Page 156 - Recueil Pro Patria 1 à 150
P. 156
d'un combat inégal. Mais tout n'est pas perdu. Le lendemain, une voix sort de l'ombre, et lance un appel pathétique.
Elie CONSTANCE aura 18 ans dans 2 jours. Il va répondre à cet appel.
Le 7 février 1941 il se présente à Marseille et contracte son premier engagement au titre du 2° Régiment de
er
Chasseurs d'Afrique. Il y apprend le métier des armes et se montre une recrue très brillante. Nommé brigadier le 1
avril 1942, il sera instructeur à son tour. Il ne ménage pas ses efforts et franchit rapidement les échelons; nommé
er
brigadier-chef le 1° janvier 1943, il est maréchal des logis le 1 avril de la même année et passe aux Forces
Françaises Libres, le 15 juin.
Là-bas au Afrique du Nord, on sait que le dénouement est proche. Il rejoint alors le 12° Cuirassiers, le 28
avril 1944. Hélas pour lui, son Régiment ne part pas tout de suite. Le 12 juin, il est affecté à la 2° D. B. qui vient
d'être créée. Dans la nuit du 31 juillet au 1° août, il embarque à Southampon, et débarque en Normandie pour
foncer sur Sainte-Mère-l’Eglise le 1er août au matin. Avranches est tombée la veille au cours d'un formidable
combat.
L'ennemi recule, on approche de Paris, dont la Libération est confiée à Leclerc. C'est un véritable triomphe
qui attend nos héros dans la capitale libéré le 25.
er
C'est en Allemagne que le maréchal des logis CONSTANCE sera nommé maréchal des logis-chef le 1 janvier
°
1945. Avec la 2 D. B., il assistera à la reddition de Berlin le 1° mai et à la capitulation du Reich le 8 mai. Il se voit
attribuer la Croix de Guerre 39-45 avec étoile de bronze et la Médaille commémorative de la guerre 39-45 avec
barrette « France Libération, Allemagne ».
La paix est revenue en Europe, mais un nouveau foyer d'agitation couve dans le Sud-est.
La place de notre héros est là-bas et le 21 février 1946, il est affecté au 6° Bataillon de Choc d'Extrême-
er
Orient et se dirige vers Marseille. Il arrive à Saigon le 28 avril 1946. Le 1 octobre, le maréchal des logis-chef
CONSTANCE est nommé adjudant, peu après avoir eu ses 24 ans.
Hélas, la situation se dégrade rapidement, les accrochages se multiplient entre troupes françaises et unités
Viet-Minhs. La tension monte et le 19 décembre à 20 heures, Hanoi se soulève.
La vraie guerre d'Indochine vient de commencer. En Cochinchine, le Régiment de l'adjudant CONSTANCE
est violemment accroché à plusieurs reprises et subit des perles notamment dans le secteur de Nha-Trang.
Puis l'adjudant Constance participe activement à toutes les opérations de nettoyage, de ratissage et de
pacification de la Plaine-des-Joncs.
Le 14 juillet 1948, il reçoit la Croix de Guerre des théâtres d'opérations extérieures avec étoile de bronze
avant de défiler dans Saigon avec son régiment.
Il sera nommé adjudant-chef le 1° octobre de la même année, il a tout juste 26 ans.
A l'issue de son congé de fin de campagne, il se porte volontaire pour effectuer un nouveau séjour en Extrême-
Orient et retrouve Saigon le 20 février 1950.
Le conflit qui s'était quelque peu stabilisé a changé de dimension : les grenades explosent partout. Les postes
de la périphérie sont harcelés chaque nuit. Des personnalités vietnamiennes et françaises sont tuées dans la rue,
dans leur voiture, dans leur villa. Tout le Saigon Vietnamien se sent une âme de Viêt-minh. La République va
chercher un homme miracle et ce sera le général de Lattre de Tassigny qui, après une rapide prise en main,
réorganisera le dispositif et remportera de suite un brillant succès : la bataille du Day. L'adjudant-chef
CONSTANCE aura la chance de vivre cette période d'espoir avant que son second séjour ne s'achève en juillet 1952.
Il retrouve alors le 12° Régiment de cuirassiers qu'il opte pour une carrière administrative où il va une fois
de plus faire la preuve de ses qualités exceptionnelles. Peu après avoir reçu la plus belle récompense pour un sous-
officier (la Médaille militaire), il répond de nouveau présent et rejoint fin 1957 le 13° R.D.P. stationné en grande
Kabylie. Le secteur du 13° R. D. P. est un point chaud et l'activité y est intense. Le 11 juin 1958, il se voit confier la
mission de tendre une embuscade pour la tombée de la nuit à quelques centaines de mètres au sud du campement.
En arrivant à la hauteur des barbelés situés à proximité de l'Ecole professionnelle, la patrouille tomba alors dans
une embuscade où l'adjudant-chef CONSTANCE est blessé. Une patrouille envoyée en renfort donna les premiers
soins à l'adjudant-chef CONSTANCE qui, grièvement blessé, fut évacué sur l'hôpital de Tizi-Ouzou. Cinq jours
après, le 16 juin le lieutenant-colonel Pottier, Chef de Corps du 13° R.D.P. épinglait sur sa poitrine l'insigne de
Chevalier dans l'Ordre National de la Légion d'honneur, nomination accompagnée de l'attribution de la Croix de la
Valeur Militaire avec Palme et d'une Citation à l'Ordre de l'Armée. Mais notre Héros ne devait pas survivre à ses
cruelles blessures. Il nous quittait le 19 juin 1958, la veille de ses 36 ans.