Page 235 - Recueil Pro Patria 151 à 300
P. 235

Adjudant-chef Jean TRESCASES

                        J
                            EAN  TRESCASES  est  né  le  5  avril  1916  à  Amélie-les-Bains-Palade  dans  les  Pyrénées-
                            Orientales. Doté d'un charisme naturel et d'un sens aigu de la discipline, il s'engage à l'âge
                            de 18 ans à Perpignan.
                                    e
                        Affecté au 17  Régiment de Tirailleurs Sénégalais, le soldat TRESCASES débarque à Beyrouth
            le 4 août 1934 pour rejoindre son unité. Nommé caporal deux ans plus tard, il quitte le Moyen-Orient en
                                            e
            juillet 1937 pour servir au sein du 42  Bataillon de Mitrailleurs Malgaches stationné à Pamiers dans l'Ariège.
                                             er
                        Promu caporal-chef le 1  septembre 1937 puis sergent 18 mois plus tard, il est volontaire pour
            servir en Afrique Occidentale Française. Il arrive à Port Bouet en juin 1939. Il effectue alors des tournées de
                                                                                     er
            recrutement auprès des tribus autochtones de l'intérieur. Promu sergent-chef le 1  juin 1941, il est affecté à
            cette même période au cabinet militaire du gouverneur de Côte d'Ivoire.
                        De  retour  en  métropole  en  1942,  marqué  par  la  présence  allemande  en  zone  occupée,  le
            sergent-chef  TRESCASES  profite  d'une  permission  pour  rejoindre  la  France  Libre.  Après  avoir  franchi  la
            frontière espagnole puis portugaise au cœur de l'hiver, il arrive enfin en Grande Bretagne par aéronef le 10
            janvier 1943. Il s'engage  alors pour la durée de  la  guerre dans les Forces Françaises Libres. Recrue de
                                                                                                  er
            choix, il est affecté à l'Ecole des Cadets de la France Libre de Ribbesford. Promu adjudant le 1  juin 1943,
            sa solide expérience dans l'armée française d'avant-guerre est un réel atout pour la formation des aspirants.
                        La guerre arrivant à son terme, l'adjudant TRESCASES retrouve le sol français le 15 avril 1945
                             e
            et est affecté au 16  Régiment de Tirailleurs Sénégalais.
                                               er
                        Promu  adjudant-chef  le  1   février  1946,  ce  sous-officier  chevronné  se  porte  volontaire  pour
            servir en Extrême-Orient. Il souhaite par là-même prendre sa revanche sur la frustration qu'il a ressentie de
            ne pas avoir pu combattre comme il le désirait durant la Seconde Guerre mondiale. Trois jours seulement
                                                                                                            e
            après son mariage, il embarque à Marseille et arrive à Saïgon le 12 février 1946. Il est alors affecté au 22
            Régiment d'Infanterie Coloniale. Instructeur émérite, en particulier dans la formation des tireurs au mortier de
            81 mm, audacieux, courageux et intrépide, il s'illustre lors du combat de Hoa-Ninh moins de deux semaines
            après avoir posé le pied en Cochinchine. Dans la nuit du 14 au 15 août, il inflige des pertes sensibles à une
            patrouille rebelle dans la région de Dat-Do, permettant la saisie de documents particulièrement intéressants.
            Le 20 avril 1947, au cours d'un engagement avec une forte bande rebelle dans la région de Rach-Dong, il
            est  sérieusement  blessé.  Il  continue  néanmoins  à  commander  sa  section  et,  restant  debout  sous  un  feu
            violent pour mieux observer et diriger les tirs des armes automatiques, il manœuvre habilement ses hommes
            évitant ainsi l'encerclement. Il force l'admiration de ses frères d'arme par son sang-froid et son mépris du
            danger.
                        Au  début  de  l'année  1948,  l'adjudant-chef  TRESCASES  prend  le  commandement  du  poste
            isolé de Gay-Gao situé dans une zone très dangereuse. En effet, il s'agit de défendre ce site avec un effectif
            de  quarante  marsouins  face  à  des  viets  qui  disposent  de  plus  de  mille  hommes  armés.  Audacieux  et
            infatigable,  son  excellente  connaissance  du  terrain  lui  permet  d'obtenir  malgré  tout  de  nombreux  succès.
                     er
            Ainsi, le 1  mars, en réaction à l'attaque d'un convoi français, il organise une traque fructueuse et capture
            plusieurs prisonniers. Bel exemple d'ardeur combative et de valeur militaire, il s'illustre de nouveau le 16 mai
            en contribuant au succès de l'attaque d'un camp rebelle situé dans la région de Binh-Loc.
                        L'ensemble  de  ses  faits  d'armes  en  Indochine  au  sein  de  l'infanterie  coloniale  lui  vaut
            l'attribution de la Médaille Militaire pour services de guerre exceptionnels, l'obtention de la Croix de guerre
            1939-1945 avec une étoile d'argent et la Croix de guerre des Théâtres d'Opérations Extérieures avec une
            palme, une étoile d'argent et trois étoiles de bronze.
                        Après  un  séjour  de  vingt-neuf mois  particulièrement  intense,  il  retrouve  enfin  son  épouse  en
            France en juillet 1948. Le 23 mai 1950, il se porte de nouveau volontaire pour servir en Indochine. Il retrouve
                        e
            en juin le 22  Régiment d'Infanterie Coloniale dans lequel il est en charge de l'encadrement des supplétifs.
                                                 e
            Au lendemain de Noël, il est muté au 30  Bataillon de Marche des Tirailleurs Sénégalais. Il fait partie de la
            garnison du point d'appui de Bai-Tho et, fidèle à sa réputation, il mène de nombreuses patrouilles offensives
            loin du périmètre. Venus en nombre, les adversaires lancent une puissante attaque sur cette position dans la
            nuit du 5 avril.  Plusieurs assauts successifs sont repoussés et  l'adjudant-chef  TRESCASES ne cesse de
            galvaniser  ses  hommes  par  son  attitude  farouche  et  résolue.  Son  capitaine  blessé,  il  le  remplace  et
            commande une défense qui résiste magnifiquement jusqu'au matin. Légèrement blessé au cours de l'action,
            ce sous-officier animé des plus belles vertus militaires est une nouvelle fois cité.
                        Le 21 novembre 1951, en pleine nuit, l'adjudant-chef TRESCASES conduit une embuscade à
            proximité du village de Bang-Son où il est mortellement blessé. Son capitaine dira de lui : « il figurait parmi
            les plus beaux combattants d'Indochine et la réputation de sa bravoure s'étendait à tout le Tonkin ».
                        Nommé à titre posthume au grade de Chevalier dans l'Ordre de la Légion d'Honneur, Médaillé
            Militaire, titulaire de huit citations, ce chef charismatique a su se montrer digne tout au long de sa carrière
            dans la Coloniale. Sous-officier d'exception, l'adjudant-chef TRESCASES mérite tout particulièrement d'être
            cité en exemple auprès des jeunes générations.
   230   231   232   233   234   235   236   237   238   239   240