de suite. Le 12 juin, il est affecté à la 2° D. B. qui vient
            d'être créée. Dans la nuit du 31 juillet au 1° août, il embarque à Southampon, et débarque en Normandie pour
            foncer  sur  Sainte-Mère-l’Eglise  le  1er  août  au  matin.  Avranches  est  tombée  la  veille  au  cours  d'un  formidable
            combat.
                  L'ennemi recule, on approche de Paris, dont la Libération est confiée à Leclerc. C'est un véritable triomphe
            qui attend nos héros dans la capitale libéré le 25.
                                                                                                    er
                  C'est en Allemagne que le maréchal des logis CONSTANCE sera nommé maréchal des logis-chef le 1  janvier
                         °
            1945. Avec la 2  D. B., il assistera à la reddition de Berlin le 1° mai et à la capitulation du Reich le 8 mai. Il se voit
            attribuer  la  Croix  de  Guerre  39-45 avec  étoile  de  bronze  et  la  Médaille  commémorative  de  la  guerre  39-45 avec
            barrette « France Libération, Allemagne ».
            La paix est revenue en Europe, mais un nouveau foyer d'agitation couve dans le Sud-est.
                  La  place de  notre  héros  est  là-bas et  le 21 février 1946, il  est affecté  au 6° Bataillon  de  Choc d'Extrême-
                                                                             er
            Orient  et  se dirige  vers  Marseille.  Il arrive à Saigon  le 28 avril 1946. Le 1  octobre,  le  maréchal  des  logis-chef
            CONSTANCE est nommé adjudant, peu après avoir eu ses 24 ans.
                  Hélas, la situation se dégrade rapidement, les accrochages se multiplient entre troupes françaises et unités
            Viet-Minhs. La tension monte et le 19 décembre à 20 heures, Hanoi se soulève.
                  La vraie guerre d'Indochine vient de commencer. En Cochinchine, le Régiment de l'adjudant CONSTANCE
            est violemment accroché à plusieurs reprises et subit des perles notamment dans le secteur de Nha-Trang.
                  Puis  l'adjudant  Constance  participe  activement  à toutes  les  opérations  de  nettoyage,  de  ratissage  et  de
            pacification de la Plaine-des-Joncs.
                  Le 14 juillet 1948, il reçoit la Croix de Guerre des théâtres d'opérations extérieures avec étoile de bronze
            avant de défiler dans Saigon avec son régiment.

            Il sera nommé adjudant-chef le 1° octobre de la même année, il a tout juste 26 ans.
                  A l'issue de son congé de fin de campagne, il se porte volontaire pour effectuer un nouveau séjour en Extrême-
            Orient et retrouve Saigon le 20 février 1950.
                  Le conflit qui s'était quelque peu stabilisé a changé de dimension : les grenades explosent partout. Les postes
            de la périphérie sont harcelés chaque nuit. Des personnalités vietnamiennes et françaises sont tuées dans la rue,
            dans  leur  voiture,  dans  leur  villa.  Tout  le  Saigon  Vietnamien  se  sent  une  âme  de  Viêt-minh.  La  République  va
            chercher  un  homme  miracle  et  ce  sera  le  général  de  Lattre  de  Tassigny  qui,  après  une  rapide  prise  en  main,
            réorganisera  le  dispositif  et  remportera  de  suite  un  brillant  succès  :  la  bataille  du  Day.  L'adjudant-chef
            CONSTANCE aura la chance de vivre cette période d'espoir avant que son second séjour ne s'achève en juillet 1952.

                  Il retrouve alors le 12° Régiment de cuirassiers qu'il opte pour une carrière administrative où il va une fois
            de plus faire la preuve de ses qualités exceptionnelles. Peu après avoir reçu la plus belle récompense pour un sous-
            officier (la Médaille militaire), il répond de nouveau présent et rejoint fin 1957 le 13° R.D.P. stationné en grande
            Kabylie. Le secteur du 13° R. D. P. est un point chaud et l'activité y est intense. Le 11 juin 1958, il se voit confier la
            mission de tendre une embuscade pour la tombée de la nuit à quelques centaines de mètres au sud du campement.
            En arrivant à la hauteur des barbelés situés à proximité de l'Ecole professionnelle, la patrouille tomba alors dans
            une  embuscade  où  l'adjudant-chef  CONSTANCE  est  blessé.  Une  patrouille  envoyée  en  renfort  donna  les  premiers
            soins  à l'adjudant-chef  CONSTANCE  qui,  grièvement  blessé,  fut  évacué  sur  l'hôpital  de  Tizi-Ouzou.  Cinq  jours
            après,  le 16 juin  le  lieutenant-colonel  Pottier,  Chef  de  Corps  du 13° R.D.P. épinglait  sur  sa  poitrine  l'insigne de
            Chevalier dans l'Ordre National de la Légion d'honneur, nomination accompagnée de l'attribution de la Croix de la
            Valeur Militaire avec Palme et d'une Citation à l'Ordre de l'Armée. Mais notre Héros ne devait pas survivre à ses
            cruelles blessures. Il nous quittait le 19 juin 1958, la veille de ses 36 ans.
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